Erving Goffman (1922-1982) est un sociologue américain appartenant à l' Ecole de Chicago. Né au Canada, il étudie la sociologie à Chicago. Il est considéré comme le représentant de la perspective dramaturgique en sociologie. Sur le mode métaphorique, le monde est assimilé à un théâtre : les individus sont considérés comme des acteurs en représentation qui jouent des rôles sociaux. Il s'agit pour chacun de donner aux autres une image valorisée de lui-même et surtout de ne pas perdre la face. L'ouvrage le plus célèbre de Goffman est Asiles, dans lequel il décrit – après une observation participante d'un an – les modes d'adaptation secondaires des malades aux contraintes d'une institution totale comme l'hôpital psychiatrique.
Sa recherche est une étude des interactions pour découvrir la trame de l'ordre social qui les sous-tend. Il étudie les interactions en apparence les plus banales, celles de la vie de tous les jours. Les rencontres quotidiennes sont pour lui les plus riches d'enseignement pour l'observateur; elles livrent les enjeux sociaux sans que les participants en aient clairement conscience.
Ainsi pour sa thèse de doctorat, il va vivre pendant plus d'un an dans une des îles Shetland. Il participe aux différentes activités de la société, il bavarde avec les fermiers, fait la plonge dans les cuisines. Cette méthode de travail "ethnographique" est une caractéristique de ce que l'on appelle "l'Ecole de Chicago". De la même manière, il étudiera le monde "asilaire" en vivant une année à l'hôpital psychiatrique St. Elisabeth à Washington. Il publie en 1961 l'ouvrage Asilums où il tente de reconstruire l'image sociale du monde d'un malade mental enfermé.
Un thème récurrent est retrouvé dans tous ses travaux: l'individu placé dans une situation sociale quelconque, même la plus banale, va adopter un comportement déterminé par un code. Ce code est rarement explicite mais l'étude des interactions sociales permet d'en retrouver certaines lignes de force. Sa structure peut évoquer celle d'un langage et nos comportements sociaux sont une "rhétorique générale".
Le point de vue de Goffman se rapproche ici de celui du groupe de Palo Alto. Le comportement social est régi par des codes et des systèmes. Il existe une syntaxe et une sémantique du comportement. Dans leurs actions quotidiennes, les hommes donnent l'impression d'agir en fonction de leur humeur, de leur tempérament ou de leurs intentions. Goffman montre que les interactions ont leurs propres règles, étrangères aux individus, qui ne peuvent que les suivre. Il rejoint d'autres chercheurs sur l'idée que le langage n'est pas le seul moyen de communication, mais que du point de vue sociologique, tout comportement est une communication potentielle. Il parle du "dialecte corporel" là où d'autres parlent de communication non verbale. Ce qu'il en dit résume bien son approche des comportements humains:
Dans chaque société, ces possibilités de communication non verbales sont codifiées. Si bon nombre des éléments utilisables peuvent demeurer négligés, il en est toujours au moins quelques-uns qui sont susceptibles d'être pris en charge par des règles et de se voir accorder une signification commune. A moitié conscient qu'un certain aspect de son comportement s'offre à la vue de tout son entourage, l'individu tend à se comporter en fonction du caractère public de sa conduite. En fait, il lui arrive d'utiliser certains actes comme des signes simplement parce qu'ils peuvent être perçus par d'autres. Et même si les personnes présentes ne sont pas tout à fait conscientes de la communication qu'elles reçoivent, il n'en reste pas moins qu'elles ressentiront avec acuité quelque chose d'anormal si le message est inhabituel.
Nous pouvons proposer une brève explication à l'origine de cette nouvelle approche. Avant la première guerre mondiale les ethnologues étudient sur le terrain les cultures "primitives". Ils participent à la vie quotidienne des indigènes mais gardent une position d'observateurs extérieurs. Ils cherchent les règles des comportements des "primitifs". Ils analysent les rituels, les actes de la vie quotidienne, les interdits alimentaires, etc. Progressivement, ils dégagent de leurs observations, un code général auquel les "primitifs" se réfèrent sans en avoir pleinement conscience. Le comportement des hommes "civilisés" est lui étudié par les psychologues. La volonté, l'intentionnalité, le désir, et bien d'autres concepts psychologiques expliquent là ce qui ailleurs est expliqué par la sociologie. Après la deuxième guerre mondiale la volonté de fonder une anthropologie va profondément modifier cette approche. Les méthodes d'observation des ethnologues vont être appliquées aux hommes "civilisés".
La sociologie sur les traces de Durkheim montre que les comportements humains ne s'expliquent pas uniquement par des déterminations psychologiques mais qu'au-delà de l'individu, il existe une réalité sociologique commune.
[...] Ils analysent les rituels, les actes de la vie quotidienne, les interdits alimentaires, etc. Progressivement, ils dégagent de leurs observations, un code général auquel les "primitifs" se réfèrent sans en avoir pleinement conscience. Le comportement des hommes "civilisés" est lui étudié par les psychologues. La volonté, l'intentionnalité, le désir, et bien d'autres concepts psychologiques expliquent là ce qui ailleurs est expliqué par la sociologie. Après la Deuxième Guerre mondiale, la volonté de fonder une anthropologie va profondément modifier cette approche. [...]
[...] Erving Goffman, Stigmate Les usages sociaux des handicaps (1991) Biographie Erving Goffman (1922-1982) est un sociologue américain appartenant à l'Ecole de Chicago. Né au Canada, il étudie la sociologie à Chicago. Il est considéré comme le représentant de la perspective dramaturgique en sociologie. Sur le mode métaphorique, le monde est assimilé à un théâtre : les individus sont considérés comme des acteurs en représentation qui jouent des rôles sociaux. Il s'agit pour chacun de donner aux autres une image valorisée de lui-même et surtout de ne pas perdre la face. [...]
[...] Il parle du "dialecte corporel" là où d'autres parlent de communication non verbale. Ce qu'il en dit résume bien son approche des comportements humains : Dans chaque société, ces possibilités de communication non verbales sont codifiées. Si bon nombre des éléments utilisables peuvent demeurer négligés, il en est toujours au moins quelques-uns qui sont susceptibles d'être pris en charge par des règles et de se voir accorder une signification commune. A moitié conscient qu'un certain aspect de son comportement s'offre à la vue de tout son entourage, l'individu tend à se comporter en fonction du caractère public de sa conduite. [...]
[...] Il faudra également tenir compte du foyer apparent du stigmate : trouble-t-il les relations dans quelques situations précises ou remet-il en cause l'ensemble des relations de l'individu ? Ainsi, le fait d'être amputé d'un doigt ne sera gênant que pour des interactions précises alors qu'une extrême laideur remet en cause l'ensemble des interactions. Le stigmate peut aussi être invisible (avoir un passé de délinquant, ) : l'individu est alors discréditable et son problème devient celui du contrôle de l'information à propos de son stigmate. [...]
[...] Ainsi pour sa thèse de doctorat, il va vivre pendant plus d'un an dans une des îles Shetland. Il participe aux différentes activités de la société, il bavarde avec les fermiers, fait la plonge dans les cuisines. Cette méthode de travail "ethnographique" est une caractéristique de ce que l'on appelle "l'Ecole de Chicago". De la même manière, il étudiera le monde "asilaire" en vivant une année à l'hôpital psychiatrique St. Elisabeth à Washington. Il publie en 1961 l'ouvrage Asilums où il tente de reconstruire l'image sociale du monde d'un malade mental enfermé. [...]
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