1996, L'homme artifice, sens de la technique, anthropocentrisme, Dominique Bourg, écologie profonde, biocentrisme, nature, Descartes, modernité, technoscience, sagesse, anthropocentrisme d'extériorité
Pour mieux comprendre le sens de ce texte de D. Bourg consistant à défendre un certain anthropocentrisme contre, notamment, l'écologie profonde et la promotion de la notion de biocentrisme, il faut recontextualiser la discussion.
Comme vous le savez, avec la prise de conscience des catastrophes écologiques produites par les activités humaines (en tout cas de certaines sociétés humaines), des penseurs se penchent sur le rapport que nos sociétés occidentales entretiennent avec ce que nous appelons la nature. La question principale se pose de la manière suivante : est-ce parce que nos cultures ont tendance à être très anthropocentrées (considérer que l'homme est la finalité de la nature) et à séparer l'homme et la nature (à considérer l'homme comme une réalité transcendante ou extérieure à la nature) que nous avons une manière de nous comporter aussi destructrice et aussi irresponsable à son égard.
[...] En effet, les droits, la morale, l'idée d'une responsabilité ne seraient pas pensables sans cet anthropocentrisme dont nous sommes finalement redevables. Enfin, cette position ne va pas non plus sans poser de difficultés : si l'anthropocentrisme est la solution, n'en reste-t-il pas pour autant aussi le problème ? N'est-il pas responsable de ce déferlement technique et de la démesure de nos projets de transformation du monde. Bien plus, la technique moderne, répondant à une logique d'efficacité, n'a-t-elle pas sa propre autonomie qui est différente des exigences morales ? [...]
[...] Avant d'aller plus loin sur ce plan, il convient de rappeler la distinction faite par Bourg entre la première forme d'anthropocentrisme (l'homme est la finalité de la nature) et la deuxième forme, qu'il appelle aussi anthropocentrisme d'extériorité, et qui consiste à penser que l'homme est un être qui a une position de surplomb par rapport à la nature, qu'il n'est pas une simple partie d'elle à équivalence avec les autres, mais qu'il est un être transcendant par rapport à elle. Ces deux formes de l'anthropocentrisme s'articulent assez bien ensemble mais l'une ne se laisse pas nécessairement réduire à l'autre. Et la preuve que l'une ne se laisse pas simplement réduire à l'autre c'est que D. Bourg défend la seconde forme (l'anthropocentrisme d'extériorité) et la seconde seulement comme une conséquence de la première. [...]
[...] L'homme artifice - le sens de la technique, Le mauvais procès de l'anthropocentrisme - Dominique Bourg (1996) - Explication et thèse de l'auteur Quelques mots d'explication sur le chapitre Le mauvais procès de l'anthropocentrisme de D. Bourg Pour mieux comprendre le sens de ce texte de D. Bourg consistant à défendre un certain anthropocentrisme contre, notamment, l'écologie profonde et la promotion de la notion de biocentrisme, il faut recontextualiser la discussion. Comme vous le savez, avec la prise de conscience des catastrophes écologiques produites par les activités humaines (en tout cas de certaines sociétés humaines), des penseurs se penchent sur le rapport que nos sociétés occidentales entretiennent avec ce que nous appelons la nature. [...]
[...] Il est moral parce qu'il est un être libre (Descartes fondant cette liberté sur son dualisme de l'âme et du corps). Les adversaires de cet anthropocentrisme (dont font partie les défenseurs de l'écologie profonde qui estiment qu'il faut accorder de la valeur aux êtres naturels indépendamment de l'utilité qu'ils peuvent avoir pour l'espèce humaine) nous invite au contraire à abandonner et même à dénoncer la position d'extériorité que l'homme occidental (c'est déjà au coeur des textes bibliques et présent dans les trois monothéismes) prend sur la nature pour ne nous considérer que comme une partie de la nature. [...]
[...] Et à partir de là, on fait de Descartes et de l'anthropocentrisme implicite de sa philosophie les responsables des problèmes écologiques actuels. Or, ce que veut montrer Dominique Bourg, c'est que non seulement nous faisons ici un mauvais procès (c'est -à-dire un procès injuste) à Descartes, mais aussi à un certain anthropocentrisme. En effet, pour le dire vite, Descartes nous invite à développer la science et les techniques ainsi que leurs applications pratiques pour rendre plus supportable l'existence humaine mais en revanche il n'invite jamais les hommes à exploiter la nature sans frein jusqu'à la mettre à mal. [...]
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