Dans cet ouvrage, Philippe Askenazy va à l'encontre des représentations habituelles des conditions du travail en remettant en cause des analyses plaçant l'individu au centre du « malaise » observé. Enquêtes et médias ne cessent de souligner un malaise du travail dont le « harcèlement moral », « stress » voire « souffrance » sont devenus le vocabulaire usuel. Il y aurait donc une dualité entre les souffrances psychologiques d'aujourd'hui et les souffrances physiques du travail d'autrefois. L'auteur se propose ici d'analyser une voie d'explication, beaucoup plus reliée à la mise en place d'une nouvelle organisation des entreprises connue sous le nom de « nouveau productivisme » ou « productivisme réactif ». Il s'agit d'étudier le rapport entre le capitalisme et le travail en s'appuyant sur l'analyse économique et sociologique des organisations d'entreprises.
En quoi la mise en place du nouveau productivisme est-elle à l'origine d'une démultiplication des pénibilités au travail ? Comment l'exemple américain permet-il de voir des solutions efficaces aux problèmes observés ? En effet, le nouveau productivisme a aboutit à un paradoxe puisqu'il promettait une amélioration des conditions de travail et qu'il est l'origine d'une dégradation de ces dernières. Cependant, l'auteur montre que si le problème ne réside non pas dans la nature du projet mais dans son application, le paradoxe peut-être dépassé et le modèle finalement réadapté comme c'est le cas aux Etats-Unis depuis les années 1990.
[...] C'est le cas par exemple lorsque le travail d'équipe s'aligne sur le travailleur le plus rapide de la chaîne et non le plus lent. Ainsi on observe que les conditions de travail des salariés se sont effectivement améliorées dans les entreprises prenant en compte l'objectif de faire bénéficier aux salariés de bonnes conditions de travail et inversement. Dès lors, l'hypothèse selon laquelle le nouveau productivisme serait efficace lors d'une prise en compte du facteur humain paraît apporter une seconde chance au modèle. [...]
[...] L'auteur parle ici de pratiques innovantes regroupant la polyvalence, la polycompétence, la mise en valeur du travail en équipe, le juste-à-temps qui permet d'assurer la production nécessaire pour un stock minimum et de réagir à la demande le plus vite possible, et la satisfaction totale du client. Cette organisation a pour but de maximiser la réactivité des entreprises à la demande tout en optimisant sa productivité. Ces nouvelles pratiques sont indissociables d'une parfaite maîtrise des technologies de la communication et de l'information. Né du développement aux Etats-Unis du modèles nippon Toyota déjà basé sur la responsabilité déléguée aux ouvriers et une circulation horizontale de l'information, le productivisme réactif s'est vite imposé aux Etats-Unis puis en Europe. [...]
[...] Les désordres du travail, Philippe Askenazy : Enquête sur le nouveau productivisme Présentation : sujet et problématique Dans cet ouvrage, Philippe Askenazy va à l'encontre des représentations habituelles des conditions du travail en remettant en cause des analyses plaçant l'individu au centre du malaise observé. Enquêtes et médias ne cessent de souligner un malaise du travail dont le harcèlement moral stress voire souffrance sont devenus le vocabulaire usuel. Il y aurait donc une dualité entre les souffrances psychologiques d'aujourd'hui et les souffrances physiques du travail d'autrefois. [...]
[...] Enfin, la tendance à la psychologisation des mauvaises conditions de travail a conduit en une absence de prise de conscience collective et une absence d'autocritique et de réforme de la part des entreprises, pourtant urgente. L'auteur consacre également un chapitre à l'analyse des conséquences de l'introduction de la RTT en France. Le but des 35h, institutionnalisées par les lois Aubry, était de créer des emplois en diminuant le temps de travail. Cette idée pouvait par ailleurs aller dans le sens d'une amélioration des conditions de travail par un allègement de la durée de travail. [...]
[...] Preuve que le nouveau productivisme peut bénéficier de certaines modifications. Ces améliorations sont le fruit d'une combinaison de forces de marché très dynamiques et d'une liberté d'information infiniment plus grande qu'en Europe. Les syndicats d'abord se sont mobilisés. Regroupés au sein de l'American Federation of Labor and Congress of Industrial Organizations (Afl-Cio) dirigée depuis 1996 par les réformistes Sweeney, Trumka et Chavez- Thompson, ils ont engagé une campagne de recrutement afin de redonner un pouvoir de négociations aux syndicats et d'exercer une réelle pression sur les entreprises. [...]
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