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Aujourd'hui, la majorité des individus sur Terre se sentent en inadéquation avec une époque qu'ils ne comprennent pas toujours, leurs existences semblant rythmées par une quête du bonheur auxquels bon nombre ont renoncé.
Les études sociologiques, concurremment à l'expansion de ce phénomène, ne cessent donc de fleurir afin d'en comprendre les causes. Le sociologue américain Charles Wright Mills (1916-1962) s'inscrit dans cette logique et apparait comme l'un des précurseurs de cette recherche résolutive d'un malaise grandissant depuis des décennies. Dans son ouvrage The Sociological Imagination paru en 1959 (traduit en français en 1967 sous le titre L'imagination sociologique), qualifié par ses pairs comme la seconde oeuvre la plus importante du 20ème siècle après l'incontournable Economie et Société de Max Weber (1921), C. W. Mills développe un concept, à savoir celui repris dans le titre de son livre, qui apparait prophétique plus de cinquante ans plus tard en ce sens qu'il constitue la clef d'une compréhension du monde nécessaire à son appréhension, un besoin d'autant plus criant aujourd'hui.
Dans cette lignée, il convient alors de se demander en quoi cette imagination sociologique peut elle résoudre les problèmes de la race humaine ? Autrement dit, quelles sont les caractéristiques de cet attribut de l'intelligence susceptible d'éveiller, chez les individus, une connaissance de son fort intime et des données alentours pour, in fine, influer sur le contexte global ?
Ainsi, selon la thèse de l'auteur, l'imagination sociologique est une « qualité d'esprit » essentielle à l'agrégation de deux notions clés, information et raison, ceci afin d'assimiler toute la complexité de la vie extérieure et intérieure pour, sinon réussir, du moins tenter de les influencer.
[...] Et l'auteur de constater que si les sociologues sont les porteurs latents de solutions, peu sont aujourd'hui capables de tendre vers cette imagination sociologique, ramification phare de l'intelligence, qui corrigerait une à une les erreurs de l'Histoire. Dans le chapitre commenté ici, il est difficile de traduire les caractéristiques concrètes de l'imagination sociologique. L'on comprend, cependant, le potentiel intellectuel qu'elle cache et les espoirs qu'elle suscite. Comme cela vient d'être dit, la société est critiquée et, à l'inverse, l'individu est défendu car C. W. Mills ne lui incombe pas ses propres démons, preuve d'un homme tiraillé par un réalisme cynique et une utopie enfantine. [...]
[...] En effet, les Hommes ne saisissent pas toutes les similitudes d'un parcours personnel et d'une Histoire commune, ni l'importance des résultats de leurs interactions. Pourquoi, se demande alors C. W. Mills, les individus ne déchiffrent ils pas les époques dans lesquelles ils ont atterri, et qui les malmènent tant ? Ce n'est pas, dit il, le fait d'une simple carence informative, c'est une défection d'interprétation qui provoque ce fossé. Pour l'auteur, les humains ont un réel besoin d'intelligence pour s'en sortir, une intelligence qui revêt l'apparence d'une imagination sociologique préalable au développement d'une logique de raisonnement, de réflexion, voire de sagesse. [...]
[...] C'est d'ailleurs, ajoute-t-il, le travail premier d'un bon sociologue que de cerner ce qui cause de telles nausées au monde moderne, aidé, si possible, par son imagination sociologique. Ainsi, cette dernière dont il est tant question dans le texte tend à dominer les débats scientifiques et à « devenir le commun dénominateur de notre vie culturelle ». En effet, elle permet une compréhension sous-jacente des problèmes du monde, et d'en deviner la nature humaine, car elle constitue « l'esprit par excellence ». [...]
[...] Dans cette lignée, il est nécessaire de se rapporter aux valeurs pour mettre un nom sur ces épreuves et ces enjeux. C. W. Mills définit d'ailleurs plusieurs tendances qui caractérisent une époque : du bonheur à la panique selon si ces valeurs en question sont menacées ou non, ou de l'indifférence à l'inquiétude lorsque ces dernières sont absentes bien qu'une menace soit susceptible, elle, d'exister. L'auteur, grâce à cette grille de lecture, écrit que l'époque d'après-guerre dans laquelle il vit est marquée par la prédominance d'un cocktail explosif associant inquiétude et indifférence. [...]
[...] Mills développe un concept, à savoir celui repris dans le titre de son livre, qui apparait prophétique plus de cinquante ans plus tard en ce sens qu'il constitue la clef d'une compréhension du monde nécessaire à son appréhension, un besoin d'autant plus criant aujourd'hui. Le chapitre commenté ici, « Le grand espoir des sciences sociales », fait état du rapport ambigu mais inévitable entre l'Homme et l'Histoire, de la manière dont l'imagination sociologique permet d'éclairer les zones d'ombre d'une telle relation, ainsi que de l'espoir portée par la sociologie dans son ensemble. [...]
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