Norbert Elias (1897-1990) est issu d'une famille de commerçants juifs. Philosophe de formation, il émigre en Suisse puis à Paris après l'arrivée des nazis au pouvoir. Il finit par s'établir à Londres, où il devient professeur et se consacre à la rédaction du Procès de la civilisation qui parait en 1939 (traduction française en deux volumes : La civilisation des mœurs, 1973, et La dynamique de l'Occident, 1977). Il y présente la civilisation occidentale comme le résultat d'un lent processus de domestication des pulsions, et montre le rôle capital joué par la société de cour aux diverses étapes de cette évolution. Norbert Elias a apporté une brillante contribution à la sociologie contemporaine. Autres parutions : La société de cour, La société des individus.
L'objectif du livre : Il est composé de deux parties, La sociogenèse de l'Etat et Esquisse d'une théorie de la Civilisation. La première partie explique la formation de l'Etat Français, la deuxième porte sur les rapports entre l'organisation de la société en Etat et la mise en place d'un processus de Civilisation en Occident. L'auteur procède systématiquement en analysant des faits historiques (entre le 12e siècle et la révolution), grâce auxquels il dégage des tendances, des processus, des lois.
[...] Le processus permet un pouvoir écrasant de la fonction centrale. Sa fonction de dispensateur de terre se transforme, il devient dispensateur de fonds. La monétarisation lui permet d'éviter de distribuer ses possessions terriennes de manière héréditaire ; son pouvoir est donc beaucoup plus stable. En plus, les personnes financièrement dépendantes du roi deviennent nombreuses. La rémunération en argent crée un lien de dépendance permanent avec le fonctionnaire ou le noble. Les forces centrifuges intérieures sont définitivement brisées, le pouvoir du roi maximum. [...]
[...] La sociogenèse du monopole fiscal. La mise en place des monopoles clés marque le passage de la seigneurie médiévale à l'absolutisme. Dorénavant, l'emploi de la force est réservé au pouvoir central, ce qui est une révolution à l'époque. Au 12e, l'impôt est considéré comme inadmissible. Face aux révoltes, le roi n'a pas encore le pouvoir suffisant pour imposer les taxes et leur fréquence. C'est au 14e, avec la guerre de Cent Ans, que les aides exceptionnelles (en fait très régulières du fait de la guerre) vont se transformer en institution. [...]
[...] La formation du territoire de domination. Le monopole militaire résulte d'un processus de monopolisation : des individus qui possèdent chacune des chances de domination également réparties s'affrontent par une concurrence libre. Ils sont liés par des interdépendances (forcés de combattre afin de ne pas disparaitre). Le processus aboutit à la concentration des chances dans les mains d'un seul. La puissance sociale des vaincus s'accroit avec leur nombre : le monopole privé devient dépendant de la masse, et se change en monopole public. [...]
[...] Les chances de domination sont également réparties. 14e : Seules cinq maisons sont encore capable de concourir pour le monopole de la domination ; la concurrence est réglementée, les chances concentrées. Les autres maisons ont disparu ou sont dépendantes d'une des cinq. 14èmeau 15e : La phase des apanages. Les seigneurs lèguent des terres de manière héréditaire à leurs proches ; cela provoque la désintégration des territoires accumulés précédemment. La guerre de Cent Ans, au 14e, oppose les deux maisons victorieuses de la phase de concurrence libre, Capétiens et Plantagenets. [...]
[...] Au 15e, les villes se développent et la bourgeoisie montante profite de la monétarisation des échanges. Le roi permet aux bourgeois d'acquérir les commandes de l'administration gouvernementale (fonction publique). Cela vient de contrebalancer les pouvoirs de la noblesse et du clergé, groupes puissants et opposés à la centralisation du pouvoir. Au 16e, les nobles guerriers), propriétaires, sont ruinés par l'inflation ; la bourgeoisie, commerçante, parvient à maintenir ses revenus. Louis XIII attribue alors le monopole des charges de cours aux nobles, pour maintenir leur puissance sociale et ainsi les antagonismes. [...]
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