Le constat initial sur lequel repose cet ouvrage est celui d'un déclin de l'idée de société. Cette formulation entend rendre compte de l'essoufflement d'un certain mode de représentation de la vie sociale, celui qui avait été construit entre la seconde moitié du XIX ème siècle et les années cinquante. L'idée de société était une philosophie sociale, une métaphore s'efforçant de décrire la société, alors que celle-ci entrait dans la révolution industrielle; cette représentation permettait de reformuler les vieilles questions de l'ordre, de l'action... Aujourd'hui cette idée de société correspond à « un type idéal antérieur, vis à vis duquel la société contemporaine connaît une longue crise » (...)
[...] Le déclin de l'idée de société correspond à l'effritement de ses diverses composantes face aux critiques. Ce déclin consiste en un épuisement du mythe à cause du triomphe de ses conceptions les plus tragiques : désenchantement du monde - dégradation de la raison libératrice en instrumentalisme la démocratie vue comme un mode domination technocratique. La métaphore de l'organisme social s'est effondrée, toutes les théories sociologiques s'étant attaquées à cette représentation de la société[1], en témoignent l'émergence des théories constructivistes et interactionnistes : la société n'est pas une totalité organisée mais une construction conjointe réalisée par les acteurs au cours de leurs échanges sociaux et langagiers. [...]
[...] Le CDI perd de son hégémonie, tandis que le travail à temps partiel progresse. L'emploi précaire fait désormais partie du parcours professionnel. A cette précarisation progressive de l'emploi répond la hausse régulière du chômage et la tendance à la réduction du temps de travail. Avec ces bouleversements du monde du travail, la question est de savoir quelle signification prend aujourd'hui le travail dans l'identité sociale des individus. Le travail a gardé un poids important dans la construction des identités, il reste un lieu d'épanouissement personnel, mais il n'a plus le rôle hégémonique qu'il possédait avant. [...]
[...] Les assistés intériorisent leur rôle et commencent à justifier leur prise en charge. La rupture est la phase ultime du processus : les personnes ont le sentiment d'être inutiles à la société. Bibliographie Dans quelle société vivons-nous F Dubet et D Martucelli, Ed Seuil Qsj la fracture sociale, X Emmanuelli et C Frémontier L'exclusion, l'état des savoirs, sous la direction de Serge Paugam, éd la découverte La socialisation, D Bolliet et J-P Schmitt, Coll Thèmes et débats, Bréal Dossier l'exclusion nouvelle question sociale, Science humaine mai 1993 La disqualification sociale, S. [...]
[...] Les approches qui tentent de cerner le problème social s'organisent en trois groupes. Chacune d'elle reprend un des éléments qui font, selon F Dubet et D Martucelli partie de ce qu'ils nomment la décomposition de l'idée de société. La première s'intéresse plus aux problèmes culturels et politiques. Pour celle-ci les causes de l'exclusion résident dans un déclin général des institutions sociales collectives, i.e. la désinstitutionnalisation Les anciens cadres de la socialisation s'effritent, l'une des causes pouvant être l'éclatement de la société française en de multiples communautés. [...]
[...] Chacun ressent le besoin de s'affirmer, d'être reconnu pour soi, les individus prennent leurs distances par rapport aux normes et rôles sociaux. L'individu bricole sa figure. On peut distinguer trois modèles identitaires. Il y a ceux qui voudraient ne s'identifier qu'à leur Moi public, ce qui suppose que celui-ci soit assez attrayant pour cela. On peut aussi noter l'existence d'un Moi privé qui fait appel aux identités primaires (sexe ethnicité), enfin le dernier groupe est constitué par tous ceux qui ne parviennent pas à surmonter l'écartèlement des orientations d'action. [...]
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