Les formes élémentaires de la vie religieuse, Emile Durkheim

Résumé du document

E. Durkheim s'intéresse dans son ouvrage, Les formes élémentaires de la vie religieuse à l'origine de la croyance religieuse, dans quel contexte elle est née et pourquoi. L'étude de ce texte paraît d'autant plus intéressante que l'analyse du développement de la religion constitue l'un des fondements de l'étude sociologique, dont Weber et Durkheim sont notamment des pionniers. Le sociologue français étudie dans cette partie de l'ouvrage le mana totémique, ou plus précisément, comment au sein des sociétés primitives, l'idée de culte voué à une force via un totem s'est développée. Avant de développer la genèse du principe de mana totémique ; l'auteur précise tout d'abord que le principe totémique ne diffère pas des autres sortes de religions puisqu'en même temps « qu'une force matérielle [il] est aussi une puissance morale », en cela que l'individu se soumet et vénère le totem plus par l'obligation morale qui lui est rattachée que par la contrainte physique à proprement parler. Enfin, pour mettre fin à toute ambiguïté il précise que toutes les religions sont en conséquence une sorte de « technique qui permet d'affronter le monde avec plus de confiance ».

Extraits

[...] Néanmoins, on ne peut s'empêcher d'être dérangé par certaines expressions employées qui rendent le propos parfois obscur, l'existence de forces, qu'elles soient internes ou externes aux individus ne constitue pas une argumentation assez puissante pour expliquer tous les phénomènes sociologiques. [...]

[...] Émerge alors clairement de l'analyse l'idée de Dieu, à la fois comme puissance morale, mais aussi comme force sur laquelle chaque individu peut s'appuyer. La croyance religieuse est donc clairement une croyance collective, et s'exprime de manière manifeste entre les différents individus, devenant ainsi partie intégrante de notre être s'organisant en nous. Durkheim prend des exemples historiques pour illustrer à quel point le fidèle a besoins de communier au sein de la communauté dans des moments intenses et brefs. On notera l'extraordinaire effervescence des Croisades ou de la Révolution française pour appuyer notre argumentation. [...]

[...] D'un côté, le totem, qui le plus souvent prend la forme d'une plante ou d'un animal représente la forme extérieure et sensible de ce que Durkheim qualifie le principe ou le dieu. D'autre part, il peut aussi symboliser cette société, ou clan et en devient en quelque sorte l'étendard. L'autre caractéristique qui paraît primordiale dans l'analyse de Durkheim est l'ascendant moral qui a trait aux totems. C'est la notion dont nous avons déjà parlé consistant à dire que le fidèle se croit obligé d'agir et de penser selon un cadre moral clairement défini par le Dieu au travers du totem. [...]

[...] Ces diverses explications permettent de comprendre comment le clan parvient à éveiller dans les consciences qu'il existe des forces exogènes qui agissent sur les individus. Mais comment exactement la société suscite-t-elle la sensation du sacré et quelle forme prend donc celui-ci ? Au travers de l'exemple de rites sacrés dans une société australienne, Durkheim parvient à prouver que par une sorte d'effervescence collective qui permet à l'individu de vivre l'extraordinaire (puissances inconnues qui le galvanisent) de façon intense, est née dans les sociétés dites primitives l'idée religieuse. [...]

[...] Cependant, le texte présente plusieurs défauts qui le handicapent sérieusement, d'un point de vue contemporain tout du moins (bien que Weber dans son approche individualiste se soit opposé à lui en même tant qu'il écrivait cet ouvrage). Tout d'abord, le texte souffre d'un manque de clarté dans certains de ses termes, et est ainsi obscurci alors que la thèse de l'auteur pourrait être formulée en d'autres termes. Expliquant par exemple l'importance de la communion de groupe dans l'émergence du sentiment de sacré et donnant l'exemple de la Révolution française ou des Croisades, Durkheim ajoute que ces états de surexcitation ont une influence roburative L'auteur épaissit le concept alors qu'il n'en a à ce stade nullement besoin. [...]