La naissance de la télévision en Europe fut placée sous le signe de trois principes fondateurs: répondre à la crainte suscitée par le pouvoir de l'image, en le soumettant au contrôle de la puissance publique; s'opposer au modèle de la télévision privée américaine en n'autorisant comme seul mode de financement que l'argent public; en faire un outil de la démocratisation culturelle. En France, elle sera en outre nationale et sa gestion sera centralisée
[...] Elle conduit à fonder une politique de programmation où l'offre reste autonome par rapport à la demande. Seule cette autonomie préserve l'espace de liberté qui permet à chacun de s'approprier les images et de construire leur signification. A contrario, une politique de programmation qui se limiterait à répondre à la demande enfermerait le récepteur dans une relation spéculaire aux images, ne laissant aucune place à la surprise et à la découverte. Cette analyse permet enfin de fonder un projet de télévision généraliste s'adressant au grand public et de l'opposer aux conceptions dominantes du libéralisme et au premier chef, celle qui condamnant les télévisions généralistes comme figures du passé, prônent le développement des chaînes thématiques. [...]
[...] Dominique Wolton. Eloge du grand public, une théorie critique de la télévision Analyse La naissance de la télévision en Europe fut placée sous le signe de trois principes fondateurs: répondre à la crainte suscitée par le pouvoir de l'image, en le soumettant au contrôle de la puissance publique; s'opposer au modèle de la télévision privée américaine en n'autorisant comme seul mode de financement que l'argent public; en faire un outil de la démocratisation culturelle. En France, elle sera en outre nationale et sa gestion sera centralisée. [...]
[...] Elle a le mérite d'être plus démocratique que la télévision culturelle, en offrant au plus grand nombre une programmation diversifiée et donc la possibilité d'accéder à des émissions ne répondant pas à une demande immédiate, et en proposant un mode de traitement des émissions culturelles qui contraint à s'adresser au grand public et évite l'effet de "miroir" discriminant de la télévision culturelle. Une place reste cependant possible pour une télévision culturelle privée et payante c'est à dire répondant à la demande d'un public cultivé et solvable, réservant à la télévision généraliste les programmations effectivement destinées au grand public. Le projet de télévision européenne repose sur la même méconnaissance de l'unité et de l'interaction entre les deux dimensions de la télévision. [...]
[...] La signification de l'image télévisuelle n'est pas donnée d'emblée par un processus univoque de transmission de l'émetteur vers le récepteur mais est le produit d'une interaction entre émetteur et récepteur. Faute de penser conjointement les deux dimensions technique et sociale de la télévision "les idéologies de la télévision" ont en commun d'hypertrophier les effets du médium ou de l'image. Là où l'idéologie technique met en valeur le médium comme outil, source d'un pouvoir totalitaire dans sa version pessimiste, conduisant à une standardisation et à une uniformisation de la société, outil de transformation radicale des rapports sociaux dans sa version optimiste, l'idéologie politique met l'accent sur l'image et son pouvoir. [...]
[...] Le langage du marketing et la référence au marché comme seul régulateur de l'offre d'images, le modernisme techniciste où l'enjeu se réduit au positionnement dans un secteur économique et technologique dont le développement apparaît sans limites tiennent lieu de politique d'orientation pour la télévision. Faire de la télévision un objet de connaissances est le préalable à l'élaboration de cette politique qu'il convient aujourd'hui de reconstruire. "La télévision" est "un objet difficile à analyser" constate l'auteur et cela d'abord en raison des contraintes internes qui pèsent sur elle. [...]
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