Jouer un instant sa sécurité ou sa vie au risque de la perdre: à défaut de limites et de repères que la société ne lui donne plus, l'individu cherche dans le monde des limites de fait, aventures, sauts en élastique....
Depuis 1985, l'auteur remarque l'importance de la montée des prises de risques, et de la mythologie de l'aventure. Ce phénomène est constaté alors même que la sécurité augmente dans nos sociétés occidentales.
L'auteur tente de donner un sens à ces pratiques, qui ont un lien étroit avec la mort.
Nous allons chercher à comprendre à travers cette analyse la signification sociale des prises de risques, ce goût nouveau pour l'aventure, qui se diffuse à l'ensemble de la population. En effet, dans la tranche d'âge 15 / 24 ans, certains éléments nous alertent : 45000 sont hospitalisés chaque année pour tentative de suicide ; chaque année en France, entre 900 et 1000 adolescents se donnent la mort ; dans cette tranche, est recensé le plus grand nombre de victimes d'accidents de la route ; le risque des décès est supérieur à celui des années 1970
Ainsi sans le savoir, l'acteur peut se livrer à une ordalie et donc s'en remettre en quelques sortes au hasard. L'ordalie est un rite judiciaire qui en appelle au jugement des dieux sur l'innocence ou la culpabilité d'une personne. L'acteur a aujourd'hui recours à une ordalie moderne caractérisée par l'individuel et l'inconscient.
Ainsi dans une première partie de l'exposé, nous expliciterons le risque et l'ordalie à travers quatre types caractéristiques développés par l'auteur, à savoir le vertige, l'affrontement, la blancheur et la survie. Dans une seconde partie, nous étudierons plus en profondeur ces comportements à risque dans la période particulière de l'adolescence, période durant laquelle l'individu met sa vie en jeu pour affirmer qu'il existe.
[...] Le toxicomane en intensité avec la drogue ce qu'il n'a pas dans sa relation aux autres. Il coupe avec son passé, il rompt la continuité avec lui-même et son histoire, il se met hors du temps et se conforte dans une jouissance solitaire. La drogue manipule la durée pour rendre la vie acceptable moyennant le risque de la perdre. Celle-ci fait perdre à l'individu la possibilité de penser, de réfléchir car elle brouille les mécanismes de la pensée. Elle a un effet de déconnexion avec la réalité du monde recherché par le toxicomane qui désire échapper aux contraintes de son histoire et à la brutalité de son expérience personnelle. [...]
[...] De la formation à l'emploi, le passage est devenu difficile. Un million de jeunes sont aujourd'hui au chômage. La situation étant actuellement très difficile pour les jeunes, l'obtention d'un diplôme ne constitue plus un signe de l'entrée dans la vie ni un rite de passage à l'âge d'homme c'est-à-dire la symbolisation d'un changement pour le jeune. CONDUITE DE RISQUE Le jeune individu ne se sentant pas en confiance, incertain quant à la manière de mener sa vie, va effectuer un certain nombre d'actes le rapprochant de la mort, ceci afin de le rassurer sur la légitimité de son existence. [...]
[...] Personne ne vient lui dicter sa conduite. Cependant, son comportement est borné par l'exigence de trouver dans cet environnement social et culturel une réponse à ses exigences. À défaut de rite de passage lui signifiant de façon définitive le passage à l'âge d'homme qu renforcerait ce sentiment d'identité ; ou encore à défaut de moyens lui assurant une intégration dans la société, le jeune recourt à un symbolisme de contrebande en se livrant à des épreuves personnelles qui lui permettent de tester ses limites et de justifier son existence. [...]
[...] En partant, le jeune cherche à combler ce manque, à fuir une situation qui ne le convient pas. Elle traduit donc un décrochage du tissu social, une échappatoire à cet espace jugé invivable par l'individu car inadapté à ses exigences. ACCIDENTS Les accidents constituent aujourd'hui la cause majeure du taux de mortalité élevé dans les classes 10-14 et 15-24 ans. Chez les adolescents, les accidents sont responsables des trois quarts des décès masculins et des trois cinquième des décès féminins. [...]
[...] À l'inverse l'ordalie "contemporaine" témoigne d'un relâchement sensible des liens sociaux et culturels est d'une suprématie de l'individu sur le collectif. L'ordalie n'est plus un rite social, mais un rite individuel de passage. Elle suppose une société à forte structuration individualiste, en crise de légitimité. La motivation des acteurs est souvent résumée par des formules telles que : dépasser ses limites se dépasser se prouver à soi-même qu'on peut le faire C'est un défi contre soi-même. À travers cette recherche de limites l'individu se teste, se différencie des autres, donne une valeur à son existence. [...]
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