Le Hobo, publié en 1923, est l'unique contribution de Nels Anderson dans le domaine de la sociologie, et plus exactement dans l'œuvre de l'Ecole de Chicago. Cette monographie a été écrite pendant ce que l'on appelle la « grande époque » de l'Ecole de Chicago, de 1915 à 1935, lorsque Robert Park était directeur du département de sociologie de l'université.
Elle s'inscrit dans la tradition sociologique de l'école, et en demeure un des grands classiques.
Nels Anderson occupe néanmoins une position assez originale dans l'Ecole de Chicago car il est ce qu'on appelle un « ethnologue indigène », c'est-à-dire que, ayant été lui même hobo et s'étant élevé socialement, il connaît son objet d'étude au préalable et a vécu les situations qu'il analyse, en ce sens son approche fait preuve d'une certaine subjectivité.
La catégorie d'ouvriers que représentent les hobos s'est développée pleinement dans la deuxième moitié du XIXème siècle et au début du XXème siècle. Leur répartition géographique s'étend de Chicago à l'Ouest des Etats-Unis. Ce sont des ouvriers migrants que les sociologues classent dans la catégorie des sans-domicile, tout en insistant sur le fait qu'ils ne s'y réduisent pas et que le but du chercheur est justement d'éviter l'amalgame du hobo avec les « homeless men » de Chicago. En effet, le hobo a sa propre spécificité de producteur mobile: il possède une force de travail active et une capacité de migrer.
[...] L'environnement urbain du hobo est également caractérisé par son mode de vie. Ainsi, la Hobohème concentre des commerces ou institutions spécifiques à sa population hobo. On y trouve majoritairement des hôtels garnis, qui permettent au hobo de se loger, principalement pendant la période hivernale. Il existe alors trois types d'hôtels bon marché à Chicago : le cabaret (barrel house), qui fait office à la fois d'hôtel garni, de saloon, et de maison close ; des hôtels à but philanthropiques gérés par des associations caritatives telles que l'Armée du Salut ; des hôtels gérés sur base commerciales, à l'exemple de la chaîne d'hôtels connue Harvey-McGuire. [...]
[...] En outre, le hobo, n'ayant pas de groupe ou de lieux d'attache, apprécie les possibilités de socialisation que lui offre la ville. Il y fréquente les lieux de vie de la Hobohème qui, fréquentés par d'autres hobos, lui permet de vivre à bas prix en l'attente d'un nouveau travail excentré. Le quartier de la Hobohème encercle ce qui, dans toute grande ville, est appelé l' Artère (stem) ou la Grande Rue (main drag), qui sont les voies qui attirent les sans-domiciles. [...]
[...] L'exemple le plus significatif est celui des campements hobos, qu'ils appellent jungles et qui s'établissent généralement à la périphérie des villes, à proximité d'une limite de section de ligne, ou près d'une intersection de voies ferrées, ou encore le long des grand-routes (notons au passage que les hobos se déplacent en empruntant clandestinement les trains de marchandises). Il existe des campements temporaires, et des campements stables ou permanents. Les jungles temporaires font office d'escales ou de relais où les hommes de la route viennent s'installer par intervalles. [...]
[...] A travers cette étude, nous tenterons de mettre en parallèle l'analyse du Hobo de Nels Anderson avec une conception sociologique de la ville émergente, représentée par l'Ecole de Chicago. Dans un premier temps, nous examinerons le cadre d'étude géographique utilisé par Nels Anderson, c'est-à-dire, la conception urbaine de sa monographie ; Puis nous analyserons sa typologie du hobo dans le cadre du développement urbain à Chicago au début du siècle. Le hobo : avant tout le représentant d'un espace géographique Le département de sociologie de l'université de Chicago, créé en 1892, est le premier département de sociologie au monde. [...]
[...] Il est donc justifié que l'étude du Hobo de Nels Anderson se base en premier lieu sur un cadre géographique spécifique qu'est le quartier de la Hobohème à Chicago. En effet, malgré la diversité du groupe des hobos, leur point de convergence se trouve dans le fait qu'ils se regroupent dans ce quartier. D'autre part, Anderson montre que le hobo est non seulement influencé par son environnement vis-à-vis duquel il adapte son mode de vie, mais qu'il influence lui aussi cet environnement puisque sa communauté, en participant au développement du quartier, est également actrice du développement urbain plus général de la ville de Chicago. [...]
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