Qu'est-ce que le corps, partie matérielle d'un être animé, peut-il bien avoir à nous dire historiquement parlant ?
L'historien est celui qui, de manière générale, s'emploie à une recollection des évènements passés ; seul moyen d'accès à la reg gestae (action), soit à la réalité historique. Les éléments amassés lors d'enquêtes historiographiques, constituent, au total, un souvenir déformé, sur lequel la qualification de l'historien, celle de dégager une dynamique de transformation des faits sociaux, doit s'exercer. Drôle d'entreprise, alors, que de se lancer dans une Histoire du corps . Drôle mais pas folle ! Très intéressante même, pour peu qu'on daigne bien voir dans le corps autre chose qu'une enveloppe physiologique, qu'un déambulateur naturel, simple expression de ce qu'il reste de bestial en l'homme. Dans le cadre d'une Histoire du corps , c'est aussi le rôle de l'historien qui doit bénéficier d'une reconsidération, et dans toute sa puissance ne plus se cantonner au simple évènementiel. L'histoire du corps participe de la « nouvelle histoire »
Mais qu'est-ce alors que le corps, et par-delà qu'est-ce qu'un historien du corps ?
Tout d'abord, « le corps existe dans son enveloppe immédiate comme dans ses références représentatives : logiques « subjectives » elles aussi variables avec la culture des groupes et les moments du temps. » (c.f ; Préface à l'Histoire du corps p 8) . Le corps, mis en perspective historique, constitue d'abord la restitution de, « l'homme vivant, l'homme en chair et en os » (c.f : Lucien Febvre). Mais c'est la culture, dans sa tension édificatrice, qui modélise l'appréhension du sensible , l'acception que l'on a du corps et son utilisation. Le corps apparaît comme le réceptacle de la culture et reflète, dans les plus concrets de ses usages, les normes et valeurs d'une société. L Histoire du corps, c'est donc avant tout le témoignage de la dynamique culturelle, Et une culture qui inclut « l'influence persistante des repères religieux ». Mais s'il s'agit ici de retracer l'histoire du corps de la Renaissance aux Lumière, il ne faut pas oublier que le regard de l'historien est inhérent à l'ère du soupçon, avec une conscience détrônée de son piédestal et une confrontation entre corps et esprit est mise en question. Le corps qui « peut conduire à la conscience avant d'en être l'objet », à dès lors bien des choses à nous révéler. Enfin, le corps doit être pris dans sa dimension politique. A ce sujet, il doit être aperçu comme un outil de contrôle politique, de régulation sociale pour lequel il ne faut pas omettre que « l'inégalité s'incarne aussi au cœur des chairs et des anatomies ».
Les pistes d'étude apparaissent plurielles, et c'est parce que cette « hétérogénéité est constitutive de l'objet lui-même », que l'ouvrage présent de l'Histoire du corps, est le fruit d'une agrégation de spécialistes aux parcours riches et différents, riches parce que différents : Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello, Daniel Arasse, Jacques Gélis, Rafael Mandressi, Sara F. Matthews-Grieco, Nicole Pellegrin, et enfin Roy Porter.
PROBLÉMATIQUES : Le corps à présent posé comme objet « point frontière »,il s'agit de s'interroger sur ce qu'il donne à voir à travers le temps. En effet, quelles sont les grandes interrogations soulevées par l'attention historique portée au corps depuis la Renaissance jusqu'aux Lumières ?
En outre, si la mise en œuvre de l'Histoire du corps nécessitait la fédération d'historiens capable d'approcher le sujet dans ce qu'il a de diversité, n'est-il pas possible de dégager une certaine unité, un élément intégrateur, sorte de « colonne vertébrale » servant la cohérence de ce document ?
Dans la perspective de nourrir ces interrogations, nous nous baseront sur l'analyse de quatre chapitres constitutifs de cet ouvrage.
[...] La piste de l'histoire politique conduit à la mobilisation du corps inhumain au profit de l'ordre religieux et social La piste de l'histoire politique évoque une histoire de l'image du monstre au service du catholicisme. Il faut mettre en évidence le lien lointain du monstrueux avec la tradition de l'humanité hybride héritée des mythologies antiques. C'est le cas du Dérodyme : monstre au corps double délimité selon une ligne de partage de chaque côté de laquelle se trouvent l'ordre et le désordre politique. Les traits défigurés et bestialisés des images du monstrueux évoquent la figure du diable donc le chaos dans le cosmos. [...]
[...] Le rappel des souffrances du Christ est omniprésent. Aussi par l'importance des cinq plaies, ce n'est qu'à partir XIVe et du XVe siècle que l'Église favorise le culte de ces cinq plaies avec la messe des cinq plaies Se cache aussi des souffrances qui sont beaucoup moins connues telles que celle de la langue percée après le couronnement d'épines, la réclusion dans le cachot après la flagellation, la plaie a l'épaule résultant du portement de la croix, les perles de sang et l'humiliation, l'image d'un corps agressé, torturé, est mise avec une certaine complaisance sous les yeux des fidèles qui les font culpabiliser et renforce la piété. [...]
[...] L'histoire du corps participe de la nouvelle histoire Mais qu'est-ce alors que le corps, et par-delà qu'est-ce qu'un historien du corps ? Tout d'abord, le corps existe dans son enveloppe immédiate comme dans ses références représentatives : logiques subjectives elles aussi variables avec la culture des groupes et les moments du temps. (c.f ; Préface à l'Histoire du corps p . Le corps, mis en perspective historique, constitue d'abord la restitution de, l'homme vivant, l'homme en chair et en os (c.f : Lucien Febvre). [...]
[...] Cela suppose aussi l'apparition d'un nouveau spectateur. L'art se défait partiellement de son statut strictement intellectuel (au travers de l'historia), ne constitue plus seulement le terrain privilégié du savant se plaisant au jeu infini des déchiffrements mais s'adresse, par ses chairs coloristes à l'homme capable d'expérimenter les effets esthétiques les plus forts, et qui à alors l'impression que ses yeux sont des doigts Dans la représentation du corps humain, la peinture à alors au travers de l'image érotique, un enjeu propre qui est celui d'une érotique de la peinture. [...]
[...] La Résurrection est une apothéose de corps beaux à contempler. Reliques et corps miraculés Le culte des reliques, des restes reliquiae- des corps saints est un rite et une croyance particulièrement anciens. On vénère le reste des corps du Saint porteur de chance et d'un meilleur au-delà. Le corps du Saint est miraculeusement préservé de la pourriture, et dans chaque église on préserve une partie du corps de ce Saint. Des ossements précieusement gardés émane une force dont les fidèles entendent bénéficier. [...]
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