Dans son ouvrage Du rapport au savoir , publié en 1997, le sociologue et professeur de sciences de l'éducation Bernard Charlot tente d'apporter une réponse en termes de « rapport au savoir », et non pas, comme le fit toute la sociologie des années 1960-1970, en termes de reproduction sociale. Comment expliquer l' « échec scolaire » (nous mettons « échec scolaire » entre guillemets puisque nous verrons que c'est un concept que l'auteur refuse d'employer) fréquent des enfants des classes populaires ? Mais surtout, comment expliquer qu'un nombre significatif d'entre eux réussissent ?
Dans un premier temps, nous analyserons les raisons qui conduisent Charlot à réfuter la notion d'échec scolaire ainsi que les thèses de la sociologie de la reproduction sociale.
Puis, nous verrons en quoi il est fondamental pour l'auteur qu'une sociologie qui tente d'expliquer l' « échec scolaire » en termes de rapport au savoir soit une sociologie du sujet.
Enfin, nous développerons plus longuement la théorie du rapport au savoir construite par l'auteur dans cet ouvrage.
...
[...] Parallèlement, le sens de l'école n'est pas donné, il existe plusieurs types d'action et la façon personnelle de l'élève de les intégrer est ce qui fait de lui un sujet. Ce qui définit le sujet est donc la distance qui existe entre lui et sa socialisation, le sujet n'étant pas du social intériorisé. Mais Charlot montre qu'en fait, dans la sociologie de Dubet, le sujet n'est qu'une hypothèse. Il n'est que le résultat d'un écart à ce qui est social, et non pas un objet. Ce qui est étudié comme objet, c'est cette prise de distance par rapport au social, à savoir le processus de subjectivation. [...]
[...] On pense à la famille, aux animateurs sportifs etc. Ce n'est pas pour rien que tant d'enfants pratiquent une activité dite extra-scolaire. L'enfant acquiert ainsi toutes sortes de savoirs (ou plutôt serait-il plus approprié ici de parler de différents types d'apprentissage Mais, tout comme on ne peut pas réduire les lieux d'apprentissage à l'école, il ne faut pas réduire les enseignants à leur seule fonction d'enseignants. On peut ici établir un autre parallèle : tout comme un élève n'est pas qu'un élève mais aussi un enfant, un sujet, un enseignant n'est pas qu'un enseignant mais aussi un sujet avec lequel l'élève (ou l'enfant ) s'inscrit dans un rapport particulier. [...]
[...] C'est à partir de la question du rapport au savoir que Charlot va répondre à cette interrogation dans cet ouvrage théorique particulièrement dense et riche de critiques à l'égard des sociologies de la reproduction, mais aussi des préjugés que véhiculent les médias. Toutefois, on peut regretter le peu d'exemples proposés pour expliquer la théorie de l'auteur ; certes, ce livre est la partie théorique d'un autre livre, mais il semble dommage d'avoir ainsi séparé les deux tâches du sociologue, à savoir l'observation et la théorie. Cet ouvrage aurait sans doute été plus accessible si son auteur avait plus souvent illustré son propos d'exemples. [...]
[...] Selon ce dernier, les enfants des familles populaires ne bénéficieraient pas de ce capital culturel nécessaire à l'enfant à l'école. Selon Charlot, ils ne bénéficieraient pas d'un rapport au monde semblable à celui qui est demandé à l'école. Mais le parallèle entre les deux théories s'arrête là : dans l'un des cas, il s'agit d'un rapport individuel (le rapport au savoir est toujours le rapport d'un sujet) ; dans l'autre, d'un rapport d'une classe sociale au savoir du moins, à l'école). [...]
[...] Le terme apprendre renvoie donc bien à plusieurs dimensions. Qu'en est-il du terme savoir ? Le savoir est un ensemble de connaissances plus ou moins systématisées (culture, instruction, science). Cette définition appuie également l'argumentation de l'auteur : les connaissances dont il est question ici sont bien des contenus de pensée. En ce qui concerne les deux autres formes d'apprentissage (maîtriser un objet ou une activité et entrer dans des formes relationnelles), nous pouvons penser qu'il serait plus à propos de les regrouper sous le terme de savoir-faire et de savoir-vivre, plutôt que de savoir. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture