Partant du constat que statistiquement « les chefs d'entreprises [...] mais aussi les représentants des couches supérieures qualifiées [...] sont en grande majorité protestants », M. Weber va faire le lien entre l'idéal-type des préceptes éthiques de la religion issue de la Réforme et l'« esprit du capitalisme ». Avant de revêtir sa forme actuelle, le système économique se présentait comme une forme d'organisation capitaliste : l'entrepreneur était animé par un esprit traditionnel dans son mode de vie, son taux de profit, son cercle de clientèle, etc. La révolution qui amena le capitalisme moderne est avant tout une transformation de cet esprit en un « esprit du capitalisme ». Ce dernier se caractérise par la rationalisation (soit l'extension de la rationalité à l'ensemble du monde social) et la recherche du profit. Ainsi, le devoir de chacun est d'augmenter son capital : l'argent est alors considéré comme une fin en soi. Cette conduite peut paraître irrationnelle du point de vue du bonheur personnel (seule la satisfaction d'avoir accompli son travail convenablement est tolérée). Lorsque l'on parle du capitalisme moderne, c'est donc seulement l'Europe et les États-Unis qui répondent à cet « éthos » particulier. Comment un tel esprit a-t-il pu s'implanter ?
[...] De plus, l'éthique protestante qui semble, pour Weber un parangon de rationalisme, présente un défaut: si la confession a effectivement éliminé toute magie et a eu des effets rationalisant, le principe sur lequel elle repose, soit le décret insondable par lequel Dieu distribue sa grâce est parfaitement irrationnel. Ensuite, un bémol peut être mis sur l'importance de l'influence d'un système de représentation sur l'action sociale des individus: ce système n'intervient que parmi beaucoup d'autres et il est par rapport à ces autres puissances limité et fragile. Dans cette oeuvre, Weber ne se penche que sur le facteur religieux de la rationalisation du monde moderne: il omet d'autres aspects tels que le droit, la politique, l'esthétique ou la pensée scientifique. [...]
[...] 3-Lien entre éthique protestante et esprit du capitalisme Comment ces représentations psychologiques ont-elles pu influencer le développement du système capitaliste? Le travail devient non seulement un moyen ascétique, mais aussi et surtout un but dans la vie: le métier est un commandement de Dieu (alors que pour Luther c'est une besogne à laquelle il faut se soumettre et se résigner). A partir de ce moment, l'homme a des devoirs envers les richesses qu'il possède: plus il en plus il a comme responsabilité de les conserver intacts pour la gloire de Dieu, voire de les faire fructifier. [...]
[...] Une des conséquences de la Réforme fut d'augmenter les récompenses d'ordre religieux que procurait au fidèle son travail quotidien, accompli dans le cadre d'une profession et d'en faire un objet moral D'autre part, le calvinisme (ainsi que les mouvements religieux s'y apparentant tels que le piétisme ou le méthodisme) renforça sa particularité avec sa théorie de la prédestination. Étant donné que seule une petite fraction de l'humanité était vouée au salut, les fidèles ont cherché des critères qui permettraient de savoir qui est élu. [...]
[...] Lorsque l'on parle du capitalisme moderne, c'est donc seulement l'Europe et les Etats-Unis qui répondent à cet éthos particulier. Comment un tel esprit a-t-il pu s'implanter? 2-Les transformations de l'éthique religieuse En employant la méthode de présenter les idées religieuses sous les formes d'un type idéal Weber relève deux changements majeurs issus de la Réforme. D'une part, la notion de Beruf a pris un nouveau sens et a été traduite par Luther comme une vocation le travail quotidien trouvait ici une connotation religieuse. [...]
[...] Le protestantisme parvint à créer une norme nécessaire à l'expansion de l'esprit du capitalisme: le meilleur moyen de s'assurer le salut est constitué par la motivation psychologique d'ériger son travail comme une vocation première de l'existence. On voit donc clairement de quelle façon l'idéal type de la conduite protestante a pu influencer le développement du capitalisme en Occident, mais aussi celui de la civilisation moderne elle-même, par sa rationalisation des représentations et son ascétisme issus de la nouvelle notion de Beruf. [...]
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