La dynamique de l'Occident, traduit sous ce titre en 1975, est le second volume du Processus de civilisation publié en Allemagne en 1939. Le premier volume de ce grand ouvrage rédigé par Norbert Elias fut traduit en France en 1973 sous le titre La civilisation des mœurs.
L'ouvrage de La civilisation des mœurs est consacré à l'évolution des mœurs dans la société occidentale à partir de la Renaissance. Dans La dynamique de l'Occident Elias propose une analyse historique et une synthèse anthropologique des phénomènes observés.
La civilisation des mœurs présente l'originalité de prendre comme objet d'investigation sociologique les manières de gérer les fonctions corporelles : manière de se tenir à table, de se moucher, de cracher, de se laver. L'évolution des gestes qui définissent les mœurs est indissociable de l'évolution de la sensibilité et, en particulier, de l'intensification progressive du sentiment de dégoût qui rend insupportable les manifestations corporelles d'autrui, et des sentiments de honte, de gêne, de pudeur, qui incitent à dérober à autrui le spectacle de son propre corps. Cette évolution fondamentale s'explique par la dynamique des relations sociales entre inférieurs et supérieurs. Historiquement, les nouvelles manières ont d'abord été élaborées par l'aristocratie de Cour puis se sont transmises aux autres catégories sociales. Cette augmentation de la sensibilité au sein de l'aristocratie s'explique elle-même par des conditions historiques.
C'est là qu'intervient la reconstitution de la genèse historique de ce processus de civilisation qu'Elias entreprend dans La dynamique de l'Occident.
[...] L'autre conséquence se traduit par le refus d'opposer individu et société s'agissant de la régulation des pulsions. Ici, le sociologue s'oppose à l'idée freudienne d'une essence répressive et névrotique de toute civilisation. Le désaccord de fond porte sur les rapports nature/culture et individu/société, conçus comme une polarité nécessairement conflictuelle chez Freud et au contraire comme un processus d'implication mutuelle chez Elias. Pour ce dernier, la régulation des pulsions est immanente à l'homme parce qu'elle est le produit nécessaire de l'interdépendance sociale. [...]
[...] La conscience a perdu l'essentiel de son emprise automatique : elle est devenue souple et réflexive. Plus de personnes sont engagées dans la définition de ce qui se fait ou ne se fait pas. La pratique des seins nus, l'évolution du langage écrit ou oral, la tolérance sexuelle, le déclin de l'autorité statutaire en famille témoignent de ce relâchement contrôlé des contrôles. On remarque qu'Elias présente une conception relationnelle et constructiviste du temps qu'il oppose à une vision essentialiste. L'idée d'évolution est défendue par Elias qui la reprend des grandes théories du 19ème siècle en la débarrassant des présupposés historicistes et normatifs qui lui sont souvent attachés. [...]
[...] La cour gère le monopole. C'est vers la résidence du détenteur du monopole que convergent toutes les fonctions de tout réseau d'interdépendance. Les organes centraux exigent donc de leurs fonctionnaires, du prince et de ses représentants un don de la prévision et un conditionnement du comportement dépassant ceux qui sont requis en tout autre lieu. Beaucoup d'affaires touchent la sphère de domination du seigneur central et son entourage immédiat et sans une planification rigoureuse, sans une réserve et une distanciation différenciées, l'équilibre des tensions qui seul permet le fonctionnement de l'administration monopoliste serait troublé. [...]
[...] Il y a dépendance des seigneurs par rapport au roi du point de vue économique mais surtout du point de vue du prestige. La peur de perdre tout ou partie du prestige social est un des moteurs de la transformation de contraintes extérieures en autocontraintes. Le roi a besoin de la noblesse pour assurer l'équilibre et garder le monopole. Il y a une compétition de plus en plus grande entre les nobles et les bourgeois. Ce sont d'abord des fonctions de couches supérieures et moyennes qui imposent à ceux qui les exercent une autodiscipline active et permanente, toujours attentive à l'avenir. [...]
[...] Mais, il semblerait qu'Elias ait eu conscience de cette violence encore présente. Ainsi, dans l'introduction à Sport et Civilisation, Elias nuance sa théorie en soutenant qu'il doit exister des compensations à l'exigence d'autocontrainte qui caractérise la civilisation (par exemple les affrontements mimétiques que le sport met en scène) et que ces compensations excèdent parfois leur fonction cathartique au point d'alimenter des phases de dé-civilisation (le hooliganisme en serait une expression). En outre l'émergence du sport, où la violence est tenue à distance, n'apparaît pas comme le résultat d'un jeu de distinction, mais plutôt comme la conséquence du combat politique à travers la parlementarisation. [...]
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