Marcel Mauss ne s'est jamais, il faut le savoir, rendu sur le terrain lui-même et a utilisé les travaux d'ethnographes. C'est donc sur les travaux de Malinowski sur un système de dons appelé la kula qu'il s'est basé pour redéfinir le concept de don. Pourtant, alors que Malinowski considérait le « don pur » c'est-à-dire qui n'oblige à aucune contrepartie, Mauss va contester cette manière d'aborder le don. Selon lui, le don pur n'existe pas, car le don implique le don : on parle de don-contre don ou plus généralement de l' « échange-don ».
Cette vision intègre donc le don dans un système d'échanges dont la finalité dépasse la pure volonté de donner. La kula au sens de Mauss serait alors un système où l'on donne, certes, mais où l'on est également obligé de rendre et de recevoir, d'où ce triptyque « donner, rendre recevoir ». Quelle force y a-t-il dans la chose qu'on donne qui fait que le donataire la rend ? »
Mauss avance l'idée que si les choses données sont rendues c'est qu'il y a dans la chose donnée un esprit qui la pousse à revenir entre les mains de son donateur originaire.
[...] Il est inutile d'aller chercher bien loin quel est le bien et le bonheur. Il est là, dans la paix imposée, dans le travail bien rythmé, en commun et solitaire alternativement, dans la richesse amassée puis redistribuée dans le respect mutuel et la générosité réciproque que l'éducation enseigne. On voit comment on peut étudier, dans certains cas, le comportement humain total, la vie sociale tout entière ; et on voit aussi comment cette étude concrète peut mener non seulement à une science des mœurs, à une science sociale partielle, mais même à des conclusions de morale, ou plutôt - pour reprendre le vieux mot - de civilité de civisme comme on dit maintenant. [...]
[...] A la différence de DURKHEIM, qui préconise d'étudier le fait social comme un objet scientifique identifié et bien délimité, MAUSS préfère l'étudier dans sa totalité. citation dernier paragraphe Il ne veut pas envisager le don, ni dans une perspective économique, ni dans une perspective morale, ni dans une perspective religieuse mais bien dans toutes ces perspectives afin d'être fidèle au principe et à la fin de la sociologie qui est selon lui, je cite, d'apercevoir le groupe entier et son comportement tout entier Conclusion Pour conclure, comme le rappelait Claude Levi-Strauss, l'influence de Mauss ne s'est pas limitée aux ethnographes »mais qu'une pléiade de chercheurs français lui sont redevables de leur orientation Levi-Strauss parlait même de modernisme pour qualifier la pensée de Mauss et admirait cette détermination à imposer la notion de fait social total je cite ce souci de définir la réalité sociale, mieux encore de définir le social comme la réalité. [...]
[...] Problématique : En quoi cette découverte fondamentale constitue, dans un vocable Maussien, le roc de la morale éternelle ? Annonce du plan : Nous verrons tout d'abord en quoi la vision de Marcel Mauss, très novatrice, vient contrecarrer l'analyse courante des sociétés primitives et rejeter le schématisme de l'homoeconomicus. Puis nous verrons que ce texte révèle le rôle et l'importance du don dans le fonctionnement des sociétés et dans la constitution du lien social. Plan détaillé Une pensée novatrice : un modernisme apparent. [...]
[...] II) Le don : un rôle primordial dans le fonctionnement des sociétés Le don comme facteur de paix sociale En effet, un peu à la manière dont Montesquieu voyait dans le commerce un moyen de porter à la paix car deux nations qui échangent se rendent mutuellement dépendantes, Mauss en digne héritier en quelque sorte voit dans le don un moyen de paix sociale, de cohésion sociale. Le don est entre la paix et la guerre, entre la vie et la mort. En effet, donner, c'est transformer ses ennemis en amis, c'est simultanément écarter dans nos rapports avec autrui la guerre et la mort, et nous orienter vers la paix et la vie. En rivalisant de générosité, les hommes évitent de se massacrer. Les dons par lesquels les ennemis d'hier s'allient sont des luttes de générosité comme les appelle Mauss. [...]
[...] Une vision nouvelle et anti-utilitariste de la valeur : le symbolique transcende l'économique Ainsi, la redéfinition du don en échange-don nous amène à nous interroger sur la question de valeur. Comment sont les concepts d'intérêt ? Mauss cherche à montrer que l'intérêt n'est pas forcément synonyme de monnaie sonnante et trébuchante Nous devons rester autre chose que de simples et purs financiers. Il faut y voir, dans cette œuvre de Mauss, un principe moral. Il cherche à montrer que la notion de valeur n'a pas une acceptation qu'économique mais également symbolique. [...]
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