Il s'agit pour Loic Blondiaux de reprendre depuis le début la formation de ce qu'on appelle "opinion publique", re-inventer l'invention et avancer en même temps qu'elle. Ainsi, il insiste bien sur l'importance de la neutralité dans ce travail d'envergure, c'est pour cela qu'il ne prend parti à aucun moment dans son ouvrage pour une définition précise de l'opinion publique. Se contentant d'étudier à la même échelle les procédures et méthodes qui ont fait de l'opinion publique ce qu'elle est aujourd'hui et son contexte social et politique. Outre cette génèse de l'opinion publique, il a également porté son étude sur ses différents modes d'énonciation ainsi que les acteurs s'octroyant ce droit de faire parler l'opinion. C'est ici qu'intervient le sondage qui s'est affirmé au fil des années comme une définition chiffrée de l'opinion, et donc la plus légitime, méritant de ce fait une considération particulière. Il va ainsi tout d'abord analyser la naissance de la technique du sondage aux Etats-Unis (I - II), puis son exportation vers d'autres horizons et d'autres logiques sociales notamment vers la France (III - IV).
[...] ) que de la façon dont les individus doivent être interrogés (interview face à face ou par voie postale, question fermée ou ouverte . Car Roper et Gallup sont bien conscients que de cela dépendront les résultats de leurs sondages. C'est à ce niveau qu'apparaîtront donc des différences entre les deux hommes qui ne s'entendront que sur le sujet de la question fermée dans un commun souci d'efficacité (moyen d'obtenir une réponse claire et nette et sans soucis pour les sondeurs d'interprétation des réponses). [...]
[...] Malgré cette petite avancée, les indicateurs à choisir pour une étude de l'opinion restent flous. C'est ainsi qu'il a été tenté une utilisation du vote finalement jugé trop fruste et limité, ou encore de la presse, mais le lien entre les opinions exprimées par les journaux et les attitudes de leur lectorat ne peut pas être prouvé. II - L'opinion publique et ses porte-parole C'est donc l'invention du sondage qui va donner une forme précise à l'opinion publique, mettant fin à la tentative de définition dont elle avait fait l'objet jusque là. [...]
[...] Il n'en pas moins qu'il s'agit là d'une des bases de ce qui sera de manière plus effective dans le futur une méthode d'échantillonnage. Celle-là même qui donne aux sondages son principal atout: la capacité à substituer la partie au tout. Cette méthode d'échantillonnage tient elle aussi sa base sur des expériences passées et des méthodes éprouvées. On pense notamment à la méthode de "l'échantillonnage au hasard" (ou "random sampling"), qui comme son nom l'indique est basé sur la sélection d'un échantillon au hasard. Les critiques émises à son sujet paraissent dès lors évidentes: comment se fier aux résultats du hasard? [...]
[...] Elle peut se vanter dès lors d'avoir en plus de ses facultés de scientificité, une capacité de prédiction. Dès lors commencera l'ascension de la technique du sondage auprès tout d'abord de la presse. C'est ensuite la guerre qui va favoriser l'utilisation des sondages par le gouvernement, procédé de substitution aux élections pour connaitre le "moral" de l'opinion publique. Même si la fin de la guerre marque aussi la fin de cette collaboration intensive, il n'en est pas moins qu'au moment voulu c'est bien le sondage qui s'est imposé comme moyen de connaître l'opinion publique. [...]
[...] Mais cette attaque n'aura pas de conséquences graves aux vues de l'absence de preuves empiriques ou expérimentales. Mais un autre débat plus complexe fera plus de vagues. Il pend sa base dans le type de régime lui-même, puisque par principe une démocratie représentative donne aux représentants le droit et le devoir de faire des choix qui ne seront peut-être pas à la convenance immédiate de ses électeurs mais devront servir son intérêt à long terme. Or le risque serait de transformer les élus en simples "poupées de l'opinion publique". [...]
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