Maurice Godelier, L'énigme du don, anthropologie, France, auteur, marxisme, Marcel Mauss, Baruyas, potlatch, notion de sacré, désenchantement, liens sociaux
Maurice Godelier est l'une des figures de proue de l'anthropologie en France. Agrégé de philosophie, il fut maître-assistant de Claude Lévi-Strauss lorsqu'il était au collège de France, avant d'être nommé directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. Fortement influencé par le marxisme, il a développé le courant de l'anthropologie économique en France. Dans cette perspective, il a réalisé un important travail de terrain auprès des Baruyas en Nouvelle-Guinée, qui lui a permis de publier La production des grands hommes : pouvoir et domination masculine chez les Baruya de Nouvelle-Guinée en 1982, et de renouveler l'étude des logiques de la domination et les conditions d'émergence du pouvoir politique. Dans L'énigme du don, publié près de quinze ans plus tard, en 1996, Maurice Godelier s'appuie sur ce travail réalisé chez les Baruya pour lire avec un nouveau regard les travaux de Marcel Mauss et de Claude Lévi-Strauss.
[...] Epouser une femme d'une lignée donne le droit à un homme de cette lignée d'épouser une femme de notre lignée. L'échange instaure une égalité entre les hommes, afin de leur permettre d'être solidaires face au groupe des femmes. De ce point de vue, l'échange le plus fondamental chez les Baruyas se déroule en secret, au cours des initiations masculines. Il s'agit de l'échange du sperme, qui se transmet de génération en génération des jeunes hommes en fin d'initiation avant leur mariage vers les garçons plus jeunes. [...]
[...] Il s'agit d'un fait universel. Les rapports sociaux se construisent dans un monde de représentations, et leur origine ne doit d'être opaque pour qu'ils puissent perdurer. L'échange économique moderne n'est pas radicalement différent des systèmes de dons et de contre-don dans le sens où il produit lui aussi des représentations et des rapports de pouvoir. Chez les Baruyas, les objets sacrés servent à asseoir la domination des hommes sur les femmes. Chez les Baruyas il n'y a pas de système de dot, les femmes s'échangent entre elles. [...]
[...] Maurice Godelier conclut son ouvrage en attribuant aux sciences sociales le rôle de critiquer cette mauvaise foi. Le rôle des sciences sociales serait alors de « replacer l'homme à l'origine de lui-même ». IV - Critique personnelle L'ouvrage de Maurice Godelier est un ouvrage qui a fait date, car il est ambitieux. Il a le mérite de réhabiliter les travaux de Marcel Mauss tout en ménageant la critique qu'en a fait Claude Lévi-Strauss, en prenant la peine de décortiquer la notion de sacré, ce qui n'est pas chose aisée. [...]
[...] Ainsi, Maurice Godelier en vient à reformuler les obligations afférentes au don qu'avait énoncées Marcel Mauss. Dans les dons-contre-dons non agonistiques : la chose donnée n'est pas aliénée on crée une dette que le contre-don ne peut annuler la dette oblige à redonner, ce qui n'est pas rendre mais donner à son tour on est donc dans un état d'endettement et de dépendance mutuelle le don est ainsi la condition de production et de reproduction de rapports sociaux qui sont « l'armature spécifique d'une société. [...]
[...] Mais Maurice Godelier cherche à montrer que les dons non-agonistiques eux aussi participent à créer des relations de pouvoir. Il s'appuie pour cela de manière extensive sur sa connaissance du mariage chez les Baruyas, qui repose sur un échange réciproque de femmes et façonne ainsi des solidarités entre pairs et entre tribus. Pour Maurice Godelier, le don façonne les liens et les hiérarchies sociales parce qu'il instaure un rapport d'endettement. En cela, le don est très différent de l'échange marchand dans le sens où il ne s'accompagne pas d'un transfert de droits de propriété. [...]
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