De manière très schématique on peut relever deux pistes de réflexion essentielle dans l'analyse de Foucault : il s'interroge dans un premier temps sur le tournant du système pénal à la fin du 18ème siècle ou l'on passe d'une cérémonie organisée autour du supplice du criminel, à un système punitif plus secret et plus abstrait qui passe essentiellement par la privation de liberté. Foucault nous invite alors a nous demander si cette « douceur punitive de l'enfermement » pour reprendre ses termes représente réellement un progrès vis à vis des supplices ?
D'autre part, on peut noter un second axe de réflexion autour de la critique qui est faite de la prison et qui selon Foucault fait partie intégrante du système carcéral lui même, pour résumer il s'interroge de manière à priori paradoxale sur l'utilité de l'échec de la prison et sur le maintien de cette institution.
[...] Je préciserai dans ma deuxième partie cette question qui constitue peut-être un des points les plus intéressants de Surveiller et punir. I Le passage à la fin du 18ème siècle du supplice au système carcéral le supplice Michel Foucault débute son ouvrage par la description du supplice de Damien et montre comment au 18ème cet affrontement réglé, ce rapport de force ouvert en forme de duel selon l'expression de Foucault apparaît comme la forme la plus aboutie de châtiment sous l'Ancien Régime. [...]
[...] Elle exerce ainsi une pression constante sur les individus les poussant a tous se conformer au même modèle. L'examen lui combine les techniques de la hiérarchie qui surveille et celle de la sanction qui normalise. Ainsi à travers lui le pouvoir disciplinaire s'exerce en se rendant invisible, et en revanche impose à ceux qu'il soumet un principe de visibilité obligatoire. C'est le fait d'être vu, observé ou de pouvoir être observé sans cesse qui maintient dans son assujettissement l'individu disciplinaire. [...]
[...] Foucault dit clairement que non, que la prison d'aujourd'hui est aussi abominable que la déportation d'hier, qu'elle est quelque chose de plus qu'un supplice atténué, même si ce seuil de l'intolérable change. Il s'inscrit ainsi directement dans la lignée des révoltes des détenus dans les années 70 et il écrit dans Surveiller et punir, je cite : au cours des dernières années, des révoltes des prisons se sont produites un peu partout dans le monde. Leurs objectifs, leurs mots d'ordre avaient à coup sur quelque chose de paradoxal. [...]
[...] Elle prescrit alors, un peu comme nous l'avons vu avec Goffman, un recodage de l'existence autour de quelques principes : l'isolement, le travail des détenus, la finalisation du temps. En fait pour opérer la transformation sur les individus elle a recours à 3 grands schémas : - le schéma politico-moral de l'isolement individuel et de la hiérarchie. - Le modèle économique de la force appliquée à un travail obligatoire. - Le modèle technico-médical de la guérison et de la normalisation. Ces trois schémas peuvent s'incarner dans les trois objets que sont la cellule, l'atelier et l'hôpital. [...]
[...] Ainsi on a pu voir au 17ème siècle par exemple à Avignon, une foule émue et pleine de compassion qui sauve le pendu et lapide le bourreau. C'est donc en partie par méfiance d'une rébellion contagieuse que l'on supprime peu à peu le supplice, on passe alors à un système beaucoup plus secret, institutionnalisé et invisible. Avec la disparition du supplice on assiste donc à une disparition du corps comme cible majeure de la répression pénale. Désormais la punition tend à devenir la part cachée du processus pénal et Foucault écrit : la certitude d'être puni, c'est cela et non plus l'abominable théâtre qui doit détourner du crime ( cf même principe que le panoptique Benthamien voir plus tard). [...]
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