L'allaitement mercenaire, traditionnel en France, prend au XIXème siècle une ampleur et une signification nouvelles. Déjà présente au XVIIème siècle, cette pratique se développe d'abord dans les milieux aristocratiques, où certains médecins prônent la séparation rapide d'avec la mère, pour que les "humeurs néfastes à la bonne santé de l'enfant ne lui soient pas transmises".
Au XVIIIème siècle, le phénomène s'accélère, nourri par le développement du travail des femmes. Les populations prolétaires qui s'entassent dans les grandes villes, mais aussi les classes moyennes urbaines envoient massivement leurs enfants en nourrices à la campagne, où ils grandissent parfois et meurent souvent. Le développement, pour ne pas dire la systématisation de la mise en nourrice, est donc un phénomène marquant du XIXème siècle, avec des conséquences importantes sur la mortalité enfantine ou la représentation du rapport entre la mère et l'enfant.
[...] Les administrateurs du Grand Bureau ont étaient les premiers à mettre l'accent sur l'aspect spéculatif des petits bureaux, notamment sur les primes offertes aux sages- femmes et aux médecins qui les fréquentaient. Meneurs et meneuses sont toujours considérés comme les personnages centraux de l'infâme trafic nourricier, et Monot, tout comme ses contemporains, les dépeint sous des traits d'entremetteurs redoutables : Il existe aussi les meneuses, femmes cupides, grossières, sans cœur dont le métier consiste à recruter . rabais l.25 à 28. [...]
[...] Cependant, les milieux moins aisés ne trouvaient que des placements plus lointains : le transport était plus dangereux, la surveillance plus difficile, les visites plus rares. Enfin, à 100 ou 200 km de la ville d'origine, étaient envoyés les enfants des familles les plus pauvres, ceux des prolétaires, des mères célibataires et les enfants abandonnés. Là, comme dans tout le nord de la France, les enfants n'étaient pas toujours allaités au sein. La séparation presque totale Parent enfin était donc doublée du non-allaitement. [...]
[...] Monot souligne dans cet extrait, le fait que la mise en nourrice permettait à la famille de se mettre à l'abri du besoin. La cause première de l'abandon, était la situation de détresse dans laquelle se trouvaient les parents, et surtout des mères célibataires, en effet ceci expliquait essentiellement leur acte. Monot le souligne l.1 à 2 La fille-mère, repoussée par tout le monde, sans travail, sans ressource, le plus souvent, confie son enfant à une mauvaise nourrice» et l.8 à 9 La pauvre mère est obligée . [...]
[...] Tout d'abord, le docteur Charles Monot apparaît comme un promoteur de ces débats et cherche à émouvoir la population. Le coup d'envoi est donné en 1865 et 1866 par l'arrivée, à l'Académie de Médecine, de deux ouvrages qui se voulaient témoignages d'une expérience vécue, des observations portant sur des centaines d'enfants. Les deux auteurs étaient de formation analogue. Le premier, le Dr Charles Monot, maire de la commune de Montsauche dans le Morvan, qui en plus de ses activités libérales exerçait la médecine dans le cadre public à titre de médecin des épidémies et de correspondant de l'Assistance publique du département de la Seine. [...]
[...] Enfin, la dureté du climat hivernal, la présence de redoutables fondrières sur les quelques routes et nombreux chemins de ce pays, fait de l'exercice de la médecine une véritable expédition. Ainsi, la mortalité des Petits-Paris relève sans doute autant de ces données fondamentales, des sevrages prématurés, des conditions de voyage que de l'attitude des parents nourriciers. L'effort de surveillance des nourrissons et de moralisation du marché nourricier contribue incontestablement à réduire certains abus. Mais c'est surtout l'évolution des mœurs et des techniques qui explique tout à la fois la réduction du taux de mortalité des nourrissons et la diminution globale des placements en nourrice à la fin du siècle. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture