L'Émile, Jean-Jacques Rousseau, traité sur l'éducation, perversion de la société, développement du nourrisson, éducation du citoyen, corruption humaine, John Locke, enseignement de la moralité, devoirs de l'Homme, apprentissage de l'enfant, fiche de lecture
Plus qu'un traité sur l'éducation, l' "Émile" de Rousseau nous donne les clés pour "créer un homme" par une éducation en marge de la société, domestique et particulière. Il ne s'agit donc pas encore de former un citoyen ou un être social par une éducation publique, les conditions politiques au 18e n'étant pas réunies. Cette idée prolonge son "Discours sur l'origine des inégalités parmi les hommes", où l'humain, naturellement bon, est rapidement perverti par la société civile instituée. Ainsi, l'Émile peut être vu comme un traité politico-moral explicitant comment préserver et encourager cette bonté naturelle dès le plus jeune âge afin d'éviter l'avènement d'un "homme mauvais" et donc, d'un citoyen malfaisant.
[...] En effet, « l'individu transcende toujours la catégorie » selon Germaine Tillion, et cette idée est largement en accord avec la problématique d'un enseignement commun par tranche d'âge, sans prendre en compte les capacités individuelles. Les échecs scolaires pointant une inadaptation au système sont fréquents, et il serait intéressant de voir si l'éducation peut parvenir à un « enseignement commun particulier », soit en préservant un fond universel tout en ajustant la forme de l'apprentissage à l'enfant, et non à l'enfance. [...]
[...] Comment l'appréhender si l'on ne connaît son envers en contrepoids ? Comment enseigner une discipline négative sans passer par l'apprentissage positif ? C'est comme enseigner « 1+1 ne fait pas 1 » sans pour autant comprendre le système de la soustraction, et encore moins celui de l'addition, même dans leurs bases les plus simples. Si les injonctions positives peuvent être contournées, il paraît important d'enseigner concrètement les choses à faire en s'ajustant à la compréhension de l'enfant par la mise en situation. [...]
[...] Il s'agit alors moins d'éviter la dénaturation que la prématurité, servant de base à la corruption. Ainsi, dans l'extrait Sur le raisonnement précoce, l'éducation ne consiste pas à enseigner la raison, la vérité et la vertu pour lesquelles l'enfant n'aurait pas encore les capacités, mais de le laisser dans une relative ignorance tout en lui indiquant les limites de ses actions. Rousseau préfère s'ériger en un précepteur éveilleur de sens et de sentiments, naturels et donc bons, excluant pour l'heure tout raisonnement artificiel et ses contres- productions, dysfonctionnements. [...]
[...] Par exemple, lorsque l'enfant demande « pourquoi il ne faut pas mentir ? » à la fin du dialogue, au lieu d'un « parce que c'est mal », pourquoi pas un « parce qu'il faut dire la vérité pour être quelqu'un d'honnête et de bon. Par exemple, si je vois votre goûter tomber et que vous me demandez si je l'ai vu, croyez-vous que c'est bien de vous laisser entendre que je n'en sais rien ? Et puis, vous le dire vous permettrait de le retrouver et ne ferait de mal à personne, bien au contraire, donc je peux le faire ». [...]
[...] Émile, ou De l'éducation – Jean-Jacques Rousseau (1762) Plus qu'un traité sur l'éducation, l'Émile de Rousseau nous donne les clés pour « créer un homme » par une éducation en marge de la société, domestique et particulière. Il ne s'agit donc pas encore de former un citoyen ou un être social par une éducation publique, les conditions politiques au 18e n'étant pas réunies. Cette idée prolonge son Discours sur l'origine des inégalités parmi les hommes, où l'humain, naturellement bon, est rapidement perverti par la société civile instituée. [...]
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