Norbert ELIAS est un sociologue incontournable du XXème siècle, pionnier de ce que l'on nomme aujourd'hui les sociologies de la modernité. Né le 22 juin 1897 à Breslau (ville aujourd'hui polonaise) et décédé le 1er août 1990, il est issu d'une famille aisée d'intellectuels juifs spécialement intéressés par la psychanalyse. Il est mobilisé lors de la première guerre mondiale mais finalement exempté de service militaire car jugé inapte au combat. En 1918 il débute des études de philosophie et de médecine qui lui permettront de se former à la sociologie allemande, en même temps que la psychanalyse freudienne se développe. Il fut d'ailleurs assistant de Karl MANNHEIM à l'Institut für Sozialforschung de Francfort (Institut pour la recherche sociale). Il quitte l'Allemagne pour s'exiler en Suisse en 1933 puis essaie de trouver un poste en France, mais c'est en Angleterre qu'il finira par s'installer en 1935. Cependant, c'est à Paris qu'il rencontre Alexandre KOYRE, sociologue français d'origine russe et grand spécialiste de l'histoire des idées ayant notamment suivi les cours de BERGSON au Collège de France. Ce dernier défend une conception discontinuiste de l'histoire des sciences à l'instar de Gaston BACHELARD . Ne parlant pas anglais, il n'est alors pas habilité à travailler dans son domaine de prédilection, la Sociologie, et se voit donc forcé de dispenser des cours d'économie (entre autres). Il obtiendra finalement un poste d'enseignant à l'université de Leicester en 1954 et devient ainsi professeur de Sociologie à 59 ans. Il y a notamment eut pour élève Anthony GIDDENS. Il enseignera au Ghana avant de s'installer à Amsterdam où il décède en 1990. Ses ouvrages ne commenceront à se diffuser qu'à partir de 1969, date de leur réédition en Allemagne, et leur traduction en français sera encore plus tardive que celle en anglais. Parmi ceux-ci, « La Civilisation des mœurs » (1974) et « La Dynamique de l'Occident » (1975) sur le processus de civilisation (en deux parties), « La Société de cour » (1985), « La Société des individus » (1991), « Engagement et distanciation - Contribution à la sociologie de la connaissance » (1983) . Notons des études sur l'auteur parues en français dont « Norbert Elias » par Robert VAN KRIEKEN (1998) et « La Sociologie de Norbert Elias » par Nathalie HEINICH (2002) . ELIAS a même créé une fondation à son nom en 1983 pour « stimuler la recherche dans les sciences sociales », celle-ci ayant en particulier travaillé dans le domaine des sciences « figurationnelles » autrement nommées « process sociology » . Cette fondation rassemble des chercheurs provenant de différents domaines outre la sociologie (histoire, anthropologie, science politique, psychologie, littérature et études culturelles) et oeuvrant au développement des thèses de l'auteur. Ils revendiquent ainsi « la tentative de partager un certain scepticisme à l'égard des limites disciplinaires conventionnelles, et usent à cet égard du terme général « études figurationnelles » » , ce qui résume vraiment bien la pensée développée par l'auteur dans notre extrait, comme nous allons maintenant l'expliquer.
[...] La manière dont certains sociologues conçoivent leur démarche laisserait à penser que leur travail porte exclusivement sur des formations, et sur des formations sans individus, sur des sociétés ou des " systèmes " qui, d'une manière ou d'une autre, seraient totalement indépendants de l'individu humain. Ces deux conceptions sont aussi erronées l'une que l'autre. À l'observation plus approfondie, on s'aperçoit que ces deux disciplines axent leur attention sur des niveaux ou des couches différentes d'un seul et même processus événementiel. Il pointe alors du doigt le problème majeur se posant aux théoriciens des relations internationales et consistant en la définition du sujet auquel celles-ci s'attachent. [...]
[...] [ ]Les relations humaines reposent sur des malentendus, et l'un d'eux, qui est fondamental, consiste à s'imaginer que leur caractère structuré, en tant qu'ordre de nature spécifique, naît de leur normalité P Voir Anarchy and the Struggle for Power in The Tragedy of Great power politics, New York, Norton p. 29-54. Voir aussi Prisonnier's Dilemma and Chicken Models in International Politics International Studies Quartely, mars 1971, vol pp. 66-103. P P P : A la lumière de ces modèles d'interpénétration, il apparaît particulièrement contestable d'opposer constamment l'individu et la société ; cela semble signifier, qu'il pourrait exister, d'une manière quelconque, des individus sans société ou une société sans individus P. [...]
[...] Il enseignera au Ghana avant de s'installer à Amsterdam où il décède en 1990. Ses ouvrages ne commenceront à se diffuser qu'à partir de 1969, date de leur réédition en Allemagne, et leur traduction en français sera encore plus tardive que celle en anglais. Parmi ceux-ci, La Civilisation des mœurs (1974) et La Dynamique de l'Occident (1975) sur le processus de civilisation (en deux parties), La Société de cour (1985), La Société des individus (1991), Engagement et distanciation - Contribution à la sociologie de la connaissance (1983)[2]. [...]
[...] ( Richard C. Snyder, H. W. Bruck et Burton Sapin Decision making as an approach to the study of international politics Princeton Cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Koyr%C3%A9. Cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Norbert_Elias. [...]
[...] L'observation la plus élémentaire suffit à constater que tous les individus n'ont pas la même importance pour le cours de l'événement, que la personnalité individuelle et la décision personnelle exercent dans certaines situations, pour des individus occupant certaines positions sociales, une influence considérable sur la marche des évènements historiques. La marge de décision individuelle est toujours limitée, mais elle varie beaucoup, dans sa nature et dans ses proportions, en fonction des instruments de pouvoir dont dispose l'individu.[ ] Considéré sous cet angle, c'est très exactement le pôle opposé de cette inféodation sociale qui lie les individus : leur activité individuelle, leur capacité de prendre les décisions les plus diverses d'une manière très individuelles [ ]Seuls le pouvoir attaché aux différentes fonctions interdépendantes, la puissance des liens d'interdépendance réciproque déterminent quel individu lie le plus fortement l'autre par son activité. [...]
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