Cécile Estival est anthropologue. Cet ouvrage est une version remaniée de sa thèse de doctorat effectuée sous la direction Sylvie Fainzang et menée à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales entre 2004 et 2008.
C'est en soulignant l'originalité de son objet d'étude : celle d'une profession relativement méconnue - manipulateur en radiologie - que l'auteur ouvre son livre, justifiant ensuite l'apport anthropologique de son travail.
Après avoir posé sa problématique, dont elle fixe précisément les termes, savoir « en quoi l'utilisation de l'imagerie médicale constitue une médiation instrumentale entre les différents protagonistes de la relation thérapeutique, ayant des incidences sur leurs interactions, sur la perception du corps et de la maladie » (p. 14), Cécile Estival expose le plan, en deux parties, de son étude. La première analyse les interactions soignant-soigné et la manière dont les machines d'imagerie médicale interviennent en leur sein. La seconde traite de la visualisation et de la perception du corps imagé par les patients ainsi que de leur intérêt (ou non) vis-à-vis de ces clichés.
L'auteur nous présente ensuite le terrain sur lequel elle a effectué sa recherche, à savoir un centre de cancérologie, nous rapporte les spécificités de celui-ci ainsi que les modalités de récolte de données (entretiens avec des professionnels de la santé, mais également et surtout des patients) et d'enquête qu'elle mit en oeuvre. Elle continue en nous précisant sa position durant l'enquête (feignant le vague statut de stagiaire) ainsi que les implications éthique et comportementale que cette position suscita auprès des enquêtés. Puis, elle expose, sur les plans de l'organisation spatiale et temporelle, des interactions entre acteurs en présence, des techniques employées ainsi que des tâches effectuées, les différents services (radiodiagnostic, radiologie interventionnelle et médecine nucléaire) où elle investigua, ainsi que leurs convergences et divergences.
Cette présentation permet de mettre en lumière la diversité des tâches réalisées par les manipulateurs en radiologie. Celle-ci explique alors la différence de rapport au corps malade qu'ils entretiennent et donc, par là même, les différentes perceptions et représentations qu'ils en ont, objet d'analyse de la première partie (...)
[...] Pour d'autres examens, tels les unités de scanner et d'IRM ou bien encore la médecine nucléaire, la communication entre soignant et soigné est médiée par la technologie (microphone). Il en résulte des interactions largement limitées et spatialement éloignées. Cécile Estival s'intéresse ensuite à la question du rapport au corps, et plus particulièrement aux seins, constitutifs de l'identité féminine. Leur dévoilement (ou non) est fonction des différents temps de l'examen. Ainsi, la pudeur, plutôt de mise avant la prise du cliché, s'estompe progressivement à sa suite, notamment par le biais de discussions avec le soignant. [...]
[...] Fiche de lecture sur Cécile Estival, Corps, imagerie médicale et relation soignant-soigné. Étude anthropologique en centre de cancérologie, Paris, Seli Arslan Présentation et introduction Cécile Estival est anthropologue. Cet ouvrage est une version remaniée de sa thèse de doctorat effectuée sous la direction Sylvie Fainzang et menée à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales entre 2004 et 2008. C'est en soulignant l'originalité de son objet d'étude : celle d'une profession relativement méconnue manipulateur en radiologie que l'auteur ouvre son livre, justifiant ensuite l'apport anthropologique de son travail. [...]
[...] L'opposition corps interne/corps externe se manifeste de deux manières. D'une part, à travers la préférence, énoncée par les femmes, d'avoir eu un cancer du sein plutôt qu'un autre cancer ou d'avoir eu ce cancer à la place du leur. D'autre part, dans la perception différente du corps qu'induit l'ablation d'un organe interne ou extérieurement visible. Dans le premiers cas, cette perception est altérée. En revanche, le cancer est considéré plus grave par les patients. Dans le second cas, la possibilité de palper la maladie induit un moindre désir de visualiser ses clichés, ce qui s'inverse lorsque ce sens ne peut être mobilisé. [...]
[...] Mais cette gêne peut tout aussi bien être inversée lorsqu'elle est ressentie par ces derniers, moment de dualité où leur corps et sa non-maîtrise réapparait à la conscience. Les fluides corporels permettent également de reconnaître certaines pathologies l'auteur parle notamment des cancers ORL. Aussi, pour ce type de maladie, la bouche, dans la mesure où elle produit de excrétions, revêt une dimension, non seulement de dégoût, mais également et surtout sociale et symbolique : elle donne à voir l'état de santé de l'individu en tant que trou du corps exposé Toutefois, et bien qu'elles provoquent une gêne ou un dégoût, les fonctions naturelles de l'organisme perdent leur dimension vulgaire au sein de l'hôpital et du contexte de la maladie. [...]
[...] Cécile Estival décrit ensuite les spécificités ainsi que les implications de la radiologie interventionnelle. Celle-ci a non seulement une visée diagnostique, mais aussi une visée thérapeutique guidée par l'image. La relation et le regard que portent manipulateurs en radiologie et radiologues sur le corps du patient dans ce service diffèrent. Pour les premiers, le contact y occupe une dimension principale. La technicisation du corps et sa dimension imagée s'effacent au profit de sa dimension physique. Pour les seconds, chaque dimension doit s'apparenter à l'autre. [...]
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