François de Singly, Fortune et infortune de la femme mariée, Paris, PUF, 2004
François de Singly, sociologue français spécialisé en sociologie de la famille, apporte ici une étude cherchant à déterminer le coût social et culturel relatif à la vie conjugale payé par la femme, et dont la première édition a été publiée en 1987. Son œuvre, Fortune et infortune de la femme mariée, a été plusieurs fois réactualisée. L'édition de 2004 comporte en particulier une nouvelle postface prolongeant la réflexion de l'auteur dans le contexte actuel.
Pour reprendre les mots de l'éditeur, « la conclusion impitoyable était et est toujours que la vie conjugale a un coût social et culturel pour les femmes, tant sur le partage des tâches domestiques, l'éducation des enfants, que sur l'évolution d'une carrière professionnelle et sa rémunération ». Comment François de Singly parvient-il à ces conclusions, et quelles sont-elles plus précisément ? Jusqu'à quel point ces apports nouveaux sont-ils significatifs et quelles en sont les limites ?
[...] Néanmoins, le célibat féminin pourrait aussi résulter, selon lui, d'un problème de calendrier Il existe une tranche d'âge favorable aux mariages, que la femme faisant de longues études dépasse, ce qui l'écarte du marché matrimonial. Ce retard ne pose pas le même problème pour les hommes fortement dotés scolairement, puisque la norme des hommes se mariant à un âge plus tardif en moyenne que les femmes persiste. L'auteur souligne un autre point. La valorisation indirecte de la femme par son mari et ses enfants amortit les investissements de la femme dans le cadre de son mariage. [...]
[...] Néanmoins, l'activité professionnelle de la femme mariée diminue avec le nombre d'enfants. L'ensemble des conclusions précédentes est apporté dans la première partie de l'ouvrage. L'auteur cherche ensuite à les agréger pour apporter une réponse à sa problématique initiale, c'est-à-dire déterminer le prix du mariage pour la femme. Pour dresser un bilan du coût du mariage, il faut donc prendre en compte plusieurs éléments. La difficulté réside dans le fait que le mariage n'a pas d'effets unilatéralement positifs ou négatifs, ce qui soulève des ambiguïtés l'auteur parle de mariage équivoque Les principaux critères soulignés par l'auteur sont les pertes de rendement de la dot scolaire de la femme sur le marché du travail, face auxquelles figurent les gains engendrés par les placements dont le mari et les enfants sont les intermédiaires. [...]
[...] Nous chercherons à présent à déterminer dans quelle mesure ces conclusions apparaissent fondées et quelles semblent être les quelques limites apparentes de la réflexion de l'auteur. La méthode utilisée, spécifique à l'auteur, et l'analyse sociologique effectuée permettent d'établir des conclusions et des remises en question d'éléments antérieurs d'une grande clarté. Surtout, l'utilisation d'outils tels que les tableaux à trois ou quatre entrées lui permet d'« aller plus loin que ses prédécesseurs dans l'analyse des relations entre conjoints (François Héran, dans la Revue française de sociologie). [...]
[...] On pourrait plaisanter en déclarant que l'analyse sociologique de François de Singly n'est pas à l'image des prénoms et nom de son auteur : ni classique, ni noble. Elle apporte en effet en 1987 un éclairage tout à fait nouveau sur le monde conjugal et ses répercussions sur ses acteurs, tout en réduisant tout ce qu'il peut y avoir d'avantages dans le mariage pour la femme à néant, à travers une vision purement économique du concept, pour ne pas dire terre-à-terre. [...]
[...] Il n'est pas en concurrence avec sa femme dans le domaine professionnel, étant presque toujours considéré comme prioritaire. Des transferts s'effectuent également dans le sens inverse. Si elle est souvent poussée à mettre de côté sa valorisation directe, en abandonnant son activité professionnelle notamment, la femme bénéficie d'une valorisation médiate conséquente de ses richesses par son mari. Celle- ci comporte néanmoins des risques puisqu'en cas de rupture, elle perd toute rémunération alors même que son mari conserve les bénéfices obtenus. [...]
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