"Confucianisme et taoïsme" de Max Weber

Résumé du document

A la fin de sa vie (de 1915 à 1920), Weber écrit des études comparatives de sociologie des religions parues sous le titre général L'Ethique économique des religions mondiales et qui comporte avec Confucianisme et Taoïsme, Hindouisme et bouddhisme (étude portant sur l'Inde, au même titre que Confucianisme et Taoïsme porte sur la Chine) et Le Judaïsme antique. Ces études sont bien sûr en lien avec L'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme paru 10 ans plus tôt (1904-1905) par rapport à laquelle elles peuvent être lues comme des prolongements pour mieux cerner la singularité de l'Occident chrétien.

Extraits

[...] Le besoin d'argent (pour les guerres) poussa les familles à vendre les rangs. La hiérarchie dépend alors de capacités financières. Cependant, la lutte entre les principautés diminua leur nombre et poussa le pouvoir à se théoriser, se "rationaliser", nécessitant alors une formation. De l'ordre féodal et théocratique (sultanisme), la Chine est passée à un ordre bureaucratique et autocratique par la démocratisation du corps des fonctionnaires en fonction des aptitudes personnelles (les lettrés). Le patrimonialisme est l'utilisation de cet Etat bureaucratique par l'Empereur pour maintenir son pouvoir personnel. [...]

[...] La formation des fonctionnaires, non rationnelle (absence de calcul) a laissé l'économie livrée à elle-même et l'administration économiquement faible. L'unité du corps est alors surtout apparu dans sa lutte contre les grandes familles et l'Empereur, qui en étaient dépendants. L'éthique du corps des lettrés a donc été déterminante pour l'administration de l'Etat et les couches dominantes. VI. L'orientation confucéenne de la vie L'absence de clergé puissant a poussé les lettrés à développer leur propre rationalisme intellectuel. C'est la doctrine du confucianisme qui est reçue par les lettrés. [...]

[...] L'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme. La liberté naturelle est absente et la liberté ne s'exerce en fait que sous la hiérarchie. Or, l'ordre social et identique à l'ordre cosmique et la justice est alors théocratique ou irrationnelle. L'absence de rationalisme permet la liberté de la hiérarchie et des lettrés pour établir leur éthique. C'est une forme d'autojustification car les cultes ne donc sont pas rationalisés mais présupposés. Pour les confucéens, l'éducation est primordiale car elle permet le perfectionnement de l'être, d'où l'importance de la lecture. [...]

[...] Donc, le lien intime entre la structure patrimoniale de l'Etat (le groupe des lettrés) et le confucianisme, n'est pas une simple adéquation, mais une rencontre entre une éthique religieuse et les intérêts "matériels" et "idéels" d'une couche sociale, aboutissant à une conduite de vie propre à cette couche. Cette couche, parce qu'elle est centrale au sein de la société chinoise traditionnelle (au sein de la structure patrimoniale), a imprégné la société tout entière (et créé une forme d'unité de culture). C'est cette conduite de vie, orientée par "une prise de position pratique à l'égard du monde" qui influence les comportements économiques. Plan I. Les bases sociologiques A. [...]

[...] D'où provient le pouvoir initial des fonctionnaires? Alors que dans la Grèce Antique la hiérarchie dépendait de l'armée (était haut fonctionnaire qui pouvait faire l'acquisition de l'armement très onéreux), la hiérarchie de la Chine (déjà pacifiée à l'époque) est ici d'ordre "cosmique". Le Dieu, ou Esprit chinois, impersonnel et n'acceptant pas le contact avec les Hommes se manifeste en effet par la manière dont le gouvernement terrestre est assuré (Weber montre l'importance de la régulation de l'eau dans l'établissement de cette éthique). [...]