Loïc Wacquant réalise une étude majoritairement qualitative, il effectue une « participation observante » du milieu pugilistique: observation in vivo de la genèse sociale et du déroulement des carrières pugilistiques.
Il réussit une immersion complète dans ce milieu qui lui est initialement étranger.
Cette observation s'appuie sur de nombreux témoignages issus d'entretiens avec des boxeurs, des manageurs et des entraîneurs. Il utilise beaucoup de dialogues de vie courante qu'il enregistre et il prend des notes au jour le jour.
Enfin, il explique dans son prologue qu'il s'est appuyé sur la « littérature indigène », c'est à dire les revues, les lettres d'information spécifiques, les biographies et autobiographies.
Il utilise aussi au début de son livre quelques données statistiques pour mieux montrer la situation critique du ghetto, mais cette utilisation reste brève.
[...] Comme le lui avait précisé Bourdieu, il s'est laissé séduire par son sujet mais lors de la lecture, le lecteur suit ses traces et se laisse à son tour séduire. Je me suis même surprise à ne plus prendre de notes et à le lire comme un roman. Je me suis alors demandé si j'étais séduite par le milieu de la boxe ou simplement par l'écrit littéraire . L'auteur en est conscient, il en parle dans son prologue et cite en première page une phrase de Marcel Mauss, le Manuel d'ethnographie: difficultés subjectives. ( . ) L'objectivité sera recherchée dans l'exposé comme dans l'observation. [...]
[...] En effet, il existe un rapport d'homologie entre la vie hors et dans le gym si un jeune n'a pas eu une éducation fixant des limites, il ne peut se plier au règlement très strict du gym et il peut difficilement supporter cet ascétisme complet. La boxe enrôle les qualités de la rue pour être un bon boxeur, il faut avoir des dispositions mentales et physiques telles que l'endurance, l'honneur, la résistance, la régularité, le sens du sacrifice, la discipline, la stabilité, le courage physique, l'ascétisme physique, la dureté au mal etc. Cette ardeur au travail et à l'exercice nous amène à un second rapport. [...]
[...] ) Il est épuré et sanctifié par cela seul qu'il s'est détaché des choses basses et triviales qui alourdissaient sa nature. »Page 163 (L'auteur se réfère à l'analyse d'Emile Durkheim sur les Formes élémentaires de la vie religieuse.) La boxe est au boxeur ce qu'est l'Eglise à un pratiquant assidu. C'est une pratique à la fois ascétique, agonistique et hédoniste qui demande d'aller au bout de ses possibilités physiques et mentales, de surmonter la douleur, des périodes d'abstinence, et procure le plaisir de se retrouver entre pairs, comme en famille. [...]
[...] J'ai eu l'impression d'apprendre les concepts de Bourdieu par méthode inductive et non par apprentissage théorique un peu à l'image de l'apprentissage de la boxe. Par curiosité, pour voir si ce que l'auteur écrit est vrai, je me suis décidée à essayer le noble art et à lire d'autres analyses pour savoir si c'est uniquement le point de vue de l'auteur qui y est détaillé. Il tente une approche de la sociologie différente, plus proche de l'homme, une science humaine tout simplement. Mais peut-on réellement être impartial face à un sujet qui nous touche? Faut-il réellement l'être? [...]
[...] La connaissance que les pugilistes se font du fonctionnement de leur corps, le comportement et la tactique qu'ils adoptent sur le ring ne reflètent pas de l'observation systématique et du calcul réfléchi, mais d'une sorte de «science concrète de leur propre corps, tirée de l'entraînement au quotidien. La boxe est donc un sens pratique que l'on apprend par incorporation directe, qui découle de l'apprentissage d'automatismes. Pourtant dans le même si on sait que seul l'entraînement peut payer, on se heurte à une certaine illusion d'innéité, à un déterminisme prédéfini. L'entraîneur expliquera que si tu ne l'as pas en toi, y'as rien qui pourra en sortir Tu es né dans le ghetto, c'est à dire né pour te battre. [...]
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