"Crime passionnel, crime ordinaire" est un livre écrit par Annik Houel, Patricia Mercader et Helga Sobota, toutes trois féministes. Elles vont essayer de comprendre comment la presse peut entretenir des conceptions sociales et influencer le lecteur au travers de l'étude de 558 articles de journaux relatant 337 crimes. L'analyse a été menée suivant les travaux de Serge Moscovici et Denise Jodelet sur les représentations sociales. Elle portera sur les représentations « de l'amour, du couple, de la famille [ainsi que sur le] crime lui-même ».
Dès les premières pages de ce livre nous sommes confrontés à la distinction homme / femme qui s'est fondée au travers des normes sociales. En effet cette prégnance est étudiée au travers du mariage puisque c'est à partir de ce dernier que nous pourrons parler de crime passionnel. Le mariage porte toujours le symbole d'un amour éternel et c'est d'ailleurs cette recherche qui amène la majorité des divorces ainsi que des remariages. Mais le couple est aussi confronté au travail avec des niveaux de salaires différents selon le sexe puisque les femmes semblent moins bien rémunérées que les hommes pour un travail équivalent de plus, la distribution des tâches ménagères est toujours principalement réservée à la femme. Toutes ces difficultés auxquelles le couple est confronté peuvent amener une personne à commettre un crime dit « passionnel » car explicable aux yeux des gens. Un crime est définitivement décrit comme « passionnel » si la justice estime que ce dernier exprime la passion et qu'il pourrait être commis par toute personne « saine d'esprit » dans les mêmes situations. La passion ici serait décrite comme incontrôlable et « toute rébellion lui serait inutile ». De plus « il faut que l'appropriation de l'autre soit en jeu » par exemple la femme qui demande le divorce dépossède l'homme qui va alors réagir afin de retrouver son pouvoir. Par conséquent la victime est elle-même impliquée dans l'acte criminel. Elle peut alors devenir coupable et le coupable victime à travers le récit du journaliste. La question de « la légitimité de l'indépendance féminine » est alors posée. La jalousie est souvent une explication du crime. En règle générale, le rôle du coupable est associé au masculin et celui de la victime au féminin. Mais cette différence entre les sexes est aussi perçue durant le récit de l'enquête qui va faire principalement l'éloge de la virilité puisque la majorité des corps de métier participant à une enquête est masculine.
[...] L'action du président du tribunal est très discrète à l'intérieur des articles ce qui peut être perçu comme le bon déroulement du procès puisque ce dernier garde sa neutralité. Quant à la cour son rôle n'est décrit qu'à la fin du procès lorsqu'elle rend la décision de culpabilité et de peine. L'intervention d'un psychiatre durant une plaidoirie est plus ou moins bien perçue par la presse, il montre le côté ambivalent de cet acteur qui par moment devient impitoyable vis-à-vis de l'accusé puis devient son défenseur. L'avocat de la défense est présenté comme un personnage vivace, habile et convaincu. [...]
[...] Ce serait toutes les affaires criminelles dont les acteurs entretiennent une relation amoureuse ou sexuelle. Comment le criminel se perçoit-il selon le genre La criminalité masculine: L'homme semble depuis plusieurs décennies être perçu comme dominant vis-à-vis de sa compagne. Il va chercher à imposer sa domination sur sa femme. Elle risque alors "d'obéir" à une certaine soumission. Ce sentiment de domination semble être favorisé par une meilleure estime de soi chez l'homme. Les hommes agiraient sous le désir de "garder" leur femme afin que la séparation ne puisse "lui être imposée". [...]
[...] Par cette présentation du procès, le journaliste met en scène toute l'accusation. Les journalistes expliquent aussi ces crimes par une certaine causalité psychologique. En France il n'y a pas de sociologues dans les tribunaux, seulement des psychiatres, cependant les aspects sociologiques sont pris en compte, comme la religion ou la nationalité. On peut trouver deux types d'approches psychologiques pour tenter de comprendre le criminel ; tout d'abord un état psychologique large comme la dépression, l'abandon ou la jalousie puis une théorie plus nosographique, c'est-à-dire que le criminel fait l'objet d'un diagnostic, on cherche aussi des explications étiologiques. [...]
[...] Moyens d'influence: Tout d'abord, le principe d'influence repose sur la capacité à persuader une ou un groupe de personnes sans avoir recours à la contrainte et à la coercition, mais uniquement par des techniques ou outils tels que la parole, l'écriture, ou encore l'image. Chaque personne a une influence à différents degrés, c'est notre capacité de persuasion. Les journalistes d'après Roselyne Koren ont un devoir de critique vis- à-vis des informations qu'il publie afin que la "vérité" en ressorte. Mais ce qui est aussi important de signaler est que la réussite du journal est liée au degré de "suivisme". [...]
[...] Le genre d'un sujet est définitivement fixé, dans la plupart des cas, vers l'âge de deux ans et demi. L'idée reçue est que notre identité sexuée est déterminée biologiquement. Mais en réalité elle se construit sur la base de ce que nos parents nous disent, en résumé au travers d'une croyance. De plus nous construisons notre identité en nous identifiant aux autres, mais surtout en étant identifiés par eux d'après Patricia Mercader. De tout ceci nous pouvons dire que la différence entre les genres est socialement construite. [...]
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