Anthropologie Enigme Don Maurice Godelier Agonistique Kula Potlatch Baruyas Ethnologie Conférence
Le don est une action volontaire, collective ou individuelle, qui consiste à accorder gratuitement à quelqu'un ou à un groupe de personnes, la propriété, la jouissance de quelque chose. Cependant, bien que gratuit, il modifie les rapports entre celui qui donne et celui qui reçoit. Tout d'abord, il crée un rapport de solidarité, puisque le donateur partage ce qu'il a ; mais il place aussi le donateur dans une position de supériorité par rapport à celui qui reçoit. En effet celui-ci, en acceptant le don, contracte une dette et ne pourra rétablir un statut d'égalité avec le donateur qu'en donnant à son tour. Accepter un don, c'est consentir à ce que celui qui donne exerce ses droits sur celui qui reçoit. Le don est donc ambivalent puisqu'il rapproche deux personnes par le partage, mais les éloigne socialement parce qu'il crée automatiquement un rapport de supériorité. Il a de ce fait une place cruciale dans l'établissement de hiérarchies au sein des sociétés humaines.
[...] Ceux-ci deviennent leurs obligés, mais le but n'est pas là. N'oublions pas que ce type de don est public, la manœuvre s'adresse en réalité aux spectateurs du don. Ce ne sont pas les protagonistes du don qu'il faut impressionner, mais ceux qui en sont témoins - d'où l'intérêt de faire beaucoup de communication sur cette action. Impressionner par la valeur du don, c'est gagner du respect, de la renommée et du prestige. Ne sont-ce pas des facteurs du pouvoir ? [...]
[...] Ce n'est certes pas une obligation, mais il me semble que cette forme de don entre en compte dans l'acquisition du pouvoir. Bien sûr, il ne s'agit pas de Potlatch mais de nombreuses riches personnalités entrent dans la course aux dons. Ceux-ci sont destinés à des associations choisies stratégiquement, à des victimes de catastrophes naturelles, à des initiatives privées en manque de moyens, etc. Régulièrement, un certain nombre de médias relayent ce genre d'information. Les journalistes parlent ou écrivent sur des personnalités de tous les milieux qui effectuent des dons caritatifs. [...]
[...] De ce fait, il n'est pas toujours échangé comme une marchandise. Il est présent dans un certain nombre de rites et peut être donné à une tribu voisine en gage de paix. Le sel ainsi donné ne peut plus être échangé ni consommé. Il fait partie de l'histoire, de la mémoire des hommes, témoigne d'une alliance. Ainsi, la barre de sel peut à la fois s'échanger contre des produits de consommation courante, et devenir un objet que l'on garde, inaliénable. [...]
[...] Notons que le terme de don n'est peut-être plus approprié pour décrire ces échanges. Le Potlatch ou le don agonistique Le terme potlatch est un mot emprunté au chinook, la langue des Indiens de l'ouest de l'Amérique du Nord. Il désigne une cérémonie pratiquée par ceux-ci, au sein de laquelle les chefs de clans se livrent à une violente bataille de dons dans le but de sortir vainqueurs et d'en voir sa position sociale améliorée. Dans le potlatch, on donne pour rabaisser l'autre, en prenant soin de toujours donner plus que ce qui peut être rendu par l'adversaire, ou bien en rendant beaucoup plus que ce qui a été donné. [...]
[...] Il peut alors avoir une action sur le cours des choses, contrôler des forces normalement incontrôlables par les hommes, par exemple, faire en sorte que les forêts se gorgent d'animaux à chasser, que la pluie vienne arroser les cultures, etc. Pour que ces pouvoirs soient reconnus, considérés comme réels par tous, les objets sacrés sont exhibés régulièrement au cours de rites et de cérémonies. Ces objets revêtent une grande importance ; ils sont garants de l'ordre des choses et renferment de grands pouvoirs. Ils font partie des mythes de fondation de la tribu. D'ailleurs, on prête aux objets sacrés toutes les inventions des premiers hommes. [...]
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