Les deux auteurs envisagent et nous proposent, dans cette étude, d'analyser l'institution familiale comme un révélateur privilégié du politique et de ses mutations. Ils émettent comme hypothèse que la crise de la démocratie (si crise il y a ) peut s'observer dans la façon dont s'établit et fonctionne la vie privée des individus. Le changement profond qui s'est opéré depuis la fin du 19ème siècle, à travers la montée en puissance de l'individualisme, a-t-il démocratisé les relations au sein de la famille ou, au contraire, représente-t-il une menace pour l'institution familiale ? La famille a-t-elle échappée à l'ordre politique traditionnel ?
L'analyse de l'évolution de la famille et de ses formes est donc ici le moyen de révéler certaines évolutions profondes du politique ; dans une vision très durkheimienne de la famille, ces deux auteurs se proposent donc d'analyser la dimension politique de l'institution familiale et de répondre, de façon heuristique, aux discours ambiants sur une famille qui deviendrait, de plus plus,désinstitutionnalisée pour certains, ou au contraire, de plus en plus, solidaire entre ses membres, pour d'autres.
[...] de Singly, on assiste à une individualisation de la famille : elle devient relationnelle. Le je se construit en référence au nous. La vie privée se démocratise tout comme la vie publique (A. Giddens). La femme est le vecteur de cette démocratisation par le biais de l'éthos de l'amour romantique et de la croyance en une relation pure basée sur l'égalité sexuelle et relationnelle. La critique de Commaille et Martin ne repose pas sur le principe même d'individualisation mais sur les conditions de réalisation de l'individualisme : l'individualisme négatif s'accentue dès que les individus n'ont pas les moyens d'assumer cette démocratisation, d'où les risques d'une fragmentation sociale. [...]
[...] Néanmoins, la famille est de plus en plus confrontée à une logique technocratique. Chapitre 7 L'avenir de la famille comme question politique La détermination des politiques publiques implique de faire des choix : à dominante familialiste, sociale ou individualiste. Cet espace des idéaux est conditionné par un espace des possibles. L'espace des possibles est déterminé par les attentes citoyennes (sensibilité accrue aux inégalités ou aux intérêts individuels), les configurations sociétales (histoire politique de la société, contexte culturel, poids des politiques publiques existantes ) mais aussi par les types de protection collective (différences entre les régimes). [...]
[...] L'autonomisation des individus vis-à-vis de la sphère privée est moins constamment revendiquée car la fragilisation des liens conjugaux et parentaux qu'elle a provoqué est de plus en plus perçue comme un risque, une composante de l'exclusion sociale. Les conséquences de l'individualisme inégalement réparties sont ici très visibles. Chapitre 5. Les politiques familiales face à la question du social. Robert Castel a montré l'effritement de la condition salariale et l'augmentation des inégalités de revenus : les difficultés d'emploi perturbent la sociabilité et l'économie des relations familiales. [...]
[...] Entre 1920 et 1958, les préoccupations sont d'ordre nataliste et familialiste. Yves Marie Hilaire désigne ainsi cette période par l'expression des Trente Glorieuses du catholicisme français Les traditions catholique et républicaine sont ainsi intiment liées : seule, la famille peut soutenir les préoccupations familialistes. Sous Vichy, la politique familiale s'affiche de plus en plus familialiste et de moins en moins comme une politique nataliste : la famille devient un thème de propagande. Après la seconde guerre mondiale, on observe une certaine continuité vis-à- vis des politiques de la famille : la loi Gounot en 1942 donnera naissance en novembre 1945 à l'UNAF (Union Nationale des Associations Familiales). [...]
[...] Le destin de la famille et de l'école est indissociable face à l'enjeu de la reproduction sociale. Des fonctions sociales sont donc encore portées par la famille : à la démocratisation de la vie privée ne s'est pas, finalement, adjoint une autonomisation de la famille au social et aux inégalités qu'il porte. On note, par exemple, dans la nouvelle économie des relations intergénérationnelles, l'importance de l'aide à la subsistance et à la promotion dans les milieux favorisés. Pour les femmes, ces inégalités entre milieux sociaux sont renforcées car le destin social en terme d'engagement professionnel des femmes apparaît bien découler de leur dépendance spécifique à l'égard de la famille ainsi que des aléas de la vie de famille : la famille est dépendante des femmes. [...]
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