Les deux textes proposés à l'étude ont été écrits respectivement par Claude Martin et Bruno Palier, deux sociologues français.
Il s'agit ici de présenter les divers modèles d'Etat-Providence, et surtout de mettre en lumière les différences et les évolutions de ces modèles. Quel avenir pour ces modèles de régimes théoriques ? Ces textes se proposent ainsi d'effectuer une comparaison, « au cœur de la démarche sociologique », entre différents systèmes de protection sociale.
Nous concentrerons principalement notre fiche de lecture sur le texte de C. Martin, en le complétant par celui de B. Palier. Il s'agira de mettre en évidence leurs points de convergence et de divergences, ainsi que leurs particularités propres.
Tout d'abord, il est nécessaire de dégager l'argument principal des deux textes ici étudiés. S'ils disposent d'une cohérence thématique évidente, le premier texte se veut plus généraliste tandis que le second se penche spécialement sur l'évolution du système français.
En premier lieu C. Martin, qui définit l'Etat-providence comme un système institutionnel complexe devant protéger l'individu contre certains « risques » de l'existence, tente de répondre à deux questions principales : quels sont les différents modèles théoriques d'Etat-providence et leurs diverses configurations selon les pays ? Et surtout quelles sont les perspectives de transformation de leurs politiques sociales ?
Ainsi, il expose l'opposition entre le système institué par Bismarck et le système inspiré du rapport de Lord Beveridge. Il complète ensuite cet exposé théorique en indiquant les trois régimes d'Etat-providence proposés par Gosta Esping-Andersen. À cette classification, il ajoute enfin le modèle plus tardif d'Etat-providence d'Europe du Sud et évoque même le « gendered welfare state model ». Il rend ainsi compte d'une formidable diversité.
[...] 569-585 Palier B., Un long adieu à Bismarck ? in Palier B., Hall P., Culpepper P. (dir.), La France en mutation 1980-2005, Paris, les Presses de Sciences Po P. 197-228 Ouvrage général Echaudemaison C-D. (Dir.), Dictionnaire d'Economie et de Sciences Sociales, Paris, Nathan : P Beveridge (William) P.197 Etat- providence - P Sécurité sociale - P Annexe A-14, Keynes Ouvrages spécialisés Rosanvallon P., La crise de l'Etat-providence, Paris, Points Merrien F-X., L'Etat-providence, Paris, Que Sais-Je Esping-Andersen G. avec Palier B Trois leçons sur l'Etat-providence, Paris, Seuil Article L'Etat-providence, quel avenir ? [...]
[...] Plus loin[43], il évoque radicalement des évolutions structurelles tendant à modifier la nature bismarckienne originelle du système de sécurité sociale français Ainsi, ces nouvelles réformes[44] relèvent d'une logique non-bismarckienne[45] et il s'agit là d'une très importante mutation par rapport au système de protection mis en place en 1945. Finalement, pour terminer cette étude, il convient de discuter quelques points des textes. Premièrement, l'exposé théorique de C. Martin permet de préciser la crise que traversent les Etats-providence à la fois financière, sociale et de légitimité politique[46], notamment grâce à la méthode d'analyse comparée. S'il semble espérer une convergence européenne vers une Europe sociale c'est l'immobilisme qui parait pourtant l'emporter. [...]
[...] Palier de montrer une mutation progressive qui aurait bouleversé l'Etat-providence français, l'éloignant de plus en plus du système bismarckien. Pour justifier son propos, il décrit de manière très précise les différentes transformations du système social français. Dans un premier temps, il montre que la théorie keynésienne est à la base de notre Etat-providence, puis il aborde les conséquences de la crise des années 1970 sur la protection sociale[15]. Enfin, dans une dernière partie, il analyse longuement la dualisation progressive du système de protection sociale conséquence de trois types de réforme, qui constitue un réel changement d'orientation de l'Etat-providence français. [...]
[...] Il ne tient pas compte en effet de la nouvelle logique des pays conservateurs[51]. Au contraire, c'est le point sur lequel Bruno Palier insiste, notamment en rendant compte des nouveaux modes de financement introduits dans les systèmes corporatistes comme on l'a vu plus haut. Ainsi, les deux auteurs ne prennent pas la même position quant à l'évolution des Etats-providence, et il nous a semblé que la thèse de nouveau modèle d'Etat-providence de B. Palier était mieux justifiée car elle ne compte pas ce point aveugle et évoque avec force une nouvelle architecture et des changements d'instruments, de buts et d'idées Enfin, les deux textes n'ont pas la même approche : si Palier adopte un angle plutôt historique, spécifiquement axé sur la France, Martin utilise une perspective comparative, qui lui fait parfois manquer de nuances. [...]
[...] Théorie selon laquelle la France correspondrait au modèle corporatiste d'Etat-providence Cette opinion est courante d'après Claude Martin qui affirme lui-même dans son texte que le cas de la France est à part : système mixte, hybride entre Bismarck et Beveridge (p. De même, P. Rosanvallon par exemple affirme que : nous n'avons ni l'encadrement négocié à l'allemande, ni la discipline étatique à l'anglaise in Vie sociale, Paris à l'instar de mesures similaires adoptées dans d'autres Etats bismarckiens des problèmes rencontrés par les systèmes de protection sociale bismarckiens Expression de 1996 utilisée par Gosta Esping-Andersen pour évoquer l'inertie des Etats-providence bismarckiens, notamment la France Mesures mises en œuvre pour résoudre la crise entre les années 1970 et 1980 (p. [...]
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