Né à Nancy en 1950, Gérard Noiriel vit une enfance marquée par la violence de son père alcoolique et par la misère de la cité HLM dans laquelle sa famille réside. Son déménagement en Alsace à l'âge de six ans est pour lui une expérience extrêmement marquante en raison de la différence à la fois cultuelle et sociale qu'il perçoit nettement vis-à-vis de ses camarades. Malgré ses bons résultats scolaires, ses professeurs ne l'orientent pas vers le lycée mais vers un collège d'enseignement général, ce qui lui suppose un fort sentiment de trahison et un rejet du système scolaire.
Cinq ans après qu'il ait intégré l'école normale d'instituteurs des Vosges, il emménage à Nancy pour poursuivre les études d'Histoire qu'il avait commencées par correspondance. Après les évènements de mai 1968, Gérard Noiriel découvre le militantisme politique grâce à des syndicats étudiants fortement implantés dans le campus universitaire. Très proche du marxisme, c'est cette activité qui le met en contact avec des sciences humaines et sociales comme par exemple la psychanalyse et l'anthropologie.
Ses travaux sont très marqués par des sujets tels que l'immigration, le droit d'asile, les ouvriers, les intellectuels et l'épistémologie de la discipline historique. Il estime notamment que le chercheur devrait être indépendant des considérations politiques conjoncturelles en raison des différentes préoccupations auxquelles il doit répondre par rapport au citoyen. Agrégé d'histoire et enseignant dans le secondaire, il écrit des ouvrages tels que le creuset français. Histoire de l'immigration. XIXe-XXe s. (1988), sur la crise de l'Histoire (1996) ou introduction à la sociohistoire (2006). Il est directeur d'études à l'EHESS, co-directeur de la collection sociohistoires des éditions Belin et co-fondateur de la revue de sciences sociales « Genèses ». Le 18 mai 2007, il présente, avec sept autres universitaires, sa démission du conseil scientifique de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration pour protester contre la création par Nicolas Sarkozy d'un ministère associant les notions d'immigration et d'identité nationale.
[...] On définit alors les réfugiés comme des étrangers sans passeport, sans relation avec un ambassadeur qui autorise leur présence sur notre territoire Les pouvoirs publics n'appliquent pourtant pas l'égalité évolutionnaire abstraite lorsqu'il s'agit de l'aide aux réfugiés. En effet, ils reconstruisent dans le pays d'accueil la hiérarchie sociale du pays d'origine. Ainsi, l'aide fournie par l'Etat est proportionnelle aux statuts social et militaire qu'avait le réfugié, ce qui contribue à rationaliser cette aide, avec la bureaucratisation et la création de bulletins individuels. Grâce à cette rationalisation, les pouvoirs publics ont des informations en main qui leur permettent, à travers l'aide, de contrôler les réfugiés. [...]
[...] L'ouvrage de Noiriel ouvre donc des pistes de réflexion afin de compléter les près de 15 ans qui séparent la fin de la période qu'il aborde et notre actualité. Le concept de citoyenneté européenne semble bien être celui qu'il avait avancé : une notion définie par rapport à celui qui en est exclu. Une des raisons pourrait être la confusion dans les mentalités entre l'immigrant politique et le demandeur d'asile, qui pourtant n'ont pas les mêmes motivations à quitter leur pays. [...]
[...] Gérard Noiriel, La tyrannie du national. Le droit d'asile en Europe (1793- 1993) Indications sur Gérard Noiriel Né à Nancy en 1950, Gérard Noiriel vit une enfance marquée par la violence de son père alcoolique et par la misère de la cité HLM dans laquelle sa famille réside. Son déménagement en Alsace à l'âge de six ans est pour lui une expérience extrêmement marquante en raison de la différence à la fois cultuelle et sociale qu'il perçoit nettement vis-à-vis de ses camarades. [...]
[...] Il y a eu un changement à l'intérieur de la population des demandeurs d'asile : alors qu'avant la majorité provenait des pays d'Europe de l'Est, en 1986 la majorité vient d'Asie du Sud Est. Les pays du Tiers Monde sont désormais les principaux pays d'exil, mais paradoxalement aussi les principaux d'asile, hébergeant 1é des 14 millions de réfugiés. La cause principale est l'extension au monde entier du nationalisme, au nom duquel s'effectuent de nombreux massacres ethniques. Les déclarations et revendications des réfugiés ne sont pas nouvelles. [...]
[...] L'évolution du droit d'asile dans l'Union Européenne semble l'avoir limité de façon assez importante, malgré les normes minimales communes dont les pays se sont dotés. Comme l'avait prédit Gérard Noiriel dans son dernier chapitre, le Traité de Maastricht prévoit en 1995 une citoyenneté de l'union. Peu à peu, les mesures prises en matière de droit d'asile limitent l'accès des réfugiés à la protection et l'échec de cette politique européenne se fait flagrant en 2005 avec le campement de Sangatte. Depuis 2001, les alors quinze membres de l'UE tentaient de se mettre d'accord sur une politique commune du droit d'asile. [...]
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