Depuis une quinzaine d'années, le discours sur la ville se focalise sur le problème des « banlieues ».
Dans La crise des banlieues, Jean-Marc Stébé se propose de montrer qu'il n'existe pas une banlieue unique, mais plutôt des territoires périurbains qui agglomèrent une grande diversité de lieux, d'activités et de populations. Il analyse les processus de ségrégation sociale et spatiale, ainsi
que la spirale d'exclusion caractéristique des
banlieues « sensibles », mais qui n'en font pas pour autant l'équivalent des ghettos noirs américains.
Les banlieues, ces territoires à la lisière des villes, serviraient de réceptacles à tous les maux dont souffre notre société : lieux symboliques de la crise sociale, ils incarneraient la souffrance et la misère,l'exclusion et la marginalité, la violence et le risque de ghetto, l'échec urbanistique et la médiocrité architecturale.
Tout se passe comme si la question urbaine, posée par l'existence de ces quartiers « difficiles », était actuellement l'équivalent de ce que l'on appelait au XIXe siècle la question sociale. Les banlieues se prêtent aux simplifications abusives et aux généralisations faciles, et alimentent la polémique : on projette sur elles toutes les
« fautes » de la société et toutes les craintes associées aux populations mal connues. Les banlieues sont mises au ban de la ville, et deviennent alors des espaces relégués dans lesquels le lien social se délite. On peut donc dire que les banlieues, en tant qu'elles posent un problème social, sont une construction mentale autant qu'une situation urbaine concrète. Amalgame de cités d'habitat social construites dans les années 1950-1960 et de
lotissements pavillonnaires édifiés au cours des décennies suivantes, d'espaces industriels et de zones commerciales, de vieilles localités résidentielles et de villes nouvelles, la banlieue investit la ville de toute part.
Avec ses multiples éléments disjoints et disparates, elle apparaît difficile à appréhender, tant spatialement que quantitativement. Au niveau national, la population des banlieues ne cesse d'augmenter depuis les années 1960.
[...] Située entre les banlieues encore peu urbanisées et la capitale, cette zone (couronne militaire jouxtant les fortifications jusqu'en 1919) abrite les populations ouvrières les plus défavorisées. Le mythe des bandes d'apaches apparaît, assignant à la zone et aux faubourgs extérieurs une réputation de coupe-gorge Tard dans l'entre-deux-guerres, une frange importante de l'opinion continuera d'identifier la banlieue à la zone, espace du travail précaire, de l'habitat temporaire et d'une marginalité misérabiliste En 1928, la loi Loucheur permet de relancer le projet d'aménagement, bloqué depuis 1919, qui sera mené à son terme en raison de la pénurie importante de logements, et malgré l'opposition des milliers de zoniers résidant sur le glacis des fortifications logements de type HBM seront construits sur ce territoire avant le second conflit mondial, formant ce qu'on appelle la ceinture rose Le processus 2 d'urbanisation redémarre juste après la guerre, avec l'édification de logements, d'écoles et la construction du périphérique. [...]
[...] Les ghettos se sont donc constitués à partir d'une exclusion raciale. Les ghettos sont situés au cœur des villes, ou inner-cities. A partir de 1920, les banlieues résidentielles utilisent en effet le procédé du zonage qui aboutit à une exclusion raciale. Avec une ségrégation raciale associée à une ségrégation sociale, le ghetto est devenu progressivement l'aire géographique de l'exclusion, et a pris la forme d'une structure urbaine cumulant les quatre composantes du racisme répertoriées par Michel Wieviorka : préjugé, violence, ségrégation et discrimination. [...]
[...] En effet, dans nos schémas mentaux, les représentations sociales du dangereux et de l'hostile sont facilement associées au sale et au laid : la délinquance ne se situerait que dans le monde de la saleté et de la laideur, la probité et l'honnêteté ne se trouvant que dans l'univers du propre et du beau. L'idée de l'alliance nécessaire du beau et du bon s'est répandue depuis longtemps dans le monde de l'urbanisme et de l'architecture. Les bâtiments des grands ensembles de banlieue en viennent, par leur architecture imposante et uniforme, à évoquer la prison, c'est-à-dire un lieu fermé sur lui-même, une sorte de ghetto physique. Les populations se retrouvent alors stigmatisées par leur habitat. Faut-il donc en finir avec les grands ensembles, comme certains décideurs politiques, architectes et réhabilitateurs le préconisent ? [...]
[...] Il sert en quelque sorte de moyen d'adaptation aux conditions de vie précaires et hostiles. Cette culture populaire va se répandre en France au début des années 1980 à travers les musiques diffusées sur les radios libres nouvellement créées. Marquée en France par une apparition progressive, le hip-hop prendra des directions artistiques variées. Mais on peut y trouver la même énergie de survie, la même volonté d'avoir la force de se battre et de ne pas subir que manifeste le hip-hop américain. [...]
[...] De ces débats sortiront plusieurs réalisations. Pendant les vingt années qui précèdent la Grande Guerre, un tournant politique en matière de construction de logements sociaux est amorcé par les pouvoirs publics. Mais l'arsenal législatif développé n'aura pas beaucoup d'effet. L'entre-deux-guerres ne sera pas tellement plus faste pour le logement social. De cette période, on peut tout de même retenir la loi programmatique en faveur des habitations à bon marché, dite loi Loucheur (1928). Parmi les innovations les plus marquantes de cette période, il faut également retenir la réalisation des cités-jardins, remarquables par leur audace et leur avant-gardisme. [...]
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