La dynamique de l'Occident - Norbert Elias (1939)

Thèmes abordés

Dynamique, Occident, Norbert Elias, sociogenese, Etat, théorie de la civilisation

Résumé du document

Il est apparemment difficile de classer Norbert Elias sur le plan intellectuel notamment du fait de sa longévité. Il est né en Allemagne, à Breslau, en 1897 dans une famille juive et il mort seulement en 1990 aux Pays Bas. Ainsi, il a été le témoin durant sa vie de plusieurs courants de pensée. Son parcours est également hétéroclite. Après des études de médecine et de philosophie, et à l'époque du développement de la méthode psychanalytique freudienne, il se forma à la sociologie allemande dominée à l'époque par Max Weber, qui a introduit dans la sociologie les notions de rationalité en valeur et en finalité, puis il enseigna en Grande Bretagne après avoir fuit l'Allemagne nazie, et il pratiqua là-bas une sociologie qui s'était enrichie de la tradition empirique anglo-saxonne.

Extraits

[...] Il en outre ajouter que la sociologie d'Elias résonne en termes de configuration. On peut ainsi le rapprocher avec la sociologie de Bourdieu qui reprend ce concept sous le terme de champ. Nathalie Heinich définit ainsi la configuration comme étant le système d'interactions, la structure sociale, vu à hauteur d'individu Les questions que l'on peut se poser On peut tout d'abord se demander si le modèle décrit par Elias est universel. Toutes les sociétés connaissent-elles le processus de civilisation ? [...]

[...] Malgré ces références au passé, le livre reste d'actualité puisqu'on peut toujours aujourd'hui se demander où en est la civilisation. La pensée d'Elias, une pensée en rupture Après avoir vu les similitudes avec d'autres sociologues, il faut noter qu'Elias est en rupture par rapport à ses contemporains. Il contredit en effet l'évolutionnisme dominant au siècle avec Comte ou Marx. Cette forme de sociologie est très influencée par les idéologies et elle s'appuie sur de nombreux postulats politiques ou ethniques. Elias, lui, fait un simple constat sur l'évolution des sociétés occidentales sans les juger en se basant sur des faits observables, sans la rapporter à un plan programmé et voulu. [...]

[...] Ce mécanisme se diffuse au sein de l'Occident qui devient un modèle pour le reste du monde au niveau des structures civilisatrices. *Chapitre 3 : La curialisation des guerriers L'étape fondamentale du processus est le passage de l'existence de multiples seigneuries à une société unifiée au terme du processus de curialisation des guerriers qui sont remplacés par la noblesse de cour. La curialisation intervient par le biais de plusieurs étapes : les rois obtiennent le monopole après lutter face aux seigneurs, ils obtiennent le monopole fiscal puis les seigneurs participent à la société de cour. [...]

[...] En effet, Elias fait à plusieurs reprises la remarque que les phénomènes observés n'existent pas qu'en Occident. De plus, ce n'est pas parce qu'Elias fait un constat de différenciation des sociétés qu'il affirme que l'une ou l'autre, et en l'occurrence, l'Occident, est supérieure. Ensuite, on peut se demander si le processus de civilisation est réellement effectif au vue de certaines barbaries à l'image du nazisme. Cette idéologie ne remet cependant pas en cause le processus de civilisation dans la mesure où le processus de civilisation n'est pas continu et peut connaître des régressions et où le nazisme est empreint d'une très forte rationalité. [...]

[...] *Chapitre 5 : La pudeur et la gêne La régulation de son émotivité (maîtrise de soi) c'est l'obligation systématique de tenir compte du prolongement de ses actes. La civilisation apparaît comme la maîtrise des passions. La cour est le lieu d'origine des comportements civilisés, qui vont ensuite se diffuser dans la bourgeoisie, puis dans toute la société et dans le monde occidental, et enfin dans le monde entier par la colonisation. L'augmentation des sentiments de pudeur et de gêne, de cette propension à cacher son intimité physique ou morale, et le refoulement des pulsions s'expliquent en fait par des phénomènes de mobilité sociale (curialisation des guerriers et tensions entre les différents groupes). [...]