"La disqualification sociale", Serge Paugam

Résumé du document

Serge Paugam est un sociologue français, né en 1960 à Lesneven dans le Finistère. Il a soutenu sa thèse de doctorat de sociologie en juin 1988 à l'École des Hautes Études en Sciences sociales sur "La disqualification sociale". Directeur de recherche au CNRS et directeur d'études à l'EHESS, il est l'auteur de plusieurs ouvrages qui ont fortement éclairé le débat sur la pauvreté et la précarité. Il a créé et dirige la collection "Le lien social". Il est responsable de l'Équipe de Recherche sur les Inégalités sociales (ERIS) du Centre Maurice Halbwachs. Son programme de recherche s'inscrit dans une démarche comparative des formes élémentaires de la pauvreté dans les sociétés modernes.

"La disqualification sociale" est un ouvrage de sociologie de l'exclusion. L'auteur cherche à rompre avec les représentations du sens commun en ce qui concerne la pauvreté. Il porte ainsi des recherches sur les rapports entre les « exclus » et les services sociaux. Il observe les expériences individuelles et collectives des populations touchées par la « disqualification sociale », qui place ces individus dans une position sociale dite défavorisée.

Extraits

[...] Le commérage de discrimination assimile l'ensemble des familles de la Cité aux quelques familles à problèmes qui y vivent. La généralisation des problèmes de quelques familles à l'ensemble de la Cité à contribuer à intensifier l'image négative que les habitants ont d'eux-mêmes. La Cité a donc une image négative et les locataires ont l'impression d'avoir hérité d'un statut dévalorisé. Il y a le poids de l'humiliation et du discrédit à habiter quotidiennement dans la Cité. C'est vécu comme un véritable déclassement. II- Les raisons du maintien de l'identité négative. [...]

[...] Travail, échanges et sociabilité Lorsque les marginaux se sont installés à un endroit qui les met à l'abri d'une expulsion, ils organisent leur vie quotidienne en fonction d'une ou plusieurs activités précises selon les saisons. Par exemple de début mai à fin octobre ils pratiqueront la pêche, de début novembre à la fin février ils se rendront au CCAS pour obtenir des secours financiers ou des colis alimentaires, et le mois de mars et avril sera consacré au jardinage chez des particuliers. Les gains obtenus de la pêche sont variables mais assurent une autonomie financière durant six mois de l'année. D'autres activités sont pratiquées par les marginaux comme la récupération de métaux. [...]

[...] Une forte motivation à l'emploi Les personnes concernées refusent de s'identifier au statut d'assisté et ont une volonté de promotion sociale. Les sentiments d'humiliation et d'échec ne les amènent pas encore à élaborer des stratégies de justifications de leurs aides. Ils ne connaissent pas bien le fonctionnement des aides sociales et ont le sentiment de ne pas être à la hauteur. Pour certains, le découragement reste présent puisqu'ils voient leurs chances de retrouver un travail minimisées. Ils ne cherchent alors pas à élaborer de projet professionnel du fait de leur sentiment d'infériorité sociale. [...]

[...] Selon lui, les interventions des services sociaux sont sources d'hétérogénéité du vécu de chacun malgré des manifestations de partage et de solidarité. Contexte La disqualification sociale est le sujet de la thèse de doctorat de Serge Paugam. L'enquête s'est réalisée en 1986-1987 à Saint Brieux, en pleine période de transformation de la perception sociale de la pauvreté (finances, relations, santé, logement). La pauvreté angoisse ans après cette enquête, l'auteur souhaite revenir sur ses conditions de réalisation tout en analysant l'évolution de la pauvreté. Présentation Dans la société moderne, la pauvreté, n'est pas seulement l'état d'une personne en manque de biens matériels. [...]

[...] L'utilisation pragmatique des services d'action sociale Les individus de la fragilité négociée sont conscients de leur situation et mettent en place des comportements pragmatiques envers les services d'action sociale. Ils croient leur situation temporaire et estiment avoir besoin des aides pour s'en sortir. Ils expriment facilement leurs difficultés ce qui peut dévier vers une stratégie de consommation qui dénature les relations entre le fragile et les travailleurs sociaux. Certaines personnes connaissent bien le fonctionnement des associations caritatives (habillement, colis alimentaires). [...]