La méthode choisie par Jean Peneff dans cet ouvrage est celle de l'observation participante. En effet, il a participé à la vie d'un service d'urgences pendant un peu plus d'un an en tant que brancardier aide-soignant.
Il cherche ici à démontrer que le travail hospitalier n'est pas spécifique mais peut être comparé à d'autres.
Il va donc mettre à jour tout au long de l'ouvrage la grande diversité des interactions rencontrées au sein d'un monde stratifié et relativement renfermé sur lui-même ainsi que les différentes stratégies mises en place par le personnel en vue d'une plus grande souplesse dans leur travail et d'une réaffirmation de leur position face à la hiérarchie et à son poids, créant ainsi « une organisation clandestine du travail ». Ici, l'auteur va principalement se concentrer sur le travail et les actions du personnel paramédical (infirmières, aides-soignantes, brancardiers) et non sur la façon dont ils vont eux-mêmes se les représenter.
[...] Néanmoins, le corps dénudé peut laisser apparaître certaines traces ou cicatrices suspectes pouvant provenir d'une blessure ou d'une pathologie. Or, le patient ici n'est pas obligé de s'expliquer quant à leur origine, ce qui place le soignant dans une situation particulièrement délicate : avertir les autorités concernées ou fermer les yeux. Pénibilité physique Il s'agit ici aussi d'une des caractéristiques du travail en urgence dont le problème est dû à la manutention de matériels lourds et la manipulation de corps inertes ou résistants, occasionnant une charge physique importante. [...]
[...] Par ailleurs, il peut s'agir de simples moments faisant oublier le quotidien, d'informations à caractère anecdotique, au sujet des supérieurs hiérarchiques, alimentant ainsi les conversations et passant outre les normes. Des renseignements sur les médecins sont détenus par les infirmières qui, grâce à leur position de secrétaire, ont l'occasion de s'informer sur leur vie professionnelle et privée, ce qui donne un certain intérêt à cette fonction de secrétaire. 4/Du point de vue de la clientèle Il nous semble important, tout d'abord, de faire remarquer que J. Peneff utilise le terme de "clients" qui fait de suite penser à un restaurant, un magasin de vêtements, un salon de coiffure . [...]
[...] Pour les individus se rendant aux urgences, on a davantage l'habitude d'utiliser des termes comme "patients" ou "malades". Ici encore, l'hypothèse de départ est applicable puisque ce contrôle des clients est un aspect observable dans toutes les entreprises de service, prenant toutefois aux urgences une forme particulière. Tous les travailleurs rechercheraient un maximum d'autonomie dans l'exercice de leurs fonctions. Ainsi, une des premières stratégies du personnel hospitalier afin de contrôler le travail se manifeste par la limitation d'intervention de ceux qui parlent au nom des patients, ceux qui les accompagnent, tout comme chaque travailleur tenterait de limiter, réduire les interventions de leurs collègues et de leur hiérarchie. [...]
[...] Celle-ci a un rythme peu soutenu entre 14 heures et 15 heures : "c'est la reprise" (page puis entre 15 heures et 18 heures, ce rythme s'intensifie pour devenir maximal: motivation, concentration, disponibilité sont alors présentes et enfin, il note une "altération des forces et du moral" vers 17 heures heures. Cependant, cette baisse de rythme correspond, en général, à un flux massif des patients (en cause: accidents de la circulation à la sortie des bureaux; blessures que les enfants font connaître à la sortie de l'école). On est donc en présence de ce que Jean Peneff nomme une "désynchronisation", un décalage entre le rythme de travail effectif des employés, appliqué sur le terrain et l'afflux des arrivants qui va durer jusqu'à19 heures heures. [...]
[...] Selon Jean Peneff, il existe une culture spécifique au personnel des urgences. Les agents ont développé un fort esprit de clan, une véritable solidarité les unit et ce pour plusieurs raisons : entre autres, on rencontre une diversité de pathologies qui permet d'avoir des connaissances plus élevées que la moyenne à cause du contact permanent avec les médecins. De plus, on est parfois obligé de prendre des décisions sans l'accord de la famille ou du patient qui peuvent déboucher sur des accusations de violence gratuite, de détournements, de vols, etc., face auxquelles il faut être solidaires. [...]
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