Premièrement, Lapointe montre comment la philosophie a découvert l'univers des passions par un triangle noétique constitué de la philosophie, du sens commun et de l'analyse scientifique. Il recherche donc le meilleur de ces "savoirs" pour atteindre la connaissance du sentiment. Il accrédite le savoir scientifique en ce que celui-ci montre que chez l'être humain coexiste la matière et l'esprit (qu'il va nommer le computo) et que cela forment l'unité fondamentale de l'individu. Le bon sens, quant à lui est lié à la rationalité et à l'objectivité mais n'est pas scientifique. Pour choisir entre le bon sens et la science, l'auteur va faire appel à la socio-anthropologie. Ainsi, il privilégie une métascience qui accrédite les deux (bon sens et science). Mais bien que les émotions soient subjectives, le meilleur moyen de les appréhender est l'objectivité.
Ensuite, deuxièmement, dans une perspective évolutionniste, Lapointe cherche à définir l'être humain et son potentiel, soit le computo et le sentiment en revenant sur le processus d'hominisation. Avec l'hominisation par le sentiment, il montre que celle-ci a eu lieu autant par ce sentiment que par le computo, puis avec l'hominisation par l'individu que la culture est la recombinaison du computo et du sentiment. Enfin, le sentiment posé au plan de la praxis, permet l'hominisation de la culture.
Troisièmement, l'auteur va s'attacher à discerner matériellement le sentiment. Le sentiment au singulier est ce que l'on retrouve toujours chez l'individu lors d'interventions de sentiments au pluriel. Ces derniers se composent des émotions et des passions. Il établit une classification des passion/émotions afin de mieux voir comment les réguler et donc comment devenir vertueux.
Quatrièmement, Lapointe, étudie un cas réel (Celui d'Élise et Marcel Jouhandeau) qui montre le rapport aux émotions de la femme et de l'homme. Il note une divergence de sensibilités due à la gestion de l'angoisse qui ne se fait pas de la même manière.
Pour terminer, il s'intéresse à la question sociale du sentiment et montre que la société est constituée pour une part du sentiment et qu'elle en affecte l'équipement émotif de l'individu. Enfin, Lapointe expose les résultats de ses questionnements sur le sentiment dans la "morphologie" où il explique comment et pourquoi se crée et se développe le sentiment sous ses différentes formes chez l'humain et dans le groupe. Puis, dans la syntaxe, il définit quelques règles auxquelles obéissent les échanges sociaux que constituent notamment la famille, la science, la religion, l'art et la morale.
[...] L'auteur évoque la difficulté d'étudier le sentiment de façon objective. Pour plusieurs intellectuels, tels que Meyer, les sentiments représentent la subjectivité de la nature humaine et donc ses contradictions. Aussi, pour Lapointe si Levi-Strauss n'accorde pas de place ou une place secondaire à l'émotion sans que la connaissance en soit nécessaire pour lui, c'est qu'il a accompli une "nette autonomisation de la rationalité". Pour l'auteur, il "aurait dû cependant autonomiser symétriquement le sentiment" (p.64). Lapointe nous indique ici que bien que les émotions et les passions soient subjectives, le meilleur moyen de les appréhender est l'objectivité. [...]
[...] Nous observerons les conditionnements passionnels des systèmes légaux des deux principales situations d'une société : la monarchie, la république. Chaque type de gouvernement est de plus caractérisé par le sentiment, faute duquel il ne peut durer et prospérer (p.256); l'auteur distingue trois sentiments politiques fondamentaux qui sont la vertu pour la république, l'honneur pour la monarchie et la crainte pour le despotisme. La typologie du sentiment par rapport au type de société se présente de la manière suivante (p.259): état normal état dégénéré La réalité sociale est ici découpée sous un angle politicologique. [...]
[...] Du point de vue sentimental, cette distinction recoupe la distinction passionnelle qui est idéalisme/matérialisme, cette distribution de la population n'est pas biologique, elle s'impose par l'action commune. Ainsi, un grand nombre d'individus est en prise directe sur la réalité matérielle et un petit nombre est spécialisé dans la fonction informationnelle Syntaxe Il s'agit enfin de définir quelques règles auxquelles obéissent les échanges sociaux du point de vue du sentiment (p.289) Communication : Pour circuler entre individus, les émotions doivent être manifestées puis comprises, il y a donc tout d'abord une expression gestuelle des sentiments et ensuite aussi un langage véhicule du sentiment. [...]
[...] Mais pour lui cette caractérologie a ses limites, il préfère tenir compte des déterminants majeurs que sont le sexe, l'âge, les dons physiques ou intellectuels, la situation sociale Pour Lapointe, les typologistes devraient prendre en compte un aspect particulier du sentiment qui est sa double orientation matérialiste/idéaliste. Parret (sémioticien) y fait nettement référence. Pour lui, il existe trois cognitions : la rationalité inhérente à l'intentionnalité qui anime les émotions ; la croyance antérieure et présupposée aux émotions ; le jugement actionnel et pratique que comporte l'émotion. Pour le cognitivisme (Parret, Aristote, Thomas d'Aquin), le sentiment, s'il n'est pas orienté par la connaissance, est sans but. Mais pour Lapointe, le comportement de l'émotion ne se règle pas entièrement sur la connaissance dans la réalité. [...]
[...] Donc, le computo et le sentiment sont prérequis l'un pour l'autre à la manière système existant à la double condition que les particules impliquées soient actives et qu'elles le soient suivant un positionnement déterminé (p.97). Le computo et le sentiment sont des données libérées l'une de l'autre tout en héritant de leurs antécédents animaux (p.97). On peut dire que l'être humain défait l'instinct animal sans abolir ses parties composantes. Il est alors tout ce qu'était l'animal mais il l'est librement (p.98). [...]
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