A l'occasion des élections de 2007, les médias ont mis en avant le clivage entre les zones pavillonnaires modestes et les HLM. Or ces deux types d'habitat regroupent parfois des groupes sociaux relativement proches.
Qui sont réellement ces pavillonnaires modestes ?
Tout incite alors à voir les pavillonnaires comme membres des classes moyennes. Or, selon Vermeersch, il n'est pas sûr que « parler de classes moyennes aujourd'hui, ce soit parler en termes de classes ». Les raisons du brouillage de classe et de conscience sociale sont multiples: aspiration généralisée à la mobilité sociale, manipulation des catégories politiques dans le but d'euphémiser les appartenances de classe, commodité de la désignation des classes moyennes (peu étudiées dans leur diversité). Les classes moyennes font l'objet d'enquêtes empiriques à partir des années 70. Des travaux reprennent alors la catégorie marxiste de la petite bourgeoisie (ni bourgeois, ni prolétaires). Les travaux des années 80 se penchent quant à eux sur les « nouvelles couches moyennes salariées » en expansion (personnels paramédicaux, techniciens…). La délimitation du groupe reste floue : un grand nombre de simplifications sont faites alors que c'est l'hétérogénéité qui prime à tout point de vue (depuis les conditions de travail jusqu'à celles du logement en passant par les ressources culturelles et financières).
La présente enquête entend alimenter une vue plus rapprochée de la stratification sociale en étudiant de façon plus approfondie une strate (à la différence de fraction, cette notion pose la question des trajectoires suivies dans un espace social en transformation) particulière des classes sociales, située à la frontière des classes populaires et des classes moyennes, celle des « petits-moyens » de la banlieue pavillonnaire parisienne. La plupart de ces « petits-moyens » ne sont pas ouvriers mais employés, techniciens et cadres moyens. Mais en même temps, leurs spécificités en termes de pratiques domestiques et culturelles, ainsi que les échecs et revirements de leurs parcours professionnels empêchent de les rattacher simplement aux classes moyennes.
[...] Annie Fourcaut met en lumière les liens unissant à Bobigny banlieue rouge et accès à la propriété des catégories ouvrières et employées. Elle restitue aussi dans le contexte de l'entre-deux-guerres la vie sociale intense dans les nouveaux quartiers de pavillons où l'individualisme ne régnait pas en maître. Des enquêtes récentes montrent l'engagement à gauche des habitants des lotissements des années 70 et 80. On ne peut pas dire qu'aux Peupliers la gauche est inexistante. On ne doit pas figer le vote des pavillonnaires comme vote de droite. [...]
[...] La grande attention que ces mères portent à la scolarité de leurs enfants en est le corollaire : c'est à travers eux qu'elles poursuivent la promotion de leur ménage et qu'elles jouent une partie de leur honneur social. La modestie de leur trajectoire les prédispose à rejeter les catégories inférieures dont la proximité spatiale avive leur sentiment de fragilité statutaire. Les jeunes des pavillons sont socialisés dans une tension particulière. IV/ Jeunes des pavillons Les trajectoires des jeunes de pavillon sont peu analysées contrairement à celles des jeunes de cité. [...]
[...] Elle a stigmatisé les familles turques par la mise en place d'une politique de préemption des maisons mises en vente aux Peupliers, politique assez exceptionnelle dans un quartier pavillonnaire, afin de limiter leur installation (une politique qui sera d'ailleurs un temps prolongée par l'équipe PS). Celui qui s'impose à la tête de la droite en 2001 est le tenant d'une droite dure et tient un discours sécuritaire fustigeant la délinquance générée par les ghettos On a donc une politisation diffuse et ancienne autour des réseaux locaux de la droite traditionnelle qui tend à se radicaliser et une présence de militants d'extrême droite. [...]
[...] Samira Ben M'Rad : une ascension longtemps sacrifiée Elle obtient un BAC B puis un BTS secrétariat et ne peut expliquer qu'elle ait mieux réussi que ses frères et sœurs. Son père les stimule pour les études. Confrontés au travail méprisé certains pères immigrés placent en leurs enfants leur désir de revanche. Les enfants d'immigrés de cette génération sont souvent orientés vers des filières professionnelles faute de résultats assez bons, mais aussi faute de pouvoir imaginer un autre destin scolaire. [...]
[...] Cela va attirer des ménages plus aisés. A la différence des bandes, ces zones attirent dès leur construction des familles venues de HLM et sont caractérisées dès leur début par la présence de familles immigrées. Elles attirent aussi des familles venues des bandes qui opèrent ainsi une micromobilité socio résidentielle au sein du quartier. Les premiers habitants des lotissements des années 70-80 sont assez proches par leur trajectoire des premiers habitants des bandes. Ces familles en ascension sociale par divers traits de leur mode de vie. [...]
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