La sociologie des entreprises et des entrepreneurs qui s'est considérablement développée depuis une vingtaine d'années en raison de la place grandissante faite à ces acteurs dans un contexte de valorisation du libéralisme et de montée du chômage. Cet ouvrage s'inscrit dans cette dynamique et fournit une très belle analyse des entrepreneurs tunisiens. Le paysage économique et social tunisien a connu de profondes évolutions depuis les années 1960. Sa population a doublé, passant d'environ 5 à 10 millions d'habitants entre 1970 et 2004. Cette population est jeune et de plus en plus formée, le taux de chômage était de 13,9 % en 2004. L'entreprise (les entreprises personnelles et familiales représentaient en 2004, près de 20% de la population active tunisienne) et l'entrepreneuriat occupent une place centrale dans cette évolution de la société tunisienne, modifiant les relations entre ses institutions et ses échelles de grandeur. Ainsi, durant les années 1960 une nouvelle bourgeoisie, industrielle, a fait place à aux grands propriétaires terriens et aux gros commerçants. Son ascension politique et sociale s'est faite grâce au développement de l'intervention de l'Etat qui a établit des entreprises dans la plupart des secteurs industriels du pays. Les années 1980 ont été marquées par une privatisation de ces entreprises avec l'ouverture sur l'extérieur, de même que le déclin des industries manufacturières traditionnelles. Le plan d'ajustement structurel appliqué en particulier aux pays en développement et, l'ouverture croissante de l'économie dans un contexte concurrentiel, a placé la bourgeoisie industrielle dans une position revalorisée.
[...] Cet industriel qui a un diplôme de l'école de mines français a pu bénéficier de relations nouées au moment de ses études pour conclure bien plus tard un partenariat avec une multinationale française. De la même façon, son passage dans la fonction publique tunisienne lui a permis de diversifier son capital social qu'il a mobilisé pour dans ses affaires. L'ouvrage propose ainsi un tour d'horizon très complet du monde entrepreneurial tunisien, articulant l'analyse macro et micro sociologique. [...]
[...] "Les entrepreneurs tunisiens. La difficile émergence d'un nouvel acteur", de Rabah Nabli (L'Harmattan p.) La sociologie des entreprises et des entrepreneurs qui s'est considérablement développée depuis une vingtaine d'années en raison de la place grandissante faite à ces acteurs dans un contexte de valorisation du libéralisme et de montée du chômage. Cet ouvrage s'inscrit dans cette dynamique et fournit une très belle analyse des entrepreneurs tunisiens. Le paysage économique et social tunisien a connu de profondes évolutions depuis les années 1960. [...]
[...] Dans le deuxième chapitre intitulé Entrepreneurs et temporalité socioéconomique Rabah Nabli insiste sur la forte disparité des parcours d'entrepreneurs, s'appuyant sur des récits d'histoire individuelle. Leur intérêt est de rendre compte des logiques des entrepreneurs, de leur rapport au monde social et au monde du travail et d'éclairer leur parcours professionnel et entrepreneurial. Ainsi, un ancien salarié de la Société Nationale des Chemins de Fer Tunisiens, patron d'une fonderie de 25 personnes, exprime son rejet de la condition salariale qui en tant que forme de répartition de la plus-value cache très mal l'exploitation de l'homme par l'homme dans le cadre de l'exploitation capitaliste Ce dernier préfère bien entendu exploiter les gens et vivre dans un minimum de confort, que d'être exploité et vivre dans la misère ».Toujours pour cet entrepreneur la famille est bien mieux adaptée aux relations de travail, car elle repose sur la solidarité et la confiance. [...]
[...] Les années 1980 ont été marquées par une privatisation de ces entreprises avec l'ouverture sur l'extérieur, de même que le déclin des industries manufacturières traditionnelles. Le plan d'ajustement structurel appliqué en particulier aux pays en développement et l'ouverture croissante de l'économie dans un contexte concurrentiel ont placé la bourgeoisie industrielle dans une position revalorisée. La force de cet ouvrage très complet (on compte 6 chapitres) est de rompre avec les démarches prenant le parti d'étudier le comportement entrepreneurial comme un objet en soi, clos sur lui-même, pour le resituer dans une analyse sociologique beaucoup plus large. [...]
[...] Ainsi, les entrepreneurs réagissent différemment aux nouveaux enjeux que crée la mondialisation en fonction de leur communauté d'origine et de leur culture. Ceci s'explique par le fait que les relations économiques s'appuient en premier lieu sur les relations familiales et communautaires. De la même manière, les valeurs qui animent les entrepreneurs des secteurs agricoles comme industriels sont marquées par les valeurs du monde rural. Les valeurs familiales favorisent l'émergence des entreprises ou leur transmission, mais elles empêchent ensuite leur développement. [...]
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