"La description ethnologique", François Laplantine - chapitre V "Les modèles de la description ethnologique"

Résumé du document

Les premières formes d'observation et de description scientifique viennent des sciences de la nature.

Linné est le fondateur de l'ordre descriptif, il met en place une classification des plantes et préconise que ces dernières soient répertoriées en fonction de leur nom, de leur genre, de leur espèce, de leurs attributs, de leur usage et enfin en fonction d'une description plus personnelle du chercheur.

Extraits

[...] En elle, l'évènement ne se dépasse jamais vers autre chose : elle ramène toujours le corpus dont j'ai besoin au corps que je vois : elle est le Particulier absolu, la Contingence souveraine, mate et comme bête, le Tel (telle photo, et non la photo), bref la Tuché, l'Occasion, la Rencontre, le Réel, dans son expression infatigable . La photographie s'inscrit pourtant dans l'ordre du passé, elle présente bien un réel, mais un réel qui n'est plus. Le caractère irremplaçable de la photographie La photographie est encore largement mise à l'écart de la science. Elle est souvent qualifiée de copie sans intérêt, elle serait trompeuse et mensongère, car elle nous inviterait à confondre l'objet réel et son simulacre (la photo elle-même). Elle est pourtant une véritable source d'apprentissages et de connaissances. [...]

[...] Si nous nous penchons sur l'histoire du regard et de l'écriture picturale, on s'aperçoit que cette dernière a introduit un certain nombre de révolutions. La mobilité du regard et la modification de vision qu'engendre cette dernière en font par exemple partie. Les angles de vue se diversifient alors. Les sujets de la description changent également. On voit apparaître des tableaux présentant des bistrots, des bordels, bref des lieux populaires. Les scènes choisies font parfois scandales comme c'est le cas pour le célèbre ‘Déjeuner sur l'herbe' de Manet. [...]

[...] Il suit ainsi les préceptes de Claude Bernard. Le romancier devient alors un observateur- enregistreur des phénomènes. Zola aurait même souhaité substituer le terme d'étude à celui de roman. Dans sa démarche, il recueille des informations, crée des dossiers, mène des enquêtes Le champ de réflexion et de travail s'élargit également. Ce genre de roman présente deux particularités : la théorie du milieu, le caractère présente de ce qui est décrit. Ainsi, on peut trouver sous la plume d'Émile Zola les quelques lignes suivantes : Nous estimons que l'homme ne peut être séparé de son milieu, qu'il est complété par son vêtement, par sa maison, par sa ville, par sa province ; et, dès lors, nous ne noterons pas un seul phénomène de son cerveau et de son cœur, sans en rechercher les causes ou le contrecoup dans le milieu. [...]

[...] La photographie est ainsi une exagération du tableau et du portrait une exagération du voir lui-même ou plutôt du regard . Elle est toujours là, stable et permanente. Photographie et référentialité La description photographique est indissociable de son support. Elle se substitute pleinement au réel, elle témoigne de ce dernier, Elle constate, authentifie, garantit . Photographie et singularité Toute photographie est singulière tant par son objet que par les circonstances de la prise de vue. Afin d'étayer ce propos, nous reproduisons ici un extrait de La chambre claire de Roland Barthes[6] : Je trouvai d'abord ceci. [...]

[...] La description ethnologique, François Laplantine (chap "Les modèles de la description ethnologique») Le modèle des sciences naturelles Les premières formes d'observation et de description scientifique viennent des sciences de la nature. Linné est le fondateur de l'ordre descriptif, il met en place une classification des plantes et préconise que ces dernières soient répertoriées en fonction de leur nom, de leur genre, de leur espèce, de leurs attributs, de leur usage et enfin en fonction d'une description plus personnelle du chercheur. [...]