Fiche de lecture de sociologie sur Alice Ingold « Écrire la nature De l'histoire sociale à la question environnementale ? », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 66e année, no. 1, 2011, pp. 11-29
[...] « Écrire la nature De l'histoire sociale à la question environnementale ? », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 66e année, no pp. 11-29. Cet article de présentation d'un cahier des Annales consacré à l'environnement entend présenter les enjeux théoriques et méthodologiques d'une histoire de la nature dans le champ des sciences sociales. Dès les premières lignes se dessinent deux axes de positionnement. D'un côté, par rapport à la multiplication des débats au sein de la société civile et du monde politique, la question environnementale a pris une importance primordiale. [...]
[...] En d'autres termes, le chercheur ne serait plus conçu de manière démiurgique mais tout simplement comme acteur d'un espace social plus large où il serait pleinement intégré. Si la position surplombante du chercheur est refusée sur le terrain, elle lui est nécessaire pour faire instruire son travail d'historicité contre la mise en récit, la narrativité mythique associée aux discours sur l'environnement. En conclusion, Alice Ingold nous offre ici une version particulièrement innovante et stimulante pour les sciences humaines et sociales de traiter un cas limite selon une méthodologie appropriée. [...]
[...] Entre fertilité des sols et analyse démographique, il entend montrer les conditions naturelles aux découvertes et inventions humaines. De manière plus structurelle, la fin du XXème siècle, nourrie par un courant de déconstruction des concepts, a conduit à appréhender de manière nouvelle de nombreux sujets d'étude. L'apport critique visant à mettre en perspective un rapport dominant à la nature se retrouve à la fois dans l'anthropologie de Philippe Descola que dans les postcolonial studies et subaltern studies. De façon un peu formelle, Alice Ingold se prête à un catalogue de réponses critiques, sans néanmoins les développer. [...]
[...] On aurait fortement apprécié que sa critique soit, comme celle de Gérard Chouquer sur l'omniprésence des notions géométriques dans les disciplines historique et géographique, appuyée sur des explications, des exemples et sur une contextualisation. Ainsi, Gérard Chouquer revient, dans sa critique, sur l'usage des mots, leur étymologie, leur inscription dans le système de pensée occidental etc., appareillage méthodologique qui révèle toute la force de son argumentation. Ceci est d'autant plus dommageable que le reproche d'un manque d'historicisation et de sociologisation des concepts peut aussi être reproché à Alice Ingold dans la manière dont elle critique Philippe Descola. [...]
[...] De l'autre, Alice Ingold cherche à instruire l'objet de la nature comme objet plein de la discipline historique, sociologique ou anthropologique. L'arrivé de la notion de « régulation » ou de « gouvernance », conjointe avec les théories plurielles des risques ont ouvert une nouvelle représentation du rôle, des impacts et des responsabilités humaines dans les transformations écologiques et environnementales. Pour autant, les études environnementales émergent dans un contexte de critiques et de débats d'autant plus vif qu'il répond à un double aveuglement : Un aveuglement lié à l'institutionnalisation des sciences humaines, notamment l'histoire sociale, qui aurait « mis à distance, voire oublié, l'environnement » (p.14). [...]
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