Le camp est vécu par les Palestiniens comme le support spatial de la mémoire palestinienne, et c'est un lieu d'attente, un lieu transitoire où l'idée de la Palestine demeure vivante et très présente. Le camp est donc également le support spatial de la préparation au retour.
Le passé des Palestiniens en exil est très présent dans leur esprit, et son support spatial devient le camp de réfugiés, qui en est imprégné, et qui permet donc de « faire resurgir le passé dans le présent, en donnant l'impression que le passé n'est pas altéré par le temps » du fait qu'il a trouvé un espace dans lequel s'inscrire. Ainsi, « le lieu de vie actuel est investi du territoire d'origine », permettant à la fois la continuité de l'identité et l'affirmation d'une identité nouvelle.
C'est cette mémoire palestinienne, entretenue et perpétuée dans les camps qui permet à la Palestine de continuer de vivre au-delà de ses frontières, au sein des communautés exilées. L'auteur nous dit par ailleurs que s'intéresser à cette mémoire est d'une grande importance en raison du fait que c'est elle qui « détermine des pratiques sociales liées au respect de la tradition », cette tradition consistant en une « réinterprétation du passé », adaptée à l'environnement dans lequel vivent ces réfugiés au quotidien.
[...] Tous veulent retourner vers leur terre sacrée, c'est-à-dire annuler l'exil qu'ils ont eu à faire. Une transmission de la mémoire parfaitement réussie - L'auteur nous fait part de son étonnement lorsqu'il entend des enfants de la troisième génération d'exilés, c'est-à-dire des jeunes qui n'ont connu que les camps, donner le nom du village de leurs grands parents lorsqu'on leur demande d'où ils viennent, alors même qu'ils n'ont, pour la plupart, jamais connu ces villages, et que ces derniers ont, pour certains en tout cas, été rasés depuis longtemps. [...]
[...] Ce Sahara libre que veulent retrouver les Sahraouis n'a donc jamais véritablement existé. . mais un patriotisme bien réel - Le patriotisme, nous dit l'auteur, est exprimé de deux manières : à travers le souvenir de la guerre, de la fuite et le culte des martyrs d'une part, et à travers le souvenir de la vie au Sahara occidental d'autre part. - Tout est fait également pour insuffler ce sens du patriotisme aux nouvelles générations, souvent en idéalisant le Sahara occidental : le patriotisme est appris à l'école, présent dans les fêtes nationales fédératrices, est stigmatisé sur le drapeau etc. [...]
[...] Sahraouis Une transmission plus difficile - D'après les textes, les nouvelles générations de Sahraouies, celles qui n'ont connu que les camps, se définissent davantage comme réfugiées que comme Sahraouies. Pourquoi ? - Les nouvelles générations sont moins attachées à l'idéal révolutionnaire qui anime leurs parents (autre cause : les étudiants sahraouis étant partis à l'étranger ; les jeunes restés dans les camps tombent dans la désillusion provoquée par leurs conditions de vie au quotidien et la perte d'espoir en l'avenir : délinquance). - Les Sahraouis semblent n'avoir pris conscience de leur unité nationale qu'après l'exil, les camps étant le support de cette unité. [...]
[...] - Cette perte générale de repères des nouvelles générations se traduit aussi par un retour vers des pratiques culturelles anciennes, comme la dot, qui appauvrit des familles entières pour l'organisation d'un mariage, l'allongement de la durée des mariages, le retour à des croyances magiques irrationnelles, autant d'évolutions qui sont mal vues par la première génération, qui vit sur l'idéal démocratique qu'elle a construit et qui voit là une forme de retour en arrière susceptible d'anéantir leurs efforts. - Les plus jeunes tendent vers des stratégies personnelles et des définitions identitaires plus individuelles Vers un nouvel exil ? - L'Occident est souvent idéalisé par les jeunes sahraouis, vu comme une terre d'opulence qui se paie le luxe d'envoyer ses surplus de nourriture aux pays pauvres, terre où faire de l'argent et vivre confortablement est perçu comme facile. [...]
[...] Le repli sur soi - Mahmoud Darwish, poète palestinien qui a vécu de longues années dans les camps au Liban, affirme : en réalité, nous n'avons pas connu le Liban. Nous vivions dans un ghetto que nous nous étions construit à Beyrouth. [ ] A Beyrouth, nous ne voyions que nous-mêmes - L'individu en diaspora doit ainsi, selon Alain Médam, savoir-vivre parmi les autres, la société d'accueil, sans tout à fait vivre avec eux. C'est cette différenciation, cette distanciation, qui donne à la communauté exilée sa dynamique interne. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture