Qu'ils proviennent d'Afrique, d'Amérique, d'Asie, d'Europe ou d'Océanie, tous les humains, on le reconnaît désormais, sont producteurs de cultures irréductibles les unes aux autres et soumises à de nécessaires échanges, à d'incessantes transformations. La compréhension des interactions sociales présentes passe par la compréhension des conditions sociohistoriques de leur production.
L'individu est un être de culture, c'est-à-dire qu'il est à la fois produit de culture et producteur de culture. La méconnaissance du langage de l'autre a régulièrement conduit à la négation de l'existence de sa culture et elle a toujours été source de malentendus. Lorsqu'il est question de rendre compte des conduites humaines, le choc de la découverte de l'existence de l'Autre peut constituer le déclic à partir duquel seront repérés et pris en compte les facteurs de culture aptes à permettre la compréhension de cet être qui, d'une manière ou d'une autre, diffère de soi.
[...] Elle est envisagée comme une chose en soi et elle produit et véhicule un modèle spécifique de personnalité. A la naissance, tout individu est porteur de potentialités multiples, le milieu sélectionnant certaines d'entre elles en fournissant des modèles. Certains anthropologues proposèrent de faire appel à la psychanalyse qui fournit en effet les modèles d'identification et d'introjection par lesquels on peut expliquer comment l'individu devient conforme à certaines prescriptions du groupe. M. Mead et R. Benedict avaient perçu en chacune des cultures qu'elles avaient observées l'existence d'une personnalité commune ou approuvée typique de ces cultures respectives. [...]
[...] Culture et personnalité sont deux notions indissociables. Il existe 4 séries d'éléments constitutifs de la personnalité : - Les techniques de pensée, c'est-à-dire la manière dont l'individu pense la réalité et les moyens d'agir sur elle. - Les systèmes de sécurité ou les défenses institutionnalisées auxquels l'individu a recours pour résister aux anxiétés que produisent les frustrations (de la réalité, physique et sociale) - Le surmoi dont le sens ne doit pas être limité à celui qu'il a dans la psychanalyse classique mais qui repose sur le désir de jouir de l'estime et de l'amitié d'autrui - Les attitudes religieuses Le modèle que constitue la personnalité de base se confond avec la normativité du groupe au sein duquel il émerge : il propose à l'individu une certaine manière de vivre, qu'il peut ou non accepter, plus ou moins consciemment et volontairement. [...]
[...] - L'acculturation = processus de réagencement des éléments culturels initialement véhiculés par un acteur social issu d'un univers culturel donné, lorsqu'il se confronte à un ou plusieurs autres univers, distinct(s) du précèdent : qu'il s'agisse de la rencontre avec un (des) groupe(s) culturel(s) étranger(s) ou de l'émergence d'une transformation de sa propre culture, sous l'effet d'une rupture et/ou d'un changement social brutal. - La diffusion : l'influence de certains foyers de culture au rayonnement intense est à l'origine de la diffusion. Une culture possède un certain nombre de caractères saillants qui forment son foyer. - La réinterprétation : lorsque d'anciennes significations sont attribuées à des éléments nouveaux et/ou que de nouvelles valeurs changent la signification culturelle de formes anciennes, la réinterprétation tend à donner à une culture de nouvelles orientations. [...]
[...] La culture apprend aux hommes à appréhender le monde Certains processus de perception visuelle dépendent non des caractéristiques physiques des figures à percevoir, mais d'un apprentissage social. Les ethnologues ont pu constater que lorsqu'ils sont mis en présence de stimuli physiquement identiques des individus issus de cultures distinctes réagissent diversement à ces stimuli : leurs comportements perceptifs sont différents. Dans le processus perceptif normal, l'élément significatif en général, et surtout social avait longtemps échappé aux chercheurs. Il échappe également aux sujets, immergés au sein de leur propre culture et qui n'ont pas conscience des influences culturelles qui s'exercent sur leur propre comportement. [...]
[...] Et le lien avec le milieu d'origine, avec la famille en particulier, est important pour résister aux obstacles et aux pressions auxquels se heurte celui qui doit marcher sur le sol mouvant d'un changement à la fois collectif et personnel On devrait donc moins parler de rencontre entre des cultures et davantage d'histoire d'individus, qui passent d'une situation à une autre et qui reçoivent de plusieurs sociétés et de plusieurs cultures les éléments dont sera formée leur personnalité L'autre, cet être imparfait Lévi Strauss observa comment la diversité culturelle est rarement apparue aux hommes pour ce qu'elle est : un phénomène naturel, résultant des rapports directs ou indirects entre les sociétés. On refuse d'admettre le fait même de la diversité culturelle, on préfère rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit. Ainsi l'étranger est-il fréquemment privé de sa réalité, perçu comme non civilisé, non humain, voire fantomatique . La méconnaissance du langage de l'autre a régulièrement conduit à la négation de l'existence de sa culture et elle a toujours été source de malentendus. [...]
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