L'idée de « l'établissement » a été votée à une courte majorité à l'automne 1967 au sein d'un courant maoïste emmené par Robert Linhart, courant dont le slogan était « il faut comprendre la réalité pour la transformer ». Suite à ce vote, des centaines d'étudiants désireux de rompre « l'isolement des masses, seules porteuses de la vérité » laissent derrière eux leurs attaches familiales et culturelles ainsi que leurs aspirations matérielles pour s'introduire au sein des masses ouvrières avec comme idée principale de « l'instruire et de s'en instruire ». Jusqu'en 1980 des militants « s'établirent » et permirent un durcissement des revendications ouvrières au profit des travailleurs français comme des travailleurs immigrés.
Mai 68 renforça l'engouement pour ces pratiques, l'incroyable mouvement de solidarité entre les étudiants et les ouvriers qui s'est développé lors des conflits amena nombre d'étudiants notamment à découvrir un monde dont ils n'avaient jusqu'alors pas conscience, une institutrice parisienne racontait par exemple dans une témoignage « Je rencontrais des ou-vriers pour la première fois. Je n'en avais jamais vu. Sans blague, même dans le métro (...). Je n'avais jamais vu une usine » (Libération, 19 mai 1978). Ce nouvel élan de solidarité fut à l'origine de la remise en cause de l'ordre social, et l'établissement était pour les établis comme Linhart le moyen de rompre les frontières sociales. Linhart a écrit ce livre pour appor-ter un témoignage de son expérience d' « établi ».
[...] - Faire sentir l'infériorité La hiérarchie est très marquée, dans l'ordre on a les chefs, les blouses blanches ou contremaîtres, les blouses bleues ou chefs d'équipe, les régleurs ou petits chefs et, chez les ouvriers, les ouvriers professionnels, puis les OS3, les OS2, les OS1, les M3, les M2 et les M1. Les supérieurs traitent sans cesse leurs subalternes avec dédain (p31 notamment), ça s'observe notamment dans l'expression les milles façons de vous répéter à chaque instant de la journée que vous n'êtes rien (p29). La hiérarchie dépend aussi de l'origine ethnique comme nous l'avons déjà vu (cf. [...]
[...] Les meneurs étrangers sont menacés d'expulsion vers leur pays (p100), on les menace également de les expulser des foyers Citroën (p67). - Dépasser la soumission et vivre la tête haute Pour échapper à la basse estime d'eux-mêmes que l'usine pourrait les amener à développer, les ouvriers se transforment du tout au tout dès qu'ils passent les portes de l'usine et ce en multipliant les artifices avec à la clé l'espoir d'être appelé Monsieur (p70). - Un sentiment de classe ouvrière Kamel lors de son aveu (p179) témoigne de l'existence d'une certaine solidarité entre les ouvriers, pour commenter cette rencontre Linhart écrit d'ailleurs Kamel aussi, c'est la classe ouvrière Cette solidarité s'observe régulièrement entre les travailleurs : Ali aide Linhart jusqu'à ce que ça lui soit interdit (p146), c'est une attitude assez commune (p33). [...]
[...] Mais l'Organisation du travail ne prend pas le temps de comprendre les intérêts de son établi, Linhart explique si on regarde travailler Demarcy juste deux ou trois minutes, il semble perdre du temps à tripatouiller son établi, à déplacer les écrous, à ajuster les cales. Evidemment, si on observe longtemps, on se rend compte que tout ça est bien au point et que le retoucheur tire un excellent parti de son engin. Mais les types des méthodes ne vont pas passer des heures sur chaque poste : quelques coups d'œil et ils sont sûrs d'avoir compris (p163). L'établi est remplacé par un autre, un gros cube massif surmonté d'un plan incliné (p165). [...]
[...] Kamel confesse ces pratiques et explique avoir refusé à la direction de provoquer avec l'auteur une bagarre pour en faciliter le licenciement (p179). Mais la violence physique est également utilisée directement lors de la distribution de tracts (cf. p104) pour dissuader. - Eliminer ou éloigner les éléments subversifs Les éléments perturbateurs principaux sont forcés à partir suite aux grèves pour cela, la vie leur est rendue impossible, on leur fait refaire les choses plusieurs fois en critiquant un détail insignifiant par exemple (p124). [...]
[...] Un slogan de l'époque Mai 68 renforça l'engouement pour ces pratiques, l'incroyable mouvement de solidarité entre les étudiants et les ouvriers qui s'est développé lors des conflits amena nombre d'étudiants notamment à découvrir un monde dont ils n'avaient jusqu'alors pas conscience, une institutrice parisienne racontait par exemple dans une témoignage Je rencontrais des ouvriers pour la première fois. Je n'en avais jamais vu. Sans blague, même dans le métro ( . Je n'avais jamais vu une usine (Libération mai 1978). Ce nouvel élan de solidarité fut à l'origine de la remise en cause de l'ordre social, et l'établissement était pour les établis comme Linhart le moyen de rompre les frontières sociales. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture