La sociologie d'Erving GOFFMAN est le point de départ d'une microsociologie de l'interaction. L'objet de l'auteur n'est pas les individus, ou la société en tant que telle mais plutôt les interactions, les relations liant les différents éléments d'un système. " Dans ce livre je pose l'hypothèse, qu'une étude convenable des interactions s'intéresse, non pas à l'individu et à sa psychologie, mais plutôt aux relations syntaxiques qui unissent les actions de diverses personnes mutuellement en présence". Le travail de l'auteur sur "Les rites d'interaction" a pour objectif de décrire les unités d'interaction de montrer leur ordre normatif et d'expliciter leur fonctionnement.
Les rites d'interaction s'effectuent dans ou à la frontière avec l'espace public, c'est-à-dire là où est exprimé ce qui est intelligible pour une audience potentielle, mais aussi en même temps le lieu d'affirmation des identités à travers l'engagement. Le face à face (face to face) est au cœur de l'ordre d'interaction. Goffman, grâce aux 5 outils qu'il met en œuvre (public, face, rituel, self, cadre), effectue un couplage flou entre ordre d'interaction et ordre social.
[...] Goffman analyse ce problème en termes de déférence et de tenue. Pour résumer, traiter les autres avec déférence, c'est leur donner l'occasion de démontrer leur bonne tenue. Le respect se joue donc dans ce cache-cache entre personnalités. Ainsi le mépris et le dédain peuvent s'interpréter en termes de déférence négative à l'ordre social L'embarras est l'élément qui permet pour Goffman de passer de l'ordre de l'interaction à celui du social. La responsabilité vis-à-vis de la société est aussi une responsabilité vis-à-vis de l'interaction. [...]
[...] Le rituel est un des moyens d'entraîner les individus dans ce but : on lui apprend à être attentif, à s'attacher à son moi et à l'expression de ce moi à travers la face qu'il garde, à faire montre de fierté, d'honneur et de dignité, à avoir de la considération, du tact et une certaine assurance. Ce sont là quelques-uns des comportements élémentaires qu'il faut intégrer à une personne pour qu'elle puisse servir d'interactant, et c'est en partie à eux que l'on se réfère quand on parle de nature humaine universelle. (p. 41). Il n'y a pas d'analyse réflexive sur les conditions de créations des outils conceptuels de l'auteur. Son analyse et les hypothèses explicatives du comportement humain social qu'il avance seraient valables en tous lieux et en tout temps. [...]
[...] Chacun est responsable vis-à-vis des autres de l'image qu'il donne aux autres interactants. La résolution des conflits, des déséquilibres de l'ordre interactionnel se fait par des processus théâtraux. L'auteur nous fait découvrir la distinction fondamentale qui existe dans le théâtre classique, à savoir la différence entre drame et tragédie : dans celui-ci le héros subit son destin sans s'y opposer véritablement, dans celui-là il combat de toute sa personne contre la fatalité Eléments critiques L'un des éléments critiques pouvant être apporté à l'analyse Goffmanienne est sa prétention à l'universalité. [...]
[...] Cependant garder la face est une condition de l'interaction, non son but. L'engagement de la face dans l'interaction a cependant sa contrepartie : le détachement. Celui-ci a potentiellement valeur d'offense pour autrui (manque de désintérêt) il peut s'accomplir sous quatre formes différentes : une préoccupation extérieure, un repli sur soi, un repli sur autrui, ou un repli su l'interaction en tant que telle. Les interactions répondent à des processus précis, ritualisés. En s'engageant, l'interactant, s'engage de façon implicite à respecter des règles, cadre de l'échange. [...]
[...] Goffman définit deux types de conduite face au conflit dans l'interaction. L'évitement (faire comme si de rien n'était) et la réparation constitue les deux parades à la défaillance de l'ordre interactionnel. La rupture de l'équilibre est suivie d'un système visant à résoudre le déséquilibre qui a fait irruption dans l'interaction. Cette rupture dans l'ordre normal de l'interaction peut se solder par une conduite d'allégeance de l'offenseur, une acceptation de l'affront par l'offensé ou le refus de l'interaction. Dans l'interaction c'est souvent celui qui a le dernier mot qui est considéré comme vainqueur. [...]
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