Argent - monétarisation - institution sociale
L'argent est présent dans toutes les sphères de la vie moderne. Il est nécessaire pour vivre, mais quelle vie propose-t-il ? La monétarisation de la vie quotidienne est-elle source d'aliénation ou de libération ? Pourquoi l'argent fait-il l'objet de condamnations morales récurrentes ? Que nous apprend-il sur les valeurs d'une société ? Les comportements face à l'argent diffèrent-ils selon les groupes sociaux ? Comment circule-t-il au sein de la famille ? Le crédit est-il désormais socialement accepté en France ? Cet ouvrage propose une approche sociologique de l'argent : il rend compte aussi bien de la centralité des échanges monétaires dans les formes modernes du lien social que de l'extrême diversité de ses pratiques. L'argent y apparaît comme une formidable clé pour circuler dans les coulisses les moins visitées du monde social.
[...] En revanche, bien entendu, cela ne se fait pas sans dommage. Ainsi, il faut concéder alors l'affaiblissement du lien social traditionnel, comme de nouvelles formes de domination. L'argent, une source d'oppression ? Pour Marx, l'avarice orientée vers l'argent comme tel n'existe que dans la mesure où l'argent est la forme générale de la richesse en face des marchandises qui sont ses substances particulières (Grundrisse, 1857-8). Ceci s'explique assez aisément par l'opposition des cycles = argent ; M = marchandise) et formule générale du capital qui sont établis dans le premier livre du Capital (1867), et qui sont des piliers de la théorie économique marxiste. [...]
[...] Le crédit Le crédit a été relativement bien démocratisé par les réformes Debré ; toutefois, sous son patronage et depuis celui-ci, l'Etat se désengage peu à peu de ce service. À partir de 1971, on voit l'apparition du crédit à la consommation acté par prêt personnel puis en 1985-7 c'est l'entrée en scène du crédit revolving. Face aux problèmes conjoncturels, la loi Neiertz instaure les procédures de surendettement. Certains malgré tout pointent du doigt le crédit comme dangereux : il affaiblit l'ethos de l'épargne comme la rigueur morale (crédit à la consommation), et tout à la fois il peut être facile et trompeur (crédit revolving). [...]
[...] Toutefois, et ceci apparaît comme un paradoxe, l'argent est très présent dans les familles : e.g. pour certaines tâches domestiques . mais aussi bien sûr pour le soutien mutuel des différents membres. Cependant, l'argent apparaît de moins en moins comme primordial dans les pratiques familiales. En bref, la famille contemporaine a renié son histoire partimoniale, pour ne reconnaître que ses fondements affectifs, sans arrière-pensées d'intérêts reste que du budget consommé des ménages étaient consacrés en 2000-2001 à des transferts familiaux On peut penser que cela est contradictoire avec la promotion de l'autonomie à la mode dans nos sociétés. [...]
[...] Cependant, ses défenseurs affirment du crédit qu'il favorise l'intégration sociale. Mais précisons à présent la notion de crédit revolving. Il s'agit d'un crédit à moyen terme renouvelable au fur et à mesure des 1. Les Nouvelles Frontières de l'argent Page 5 de 8 MOUNDANGA Loïc HK3 Sociologie de l'argent, D. de Blic & J. Lazarus (2007), éd. La Découverte, coll. Repères remboursements. Ils sont pratiqués grâce à des cartes, que l'on appelle cartes de crédit (à proprement parler ; attention ! [...]
[...] Même homogène et transférable, l'argent demeure inscrit dans des temps, des lieux et des relations sociales spécifiques nous disent De Blic et Lazarus. À l'inverse des analyses du début du Xxe, qui annonçaient une uniformisation sans appel due à l'argent, on remarque que les individus bâtissent des frontières sociales et culturelles dans leur rapport à l'argent, notamment en le subdivisant en monnaies multiples (classification des dépenses, etc). Au sein du foyer, l'argent perd son homogénéité Cette perpétuation des liens entre les valeurs, la morale . [...]
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