L'ouvrage de J-H Déchaux s'inscrit dans la sociologie de la famille. Il se positionne par rapport aux thèses dites de l'individualisme familial que Déchaux attribue dans son versant positif à De Singly et dans son versant négatif à Louis Roussel. Face à la thèse commune de la perte de sens de la famille pour les individus, ceux-ci ne croyant plus en sa nécessité, Déchaux interroge le souvenir des morts, d'individus parisiens de classe supérieure pour mettre en évidence que le lien de filiation se maintient quoi qu'on ait pu dire. Cette fiche constitue une synthèse de l'ouvrage.
[...] Déchaux, Le souvenir des morts L'ouvrage de J-H Déchaux s'inscrit dans la sociologie de la famille. Il se positionne par rapport aux thèses dites de l'individualisme familial que Déchaux attribue dans son versant positif à De Singly et dans son versant négatif à Louis Roussel. Face à la thèse commune de la perte de sens de la famille pour les individus, ceux-ci ne croyant plus en sa nécessité, Déchaux interroge le souvenir des morts, d'individus parisiens de classe supérieure pour mettre en évidence que le lien de filiation se maintient quoi qu'on ait pu dire. [...]
[...] Dans une famille désormais attentive à l'individualité de chacun, s'inscrire dans une continuité familiale apparaît comme une contrainte dynastique vide de sens et risque de faire obstacle à l'éclosion du soi intime. Plus que la volonté de perpétuer une lignée, c'est l'être-ensemble au quotidien qui compterait. Cette thèse repose sur un certain nombre de présupposés qui méritent d'être interrogés. Faut-il admettre sans sourciller que transmettre quelque chose exige de se faire l'avocat de la lignée et de vouloir la perpétuer, ou encore, que l'épanouissement identitaire, est incompatible avec l'inscription dans un temps long qui lie les générations ? Le souci de transmission n'a rien d'archaïque ou d'obsolète. [...]
[...] Cet écart intrigant peut s'expliquer de différentes façons. Bien sûr, transmettre ne suppose pas de recevoir ; mais qui pourrait sérieusement prétendre n'avoir rien reçu et s'être fait tout seul ? Il est plus probable que les individus ont intérêt à ne pas dire qu'ils ont reçu. Dans une culture comme la nôtre, qui prône l'autonomie du sujet, l'image de celui qui transmet est plus valorisante que celle de celui qui reçoit. Le souci de transmission s'articule en un principe d'ancrage lignager et primat autobiographique. [...]
[...] Le soi adulte, mais aussi le soi enfantin. Cette identité latente n'existe que dans la mesure où les proches la reconnaissent comme telle, c'est-à- dire définie comme strictement personnelle, et non selon des logiques d'appartenance à des groupes ou à des statuts C'est par les relations interpersonnelles au sein de la famille, par le regard que chacun porte sur l'autre, que se réalise la construction de soi. Chacun peut être une sorte de Pygmalion pour l'autre en lui permettant de se découvrir et d'accéder à son identité intime. [...]
[...] P Nora, Ente mémoire et histoire : la problématique des lieux. In P. Nora Les lieux de mémoire il conteste que la modernité éradique réellement toute forme de mémoire. Il ne faudrait pas se figurer la modernité comme un processus linéaire, éliminant progressivement toute référence à la mémoire, mais plutôt comme un mouvement dialectique susceptible d'engendrer des phénomènes contraires. Cet angle d'approche, qui privilégie l'analyse du rapport de chacun à la mémoire familiale, recouvre presque parfaitement les thèmes mis en exergue par la sociologie de l'individualisme familial : le rétrécissement de la temporalité familiale et l'effacement du souvenir des morts comme signes de l'érosion de l'institution familiale. [...]
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