Sociologue, Irène Théry est spécialisée dans la sociologie du droit, de la famille et de la vie privée. Elle est également directrice d'études à l'EHESS et membre du centre Sociologie, histoire et anthropologie des dynamiques culturelles. Dans son ouvrage "La distinction de sexe", publié en 2007, elle analyse la différence de sexe et de genre en tant qu'institutions et relations et critique les approches traitant des rapports sociaux de sexe dans une perspective naturaliste ou individualiste. Elle cherche à défaire les concepts d'«homme» et «femme» comme «catégories universelles».
Afin d'appuyer sa thèse, Irène Théry se fonde sur un très large ensemble de travaux sociologiques, philosophiques, psychanalytiques ou anthropologiques, et livre sa position quant aux arguments présentés par ceux-ci. Le passage étudié se fonde principalement sur les thèses de Marcel Mauss quant à la différenciation sexuelle et ses implications.
[...] En effet, la division par sexes ne revient pas à diviser les sexes. Elle est introduite en même temps que la division par âges, générations ou clans et devient un moyen, un critère qui permet de diviser une chose qui ne l'est pas. La division par âge permet de créer des statuts d'âge, des classes d'âges avec leurs noms particuliers et leurs rituels spécifiques. Ces catégories n'existent pas en soi, seulement relativement aux autres. On retrouve la même logique avec la division par sexe. [...]
[...] Elle s'impose comme une évidence et c'est seulement en territoire parfaitement inconnu qu'elle nous est rendue palpable, réelle. En effet, dans une sphère qui nous étrangère, l'attente fait défaut, puisque les significations, les moeurs, les symboles communs font défaut. C'est le fait de pouvoir dire m'attends qui permet de participer d'une société, qui permet l'action et la liberté de choix en connaissance de cause. C'est l'attente qui, au sein de la société, crée l'individu. La conclusion de ce passage peut étonner. [...]
[...] C'est cette idée reçue, ce préjugé des occidentaux, que Marcel Mauss, durant près de trente ans, va tenter de remettre en cause et, avec lui, le concept de division des sexes dans l'ensemble des sociétés humaines. Irène Théry titre donc cet important développement «Marcel Maus : L'institution de la division par sexes». Elle commence par présenter Marcel Mauss et son parcours. Neveu et disciple de Durkheim, il va pourtant s'en émanciper, présentant, en 1931, lors d'une conférence, une véritable autocritique, déplorant de n'avoir fait jusque là «que la sociologie des hommes et non pas la sociologie des femmes, ou des deux sexes». [...]
[...] C'est sur cette idée qu'Irène Théry déclare vouloir consacrer sa réflexion. Pour elle, si Mauss échappe aux concepts «homme» et «femme» comme catégories universelles, c'est parce qu'il ne traite pas la question des sexes en la sexualisant, en la mettant à part. Au contraire, il se libère du préjugé de la relation sexuelle reproductive comme pont vers la civilisation et la société en s'intéressant aux relations entre partenaires d'une vie sociale et non pas aux caractères internes, ressemblances et différences entre les individus des deux sexes. [...]
[...] Fiche de lecture : Irène Théry, La distinction de sexe, pages 117 à 141 Fiche de lecture - Sociologie du genre Irène Théry, La distinction de sexe, Paris, O. Jacob pp. 117-141 Sociologue, Irène Théry est spécialisée dans la sociologie du droit, de la famille et de la vie privée. Elle est également directrice d'études à l'EHESS et membre du centre Sociologie, histoire et anthropologie des dynamiques culturelles. Dans La distinction de sexe, publié en 2007, elle analyse la différence de sexe et de genre en tant qu'institutions et relations et critique les approches traitant des rapports sociaux de sexe dans une perspective naturaliste ou individualiste. [...]
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