Norbert Alter est un sociologue spécialisé dans l'étude du monde du travail. Il a travaillé douze ans en entreprise et s'inspire de son expérience pour illustrer ses ouvrages. Il est actuellement professeur à l'Université de Paris Dauphine. Il a publié Donner et prendre, la coopération en entreprise, en 2009 et a obtenu le prix du Stylo d'Or et le Prix du Livre RH. Il publie son ouvrage dans un contexte où l'on assiste depuis plusieurs années à une crise du salariat et à redéfinition des relations de travail en entreprise. En effet, depuis la fin des années 1980, la compétitivité croissante liée à la globalisation pousse les entreprises à encourager la productivité au détriment du lien social et à recourir à restructurations incessantes au risque de créer un malaise chez les salariés et une démotivation et un désengagement au travail.
[...] L'action de rendre permet d'inscrire la relation dans la durée et d'exprimer sa gratitude. Elle nécessite de donner à son tour. Il ne s'agit pas de rendre immédiatement quelque chose de valeur identique, mais de donner plus tard une chose de valeur différente, sinon il ne s'agit plus d'un échange, mais d'un simple troc qui mettrait brutalement fin à la relation en l'équilibrant. Rendre nourrit la logique d'échange et crée une relation de complicité avec une dimension affective. En entreprise, cette logique de don permet la coopération, qui est à la fois plus stimulante et plus efficiente puisqu'elle permet de tirer le meilleur parti des ressources disponibles en transmettant informations, savoir-faire ou connaissances. [...]
[...] Par exemple, la coopération peut avoir lieu dans un contexte de concurrence et la lutte indirecte en vue d'un même enjeu pousse à utiliser la relation pour tirer avantage de la situation. Il est aussi possible d'abuser du contrat moral implicite créé par le don afin de tirer parti de la situation, par exemple en s'attribuant le travail du groupe. Si dans la relation d'échange, la confiance se substitue au contrat et implique de ne pas tirer de profit personnel des informations récoltées et de donner à son tour, certains individus rompent ce lien basé sur la confiance pour en tirer un avantage matériel ou symbolique. [...]
[...] Le management par l'aval est plus efficace en ce qui concerne les échanges sociaux, car il gère par l'expérience et s'ajuste davantage. Cependant, il ne le célèbre pas pour autant et a plutôt tendance à transformer le territoire d'échange des salariés en espace productif, à limiter les échanges informels par des échanges purement économiques et à calculer le coût financier de chaque geste. Norbert Alter regrette que la théorie n'apprenne pas davantage de la pratique, que le management par l'aval ne modifie pas le management par l'amont. [...]
[...] Mais comme l'entreprise ne rend pas, comme on l'a vu, le salarié à tendance à adopter une attitude calculée vis-à-vis de ces échanges, et à donner moins. Les individus sont toujours amenés à définir l'engagement qu'ils souhaitent mettre dans les liens sociaux et dans le don. À force de ne pas recevoir, ils décident, tout en faisant le minimum nécessaire pour avoir le sentiment d'exister, de se désinvestir. Il y a actuellement une véritable crise de la reconnaissance dans notre société et en entreprise. [...]
[...] Donner et prendre, la coopération en entreprise, Norbert Alter Norbert Alter est un sociologue spécialisé dans l'étude du monde du travail. Il a travaillé douze ans en entreprise et s'inspire de son expérience pour illustrer ses ouvrages. Il est actuellement professeur à l'Université de Paris Dauphine. Il a publié Donner et Prendre, la coopération en entreprise, en 2009 et a obtenu le prix du Stylo d'Or et le Prix du Livre RH. Il publie son ouvrage dans un contexte où l'on assiste depuis plusieurs années à une crise du salariat et à redéfinition des relations de travail en entreprise. [...]
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