Ce document est un résumé commenté du troisième et dernier chapitre de "la société des individus" de Norbert Elias. Ce texte sociologique fondamental nous permet d'explorer les notions de société, d'individus, et les évolutions des rapports entre le "je" et le "nous" dans les sociétés occidentales. Il s'agit de comprendre le processus d'individualisation tout en gardant à l'esprit l'idée que le groupe est inséparable de l'individu et inversement.
[...] Il s'agit du processus dit d'intégration des individus évoqué en introduction. Elias observe que la population mondiale a augmenté de 150% entre les années 1930 et les années 1980. Et malgré cette forte croissance de la population, les groupes structurés qui la composent : les Etats ont tendance à être de moins en moins nombreux et de plus en plus dépendant les uns des autres. C'est pour cela que comme nous l'avons vu Elias remet en cause l'identification de la société à l'Etat. [...]
[...] Même si les deux grandes tendances générales dont nous avons parlé précédemment (processus d'intégration des sociétés humaines et prédominance du je dans son rapport au nous) agissent en faveur de l'intégration européenne, l'habitus des ressortissants des différentes nations européennes garde pour leur Etat nation un attachement affectif profond, et ce parce que ces Etats nations ont longtemps rempli la fonction d' unité de survie : toutes les désignations d'Etats nationaux européens ont pour tous les individus qui en font partie une forte valeur affective, qu'elle soit positive négative ou mitigée. Revenons désormais sur cette notion d'unité de survie. Si cette fonction revêt tant d'importance aux yeux des individus qui en bénéficient, et si elle suscite de tant d'affectivité de leur part, c'est qu'elle assure davantage que la sécurité civile et sociale. [...]
[...] En effet, en produisant une sociologie qui met en évidence les processus sociaux, et donc les changements de longue période, il en arrive à affirmer l'obsolescence de certaines traditions sociologiques : Même lorsqu'on traitait de l'évolution d'une société, on parlait en générale, comme par exemple chez Marx, de l'évolution dans le cadre d'un Etat. On parlait tout au plus de phénomènes se produisant à l'intérieur de différents Etats : que l'on songe au célèbre ouvrage de Durkheim sur le suicide. La notion d'humanité semblait au contraire un cadre conceptuel trop vague du point de vue sociologique. [...]
[...] Nous pourrions sans difficulté réfuter la possibilité de l'isolement du je par rapport au reste du groupe, nous pourrions réfuter également le solipsisme cartésien[18]. Cependant là n'est pas notre propos ni celui d'Elias. Il s'agit de montrer qu'avec Descartes, à tort ou à raison d'un point de vue métaphysique ou scientifique, le je trouve une indépendance nouvelle vis-à-vis du nous. Avec Descartes s'ouvre une tradition de philosophie de la connaissance qui conçoit la recherche de la vérité à travers la figure d'un penseur isolé du monde, sans la médiation du groupe, de la collectivité. [...]
[...] Tout individu se socialise tout au long de sa vie même si les changements qui affectent le je peuvent être moins rapides à l'âge adulte. Ce point est d'autant plus cruciale que l'individu, étant en contacte permanent avec la société et avec l'ensemble des structures collectives - lesquelles sont mouvantes - ne peut être insensible aux variations de son environnement. Il y a une totale interdépendance entre l'individu et la société, quand la société change, l'individu change et inversement. C'est pourquoi il n'est pas vraiment pertinent de distinguer radicalement individu et société. Il ne s'agit en fait que des deux faces d'une même pièce. [...]
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