Jean-Claude Kaufmann, né en 1948, est un sociologue français spécialiste de la vie quotidienne. Il a choisi comme angle de recherche la microsociologie, c'est-à-dire l'étude des plus petits aspects de la vie courante sensés refléter et dévoiler les mécanismes intrinsèques gouvernant nos conduites. Ainsi, après des études sur "l'analyse du couple par son linge", sur la "sociologie des seins nus", il a été amené à s'intéresser à la vie en solo, phénomène majeur et révélateur de notre société contemporaine, suite à une étude que lui a demandée la Commission européenne qui souhaitait disposer d'une vue d'ensemble du phénomène de la solitude en Europe.
Dans l'histoire ancienne le célibat était considéré comme anormal puisque l'alliance permettait l'union de communautés et donc d'éviter les guerres. Mais le passage d'une société où l'individu faisait partie d'un tout et n'avait pas de sens en dehors d'elle, à une société individualiste centrée sur la personne a favorisé l'essor de la vie en solo. Ainsi cet état de vie n'a pas cessé d'augmenter depuis le début du XVIIIe siècle malgré des phases de ralentissements périodiques. Le modèle du couple a réussi à se maintenir malgré les chocs qui y ont été portés car ce modèle a su évoluer et intégrer des éléments nouveaux. Malgré tout il se crispe actuellement face à l'apparition de très nombreux autres archétypes et face à la disparition de son "cœur" (le trio père-mère-enfant devenant le duo mère-enfant).
Malgré tout, l'omniprésence du modèle du couple pousse les solos à l'attente du Prince charmant qui signera la fin de "l'anormalité". L'idéalisation suit et la vie n'est plus qu'un va-et-vient entre le Prince rêvé et les princes "à la petite semaine" qui sont un compromis entre rêve et réalité. Le vrai Prince doit lui s'imposer par évidence, et par un amour "céleste", conception entretenue par de nombreux films, romans-photos… La réalité est donc bien décevante pour les solos puisqu'elles attendent un Prince qui ne peut arriver puisqu'il n'existe pas sous la forme idéalisée.
[...] Il alimente ainsi un sentiment d'imprécision (faible description du Prince charmant, aucune recherche sur son existence ) qui est le revers de la médaille d'une simplification et d'une volonté de vulgarisation, peut-être, un peu excessive. A d'autres moments sa recherche historique semble un peu rapide (il le reconnaît lui-même) ; il n'inscrit pas l'histoire du célibat dans un grand mouvement historique et le réduit plutôt à une construction interne au pays sans faire part des apports de l'Antiquité qui ont façonné l'homme (mythe de l'androgyne du Banquet de Platon ) et sur les bouleversements induit par la christianisation des sociétés. [...]
[...] Les lieux d'habitation des femmes seules en apprennent également beaucoup sur elles. Appartement spacieux et peu encombré synonyme de liberté, le lit lieu à la douceur quasi fœtale mais aussi reflet de solitude (froid, espace vide absence de grande table, cuisine "sur le pouce" Le but est ici de créer une sensation d'enveloppement réconfortante qui cachera le vide mais qui n'arrivera jamais totalement à enlever la sensation du vide. La seule façon d'échapper à ce vide est alors de sortir, d'aller dehors, afin de combattre la légèreté de l'être et de se confronter aux amis, de découvrir, de se cultiver et de trouver le Prince charmant. [...]
[...] Elles "suraffirment" ainsi leur soi et ont donc encore plus de mal à le remettre en cause pour former un couple. Émerge alors un nouveau modèle celui de la conjugalité non cohabitante, qui leur permet de se préserver un jardin secret, de ne pas montrer leurs faiblesses et de garder leur indépendance ( c'est le cas pour des femmes de 20 à 50 ans). III) Analyse des thèses, concepts sociologiques et méthodologie Courant et approche théorique de l'auteur Jean-Claude Kaufmann s'inscrit dans le courant de la microsociologie ce qui l'a amené à développer ses propres outils et méthodes de travail (sommairement caractérisés par une prise directe avec les terrains d'enquête et un goût pour le concret) en raison de la jeunesse de cette discipline. [...]
[...] Elles se répartissent en deux groupes les "chevaux au galop" (solitude bien vécue) et les "dinosaures de l'Amour" (solitude plus ou moins bien vécue). P 189. Les solos "célibattantes" ont trois grandes caractéristiques : - la fuite est leur moyen d'éviter le vide, ce qui leur demande une énergie importante, - la volonté de cacher leurs faiblesses, - le "paradoxe de l'allure" qui consiste à se donner une image extrêmement valorisante qui fait peur par "excès" de perfection. Ces caractéristiques induisant une suraffirmation du soi difficilement remise en cause pour former un couple et débouchant sur un modèle intermédiaire, celui de la conjugalité non cohabitante. [...]
[...] Fiche de lecture : la femme seule et le prince charmant Sommaire Références et présentation de l'auteur. II) Résumé du livre. III) Analyse des thèses, concepts sociologiques et méthodologie. IV) Approche critique. Références et présentation de l'auteur Jean-Claude Kaufmann, né en 1948, est un sociologue français spécialiste de la vie quotidienne. Il a choisi comme angle de recherche la microsociologie, c'est-à-dire l'étude des plus petits aspects de la vie courante sensés refléter et dévoiler les mécanismes intrinsèques gouvernant nos conduites. [...]
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