Alors que la mondialisation économique a profondément transformé les Etats et le système interétatique, peut-on continuer de penser l'immigration comme si son 'traitement' relevait encore exclusivement d'une souveraineté nationale unilatérale ? Peut-on persister, dans la réflexion sur les migrations internationales, à faire l'économie d'une interrogation sur les transformations décisives qui ont affecté l'Etat, à la fois sur le plan domestique et dans ses relations internationales ? Telles sont les principales questions que soulève Saskia Sassen à travers ses ouvrages et articles. Dans Guests and Aliens, Saskia Sassen analyse, dans une perspective historique et sociologique, le sort réservé par les Etats de l'Europe occidentale, du XVIIIe siècle à nos jours, à ces personnes venues d'ailleurs, considérées tantôt comme des 'invités', tantôt comme de simples et dérangeants 'étrangers'
[...] Guests and Aliens est un travail de synthèse auquel on peut reprocher certaines lacunes. Des spécificités nationales qui auraient mérité une analyse plus profonde. Malgré les efforts d'harmonisation en Europe, les différences de conception de l'immigration demeurent importantes entre les différents Etats européens. Saskia Sassen évoque ces différences sans jamais les analyser. L'étude des conceptions françaises aurait été d'autant plus intéressant à approfondir qu'en la matière, il semble guider les politiques communautaires. Les Français ont tendance à mettre en valeur leur modèle d'intégration, mais Gérard Noiriel rappelle que les études récentes montrent que la grande majorité des étrangers qui ont immigré vers la France dans le passé n'y sont pas restés. [...]
[...] La lecture de ce pacte indique que chacun est libre de quitter son pays et cela indépendamment de l'hypothèse de persécution qui fonde le droit d'asile. Il s'agit là d'une liberté pure : elle n'est conditionnée par aucune nécessité. Toutefois, elle n'a de sens que si se trouve garanti aussi son complément, la liberté d'entrer dans un autre pays. En vertu du même principe, l'individu est libre de revenir dans son pays s'il le désire. À l'intérieur du territoire de l'État, c'est encore la liberté qui prévaut dans le choix du lieu de résidence. [...]
[...] L'étranger est alors défini de façon négative. Pour comprendre pourquoi la République a appliqué cette ségrégation avec une rigueur particulière, il faut rappeler que la Révolution a démantelé les corporations et les corps constitués. Elle a interdit (du moins en métropole) les discriminations fondées sur la religion, l'origine ethnique Dans la plupart des autres pays, les divisions religieuses, régionales, corporatistes se sont maintenues jusqu'au XXe siècle. Elles ont donc pu être mobilisées par les citoyens en lutte pour défendre leurs intérêts particuliers. [...]
[...] Guests and aliens, Sasia Sassen Présentation Saskia Sassen est professeure de sociologie à l'université de Chicago. Elle est l'auteur de La Ville globale, New York, Londres, Tokyo, (1996) ; Losing Control, (1996) ; Globalization and its Discontents, (1998). Elle travaille actuellement sur son prochain ouvrage intitulé La Dénationalisation ; Economie et Politique à l'époque globale et digitale, prévu pour 2003. Introduction Alors que la mondialisation économique a profondément transformé les Etats et le système interétatique, peut-on continuer de penser l'immigration comme s'il s'agissait d'une dynamique indépendante des autres champs ; comme si son traitement relevait encore exclusivement d'une souveraineté nationale unilatérale ? [...]
[...] Conclusion L'ouvrage a l'intérêt de démontrer que les migrations n'arrivent pas par hasard. Elles ne sont pas de simples additions de décisions individuelles mais un processus modélisé et inscrit dans des systèmes politico- économiques qui contiennent leurs propres forces de régulation. Saskia Sassen rappelle que des politiques d'immigration raisonnables et efficaces ne pourront être trouvées en Europe qu'après avoir reconnu l'importance des flux migratoires dans la formation de la nation européenne, en n'oubliant surtout pas l'histoire récente. Si l'on ne voit pas très bien en refermant le livre en quoi Saskia Sassen a éclairé les politiques américaines, on peut que souhaiter qu'elle puisse faire évoluer les politiques européennes à un moment où, pour façonner sa doctrine en matière d'immigration, l'Union européenne ne s'est inspirée que des principes les plus rétrogrades en vigueur dans certains des États qui la composent, utilisant la méthode de l'alignement par le bas. [...]
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